Le bilan par ML2
C’est une bien triste ironie à laquelle nous avons assisté ce 3 mai 2024 au Stade de l’Aube de l’ESTAC, alors que le match entre Troyes et Valenciennes était interrompu définitivement avant son terme, ne laissant que peu de doute sur l’avenir du club et sa descente de Ligue 2 en National. Car même si le nom de l’enceinte troyenne ne fait pas allusion à la lumière matinale mais au département nommé ainsi en raison de la rivière qui le traverse, c’est bien de crépuscule sur un projet mal défini dont il s’agit, avec ce qui s’apparente à la fin d’un cycle pour une institution qui a fait une majorité de mauvais choix depuis deux ans, si ce n’est plus.
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Décisions tardives, réveil défaillant
Celui de garder Patrick Kisnorbo sur le banc, pour commencer, a coûté un temps précieux à une équipe qui s’était visiblement désolidarisée de son entraîneur et qui n’a su gagner que deux matchs entre août et décembre. Le souci managérial a semblé encore plus évident quand ce total a été doublé, en seulement deux semaines après son renvoi, avec deux succès consésutifs obtenus par le prometteur coach de la réserve, Alou Diarra. Malheureusement, ils constituent la dernière véritable « série positive » du club, qui a ensuite alterné entre médiocrité et très mauvaises périodes. Sans jamais réussir à gagner deux fois de suite.
Car outre ce départ très compliqué, la phase retour n’a pas amené beaucoup plus de joie aux supporters troyens qui, entre les mois de mars et de mai, n’ont connu aucune victoire pendant 60 jours. Même si cinq succès ont été récoltés depuis la nomination de David Guion, aucune série positive – pourtant attendue pour redresser la barre et s’éloigner de la zone rouge – n’a pu être constatée sur les mois ayant suivi un mercato hivernal que nous pensions tous réussis, avec des joueurs ayant brillé par le passé en Ligue 2 (Elisor, Bangré, Ntim). Et au final, ce n’est rien qu’autre qu’un énorme échec à constater pour tous les amoureux du club, qui ont souffert dans ces mois compliqués et qui voient leur équipe sombrer en troisième division pour la première fois depuis 2009, ce qui était déjà une surprise à l’époque. Mais cette fois-ci, cela se produit alors que le club n’a jamais eu des moyens aussi importants…
Certes, quelques éléments se sont montré positivement, comme la réussite relative qu’est Rafiki Saïd (déjà connu des suiveurs de Ligue 2 car révélé avec Nîmes, mais aussi déjà relégué en National en 2023), ou Abdoulaye Kanté, milieu de terrain prometteur qui était inconnu au bataillon il y a un an qui a gravement manqué aux Troyens après la dernière trêve internationale. Mais même si le groupe était jeune dans sa globalité (en oubliant la présence de Chavalerin, M’Changama, Tahrat, voire Ripart et De Préville sur la phase retour), de tels résultats sportifs ne sont tout simplement pas justifiables quand autant de talents individuels sont regroupés dans la même équipe. Peut-être ces joueurs arriveront-ils à briller ailleurs qu’à Troyes, peut-être ont-ils montré leurs limites sur le plan mental pour ne pas avoir réussi à prendre conscience à temps de la gravité de la situation. Mais une chose est certaine : ils auront marqué de leur empreinte ce qui s’apparente à l’une des pires, si ce n’est la pire période de l’histoire du club depuis le dépôt de bilan du TAF.
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Un virage à ne surtout pas manquer
Cet été encore, et sans que l’on ne puisse affirmer que cela sera forcément une mauvaise idée, la tendance est à un maintien de l’entraîneur David Guion qui a à son échelle contribué à la descente d’un groupe qui n’a – à l’heure où ces lignes sont écrites – pas encore vraiment adhéré à son projet. Tout l’inverse de ce que des coachs comme Alexandre Dujeux ou Christophe Pélissier à Angers et Auxerre, promus immédiatement après leur descente, ont réussi à faire puisque ces deux meneurs d’hommes avaient réussi à fédérer les énergies positives du club avant même le début de la saison 2023-2024 et à rebâtir cette précieuse confiance joueurs-coach dans les vestiaire. Le flou est donc complet quant à la capacité de Troyes à rebondir dans une troisième division plus impressionnante que jamais, avec seulement deux places pour la montée directe et beaucoup de clubs professionnels se les disputant…
L’équipe type de Troyes en 2023-2024 (en 4-3-3 ou 4-2-3-1, en fonction des temps de jeu) :
Alemdar – Boura, Ndiaye, Tahrat, Zoukrou – Chavalerin, Diop, M’Changama – Saïd, Dong, Elisor.
Le banc : Lemaître, Conté, Ntim, Kanté, Ilic, Assoumou, Ripart.
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Le commentaire d’Alan Mangin, journaliste pour l’Est Éclair
MaLigue2 : Bonjour Alan, alors que la saison de Troyes s’achève sur une terrible déception, qu’est-ce que les supporters peuvent espérer pour la saison prochaine ?
Alan Mangin : L’objectif est clair et net, c’est de remonter tout de suite. Il n’y aura pas d’autre mission que cela. Le projet de centre d’entraînement n’est pas remis en cause. Dans l’esprit des décideurs du City Football Group, la relégation est un retard. Je ne pense pas que ça soit une énorme remise en cause dans leur mode de fonctionnement, par contre c’est un retard, mais je ne pense pas que ça soit beaucoup plus que ça dans leur esprit. C’est un échec, ils en sont conscients. C’est certainement le premier, du moins le plus important au niveau du projet City Group parce que quand tu regardes les autres clubs, malgré tout ça performe. Troyes, c’est un peu le seul gros échec. Et ils doivent se dire que si ça marche ailleurs, ça va bien marcher un jour à Troyes, ce mode de fonctionnement ! C’est pour ça qu’ils ne vont peut-être pas beaucoup se remettre en cause.
ML2 : Avec le possible maintien de David Guion en poste, l’ESTAC reproduit-elle les mêmes erreurs que l’an dernier ?
AM : C’est un peu la question qu’on se pose. La différence, c’est que quand les dirigeants ont conservé Patrick Kisnorbo, on savait déjà qu’il ne faisait pas l’affaire. Y compris certaines personnes en interne. Là, beaucoup de gens dans le staff technique se disent qu’après ce qu’il s’est passé avec son prédécesseur, c’était compliqué de redresser la barre. J’émets une réserve, c’est qu’il restait quand même beaucoup de temps et que Guion n’est pas arrivé au mois de mars non plus avec cinq ou six matchs à jouer. Il lui restait du temps. D’ailleurs, quand il est arrivé tout le monde se disait « c’est bon, ça va repartir normalement, l’ESTAC va retrouver son rang »… Finalement, ça n’a pas eu lieu. C’est assez similaire comme situation, mais malgré tout je reste persuadé que David Guion est un meilleur coach que Patrick Kisnorbo, même si ça ne s’est pas beaucoup vu à Troyes. Je pense qu’il a quand même plus de soutiens en interne, dans la cellule ESTAC, que Kisnorbo à l’époque.
Photo Christophe Saidi/FEP/Icon Sport