Les deux matchs de barrage entre le 18ème de Ligue 1 et le 3ème de Ligue 2, qui détermineront le club qui jouera l’an prochain en Ligue 1, se joueront avec l’assistance de la vidéo. Une première utilisation dans le cadre d’un match officiel professionnel de football en France. Une utilisation qui divise, au sein même de notre rédaction.
Bonne nouvelle par @ColinDelprat
Certains ont connu les barrages par le passé et y ont survécu me direz-vous. Mais l’enjeu financier était-il le même ? Les répercussions sportives également ? Peut-on « jouer » avec l’avenir d’un club pour une main dans la surface ou une position illicite ? Peut-on éventuellement voir des surpressions d’emploi en prônant la volonté de ne pas dénaturer les émotions et la beauté du sport ? Peut-on regretter la décision du corps arbitral à l’heure où les avancées technologiques sont omniprésentes dans nos vies ?
Non, l’enjeu est trop important. Tant de questions qui peuvent être réglées en quelques secondes à l’aide de trois ralentis. Aider l’arbitre au lieu de le détester. Il y aura un temps d’adaptation avec son lot de réglages et d’imperfections. Les critiques sur l’arbitrage seront certainement atténués comme quelques poids que (sup)portent le corps arbitral. Il y aura toujours l’appréciation d’un homme en noir mais il s’appuiera sur des images et il ne sera plus question d’une décision prise trop hâtivement ou d’un mauvais placement sur le terrain.
Nous vivons dans une société où l’injustice peut transformer un individu. Donner les moyens de la réduire en adoucira les mœurs. À l’heure où l’équité peine à montrer le bout de son nez, le football doit évoluer. La Ligue 2 est au banc d’essai. Il est temps d’essayer.
Mauvaise nouvelle par @PhilippeDard
L’utilisation de la vidéo dans le football semble devenir inéluctable. Trop d’intérêts financiers, trop de volonté de la part des décideurs, des instances, des médias… Comme pour les nouveaux projets de réforme du monde professionnel, l’avis des supporters importe peu. Et que dire de celui des joueurs… Des joueurs et supporters qui sont pourtant les premiers concernés par les changements qu’on leur impose, sans véritable présentation ni concertation. A ce titre, l’utilisation de la vidéo « en ON » pour la toute première fois lors de deux rencontres cruciales s’apparente à un véritable amateurisme. Avec pour seul recul le test lors du dernier match amical de l’équipe de France contre l’Espagne, et toutes les incompréhensions qu’il avait pu susciter en tribune, la LFP décide d’utiliser la vidéo avec des clubs, des joueurs, des supporters et des arbitres qui n’ont aucun retour d’expérience. Qui ne l’ont même jamais testé en match officiel. Au pire, il restait quelques journées de championnat pour tester l’outil, sur certains matchs sans enjeu. Pas la peine.
Dorénavant, on n’hésite donc plus à changer les règles d’un sport en cours de saison, et même à quelques jours de rencontres décisives pour le futur de deux clubs. Bon, rassurez-vous, ce ne sont que le 3ème de Ligue 2 et le 18ème de Ligue 1, la LFP est dans ses « travaux de laboratoire » chez les « petits » pour voir ensuite ce qu’on fait avec les « grands » clubs. Idem pour la Goal Line Technology, utilisée dans les stades de Ligue 1 mais pas de Ligue 2. Même chez les pros, on amplifie la logique du football à deux, trois, quatre vitesses.
D’après le patron de la LFP, la vidéo serait l’outil de l’équité dans le sport. L’équité, le même mot utilisé par Jérôme Ducros, le président de Luzenac, à la sortie du tribunal hier suite à la non-montée de son club en Ligue 2 en 2014. L’équité, qui fait que la vidéo sera utilisée pour un carton rouge direct mais pas un second carton jaune synonyme de carton rouge (cas Vidal lors du récent Real-Bayern). L’équité, qui vise à ajouter toujours plus de matchs et de barrières aux clubs de Ligue 2 pour monter en Ligue 1, avec un prochain système de play-offs. L’équité du diffuseur et du réalisateur télé, de l’arbitre vidéo qui jugera derrière son petit écran les images qu’un autre humain lui montrera. Encore une fois, quelques tests en grandeur nature n’auraient pas été de trop pour lever certains doutes…
http://maligue2.wpsite.fr/2017/04/26/play-offs-lfp-veut-faire-de-ligue-2-laboratoire-dinnovations/