Troisième de National l’an dernier, Amiens revient en Ligue 2 quatre ans après avoir quitté le monde professionnel. En plein stage à Montreuil-sur-Mer, le coach Christophe Pélissier évoque pour MaLigue2 la préparation estivale, ses attentes, ses ambitions, et sa prochaine découverte de la division, deux années après l’épisode Luzenac.
MaLigue2 : Quatre ans plus tard, c’est le grand retour de l’Amiens SC en Ligue 2…
Christophe Pélissier : Cette descente en National (en 2012) a été vécu comme un traumatisme. Il y a eu la perte du statut professionnel par la suite, qui a impacté le centre de formation de qualité. Mais la ville et le club ont fait le nécessaire pour ne pas le fermer. Cette montée va nous permettre à nouveau d’exploiter cet outil et de conserver nos meilleurs jeunes. Et puis on a vu qu’il y avait une attente de la part du public. En fin de saison dernière, la Licorne affichait complet à chaque fois.
Des trois promus, Amiens paraît, sur le papier, moins armé qu’Orléans, qui était déjà là il y a deux ans, et Strasbourg, qui a affiché ses ambitions avec un gros budget. Amiens fait-il figure de « Petit Poucet » cette saison ?
Je crois que c’est indéniable, même si Amiens a un passé dans cette division. Je pense qu’Orléans et Strasbourg ont un budget proche du double du nôtre. Mais après sur le terrain, les joueurs vendront chèrement leur peau. On a vu pendant cet Euro 2016 que les « petites » nations se sont bien défendues. Une saison excitante nous attend. Bien sûr l’objectif le plus raisonnable est déjà d’assurer le maintien. Mais après, entre les joueurs et le staff, on ne se fixe pas de limites en tant que compétiteurs. Le but sera déjà de se préparer au mieux la semaine pour bien aborder les matchs du week-end.
Vous avez terminé la saison dernière sur 13 rencontres sans défaite, et le groupe n’a pas connu beaucoup de départs cet été. Il y aura sans doute la possibilité aussi de surfer sur cette vague positive de la montée ?
L’idée est de garder cette dynamique-là, même si le niveau va forcément s’élever. La première volonté était de garder l’ossature du groupe qui a permis de remonter en Ligue 2, et de le renforcer. D’ici la reprise, on attend encore deux recrues dans le secteur défensif, deux joueurs plus expérimentés à ce niveau. Ça portera le nombre d’arrivées à huit, même si certains jeunes sont plus là pour travailler sur le long terme. Mais c’est bien de pouvoir compter sur le groupe de l’année dernière quasi au complet.
Vous êtes actuellement en stage à Montreuil-sur-Mer. Quelles sont vos attentes à travers ce rassemblement ?
Le stage fait partie intégrante de la préparation, avec en point de mire un match amical vendredi contre Dunkerque (National). C’est très important de se réunir pour créer l’état d’esprit, la cohésion, intégrer les nouveaux joueurs et fixer le cadre de travail et les règles de vie. Pour bien jouer ensemble, il faut aussi bien vivre ensemble. Pour le moment tout se passe bien. Mais en même temps, c’est très rare que les choses se passent mal à ce moment de la saison, car il n’y a pas encore les résultats de la compétition. Après, l’effectif n’est pas encore au complet donc c’est un peu dommage, mais on sait s’adapter.
Amiens a déjà disputé deux matchs amicaux : un nul contre Reims (1-1) et une victoire contre Chambly (N, 2-1). Pouvez-vous tirer des enseignements de ces rencontres ou est-il encore trop tôt pour cela ?
Ces rencontres servent surtout à reprendre le rythme. J’ai d’ailleurs aligné deux équipes différentes à chaque fois avec beaucoup de changements contre Reims, et même Chambly. Donc c’est difficile d’en tirer des enseignements. En revanche, c’est bien pour intégrer les nouveaux à l’équipe, et puis je me concentre sur les attitudes à avoir. De ce côté-là, je suis satisfait pour le moment. Et puis c’est toujours bien de ne pas perdre. Même les petits jeux à l’entraînement il ne faut pas les perdre quand on est compétiteur. On s’est crée pas mal d’occasions sur les deux matchs, mais il reste encore quelques imperfections à gommer et c’est normal.
D’un point de vue personnel, est-ce une revanche de découvrir la Ligue 2 cette saison après l’épisode Luzenac en 2014 ?
Non je n’ai pas de sentiment de revanche, car ce n’est pas dans les valeurs que je souhaite inculquer au niveau humain. C’est vrai que ça n’avait pas pu se faire à l’époque (Luzenac avait été interdit de monter par la DNCG, ndlr). J’ai la chance aujourd’hui de découvrir la Ligue 2 avec Amiens, et comme mes joueurs, j’ai envie de mordre à pleines dents dans ce championnat. On va retrouver des équipes prestigieuses, des stades pleins… On a connu les difficultés du National et on arrive sans crainte.
Amiens sera de suite mis en avant en début de saison avec ses deux premiers matchs décalés au lundi contre Reims (J1) et contre Strasbourg (J2) le samedi après-midi. Une pression supplémentaire ?
C’est vrai qu’un gros début de championnat nous attend, avec trois déplacements sur les cinq premières journées. On va déjà être sous les feux de la rampe. Reims a l’objectif de remonter tout de suite, Strasbourg a aussi affiché ses intentions avec un gros recrutement… On va aussi se frotter à Lens ou Nîmes assez vite. Mais comme je l’ai dit, nous n’avons aucune crainte et on aura notre belle carte à jouer.
Propos recueillis par Dorian Waymel
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Crédit photos : Alsasports et Getty Images