Le temps des grandes soirées de Ligue des Champions à l’Abbé Deschamps est un lointain souvenir. Place depuis plusieurs saisons aux joutes de Ligue 2, où l’AJ Auxerre doit cravacher pour un tout autre objectif. Relégable, l’entité bourguignonne s’anime également en coulisses avec la finalisation de son rachat par une société chinoise.
Une présaison particulière
Engagé avec la Roumanie pour l’Euro 2016 en qualité d’entraîneur adjoint, Viorel Moldovan a géré le mois de juin avec la double casquette. Engagé pour remplacer Jean-Luc Vannuchi, l’ancien grand buteur de Nantes effectue sa grande première à ce poste. Avec un budget revu à la baisse (12 millions d’euros) et malgré aucune restriction de la DNCG, Auxerre n’a pas fait de folies sur le marché des transferts. Désireux de retrouver la L1, Gaëtan Courtet et Zacharie Boucher se sont heurtés au refus des dirigeants auxerrois. Pourtant le second avait un accord avec son président et une offre ferme de Nancy. Avec pas moins de 22 mouvements, c’est un véritable cycle qui s’est achevé en Bourgogne.
Plusieurs joueurs d’expériences ont quitté le navire (Puygrenier, Gragnic et Seck) tout comme deux jeunes pousses (Berthier et Lefebvre) sans parler des retours de prêts (Guirassy et Hountondji). Des départs qui ont été palliés notamment par les venues de Mathis, Fournier, Traoré, Touzghar et Talcafred. Quelques jours avant la reprise du championnat, Viorel Moldovan s’était montré ambitieux malgré un sentiment d’incertitude : « J’ai le désir de me battre pour la montée, je m’accroche et donne le meilleur possible. Si l’on gagne un match, on peut trouver la spirale positive. Ce sera important de très bien commencer, on ne peut pas perdre de temps ». Des attentes loin de la réalité du début de saison.
Un début de saison décevant et des tensions
« Le recrutement de l’AJA, il n’y a qu’à regarder la sortie des hôpitaux » avait lâché ironiquement Guy Roux. Vivement critiqué par l’emblématique ancien entraîneur auxerrois, les recrues ont progressivement grossi les rangs de l’infirmerie. Contraint d’agir pour composer une charnière centrale qui tient la route, le président Cotret a validé le prêt de Stéphane Sparagna malgré le dépassement budgétaire. Orphelin de sa charnière Puygrenier-Hountondji et en dépit d’un Zacharie Boucher toujours présent, l’AJA paye cher ses erreurs individuelles. Mais ce sont les défaillances dans le secteur offensif qui sont les plus criantes. Des attaquants véritablement sevrés de cartouches qui forment la 19e artillerie de Ligue 2 avec cinq petits buts marqués.
Malgré la présence de Gaëtan Courtet (182 matchs, 42 buts) et Yohann Touzghar (129 matchs, 41 buts), Auxerre n’y arrive pas. L’entrejeu ne déroge pas à la règle où les milieux manquent d’emprise dans la bataille pour la possession. Pour ne rien arranger à cela, Viorel Moldovan disposait d’un effectif très jeune, pas habitué aux exigences et la rudesse de la L2. Ce dernier a lâché un tacle appuyé à l’issue de la rencontre face au Havre (0-1) remettant en cause le centre de formation. Moldovan a au passage égratigné ses dirigeants mettant à jour une situation tendue en interne. Des propos francs et honnêtes qui lui ont coûté sa place sur le banc. . En recrutant l’ancien international roumain, Guy Cotret souhaitait « une forme de rupture », il semble que le sens diffère quelque peu. La rupture a été actée ce matin après une réunion entre le président, le directeur général, Baptiste Malherbe et Viorel Moldovan. Forcément mécontents, les supporters auxerrois ont apporté leur soutien au technicien de 44 ans tout en remettant en cause leur président. Auxerre est désormais en quête d’un nouvel entraîneur pour redresser la barre, d’un navire mal embarqué.
Un rachat en ligne de mire
L’extrasportif est également au cœur de l’actualité auxerroise. Avec un déficit de près de 2 millions d’euros et une forte baisse de son budget, Auxerre se devait d’agir pour rétablir ses finances. Suite au décès d’Emmanuel Limido, sa femme Corinne s’est retrouvée propulsée à la tête du club. Au courant du mois de juillet, cette dernière a fait part son désir de vendre ses parts. L’entreprise chinoise ORG Packaging (poids lourd de l’industrie de l’emballage) a alors engagé des négociations. Opposé dans un premier temps pour maintenir sa minorité de blocage, l’association AJA emmenée par Guy Roux a finalement accepté cette venue.
Le rachat s’est négocié aux alentours de 7 millions, avant que les dirigeants d’ORG Packaging n’injectent 2 millions par an pendans 3 ans dans le club. Mais les supporters auxerrois devront se montrer patients, le gouvernement chinois doit valider le transfert de l’argent vers l’Europe. Il faudra attendre deux ou trois mois pour acter ce changement. Le temps pour l’AJ Auxerre de se refaire une santé avec un fameux choc psychologique ?
Crédit photos : Julien Péron