C’est désormais une certitude : même si un dernier désaccord reste à régler et à éclaircir, huit matchs de Ligue 1 seront diffusés sur la plateforme DAZN alors qu’une affiche (sans doute le choix n°1 ou le choix n°2, en fonction des semaines) reviendra à beIN Sports dès cette saison 2024-2025. Mais qui est donc l’entité qui va désormais se charger de nous partager la très grande majorité des rencontres du championnat d’élite, pour un prix d’abonnement a priori relativement élevé (estimé entre 30 et 40€ par mois) pour le consommateur ?
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Le nom de DAZN ne vous disait peut-être rien il y a encore un an de cela, étant donné que ce service de streaming d’événements sportifs en direct n’avait encore pas mis un pied dans la sphère du football en France. Pourtant, la chaîne qui se veut être « le Netflix du sport » ne sort pas de nulle part et n’en est pas à son coup d’essai. En effet, le géant anglais créé en 2015 possède l’intégralité des droits de la Serie A italienne (dont quelques matchs sont codiffusés sur Sky Sports) depuis 2021, ainsi que de plusieurs matchs du championnat allemand et espagnol à chaque journée. De quoi conférer à l’entreprise un certain sérieux et une expertise du métier que la Ligue de Football Professionnel, qui brandissait comme ultime menace le projet de lancer sa propre chaîne à partir de cet été, n’avait évidemment pas.
Ceux qui s’intéressaient aux matchs de National savent déjà que deux rencontres par journée depuis cet hiver se trouvaient également sur la plateforme DAZN, ce qui a pu nous aider à nous rendre compte de ce que pouvait apporter le diffuseur au championnat de France. Malgré quelques imprécisions dans les commentaires et légers problèmes techniques (relevés également en Allemagne ou en Italie, dans les semaines suivant le lancement des championnats concernés), il n’y avait a priori rien de très différent de ce que proposait Prime Video pour la majorité des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2 jusqu’en 2024. Le principal changement sera sans doute l’obtention des droits de diffusion en quasi-direct d’extraits de matchs comme le faisait jusqu’alors Free, chose qui permettra à DAZN (prononcer comme « da zone ») de mettre en valeur son produit. Ce qu’il a nettement intérêt à faire pour obtenir les abonnés espérés, rentrer dans ses frais.
Car même si le montant payé par le diffuseur est loin de ce qui était initialement espéré par Vincent Labrune, une nouvelle défaillance à la Médiapro (qui avait fait le choix en 2020, après l’interruption du championnat liée à la crise du COVID, d’abandonner la diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2 et de ne pas payer le reste de ce qu’il devait à la LFP) serait probablement le coup de grâce pour bon nombre de clubs qui sont déjà mis en grand danger par leur modèle économique non viable et par l’effondrement des montants des droits TV perçus. D’autant plus que le média britannique n’était jusqu’alors pas rentable, mais prévoyait de le devenir en 2024. Peut-être en misant notamment sur des droits payés au rabais dans ce qui reste l’un des championnats les plus regardés d’Europe ? « Nous avons toujours payé » en temps et en heure, aimait à rappeler le milliardaire Len Blavatnik, fondateur de DAZN, en 2023 dans un entretien accordé à l’Équipe.
Malgré tout, la LFP aurait négocié dans une clause de sortie de cet accord qui n’est clairement pas à la hauteur des espérances. Clause qui pourrait être activée en 2026. En attendant cette date (voire 2029 si la LFP ne s’en sert pas), il faudra donc compter sur DAZN pour la grande majorité des matchs de l’élite et espérer que le championnat gagne en prestige et en valeur dans cet intervalle pour mériter une renégociation des droits à la hausse à l’avenir. Mais aussi que les clubs, qui vont se retrouver exsangues car incapables de tenir le rythme, vont parvenir à revoir leur train de vie à la baisse (c’est à dire faire drastiquement baisser leurs coûts structurels et masse salariales). Deux paramètres qui semblent être contradictoires sur le papier mais sans lesquels le football professionnel en France verra son avenir s’assombrir, encore plus qu’il ne l’est aujourd’hui…
Photo Eibner-Pressefoto/Florian Wiegand/Icon Sport.