Alors que les Bleus s’apprêtent à affronter l’Allemagne ce samedi soir, un débat a agité le football français depuis l’annonce de la liste de joueurs : le sélectionneur Didier Deschamps néglige-t-il trop les joueurs de Ligue 1, surtout ceux des plus petits clubs ? Porté en exemple, Pierre Lees-Melou, auteur d’une saison exceptionnelle avec le Stade Brestois ne semble pas faire partie des plans des Bleus. Autant dire qu’il est encore plus impensable de voir un joueur de Ligue 2 avec l’équipe de France A dans un futur proche. Et pourtant, cela est déjà arrivé par le passé.
Didier Six, champion d’Europe
Sélectionné 52 fois en bleu pour 13 buts, Didier Six, ailier gauche aura été un des piliers offensifs de l’équipe de France de Michel Hidalgo, malgré un parcours en club mouvementé. Lors de sa dernière campagne en bleu, il est un joueur… du FC Mulhouse qui vient de terminer 7e du groupe de B de Division 2. Il gardera quoiqu’il en soit la confiance du sélectionneur, avec raison puisque les Bleus remporteront à domicile leur premier trophée internationale, avec un Michel Platini au sommet de son art. Il prendra sa retraite internationale sur ce succès, avant de partir pour Aston Villa en Angleterre, repasser par la France (Metz, Strasbourg) ou se faire connaître sous le nom de « Dündar Siz » sous les couleurs de Galatasaray, en Turquie.
Maxime Bossis (Coupe du monde 1986)
Autre champion d’Europe 1984, Maxime Bossis ira à la Coupe du monde 1986 en étant un joueur du Racing Paris avant que celui-ci de ne devienne Matra Racing. Sous l’impulsion de Jean-Luc Lagardère, le club francilien remporte son groupe de D2 avec un effectif bien au-dessus du niveau du championnat, comptant également l’international zaïrois, future star de l’Ol, Eugène Kabongo.
L’équipe de France à la Coupe du monde… 1934
Avant 1964, l’équipe de France ne connaissait pas la figure unique du sélectionneur national. La liste était composée par un « comité de sélection ». Pour aller disputer la Coupe du monde 1934 en Italie, le comité à quatre têtes de l’époque choisit pas moins de huit joueurs de division 2 sur la liste de 22 ! Pierre Korb (FC Mulhouse), Jean Nicolas et Roger Rio (FC Rouen), Georges Verriest (RC Roubaix), Fritz Keller (Strasbourg), Alexis Thépos, Jacques Mairesse et Alfred Aston (Red Star Olympique)
Avec sept joueurs de D2 alignés, les Bleus s’inclineront en huitième de finale contre la Wunderteam autrichienne, en prolongation (3-2) au tristement nommé stade Benito-Mussolini de Turin.
Au XXIe siècle : des joueurs de Serie B chez les Bleus
En 2006, le scandale du Calciopoli éclate en Italie et provoque la relégation en Serie B de la Juventus (la Lazio, la Fiorentina et le Milan AC seront aussi condamnés à des degrés moindres). Si certains joueurs de l’effectif quittent le club, d’autres choisissent de rester : Del Piero, Buffon, Nedved mais aussi Jean-Alain Boumsong et David Trézéguet qui continueront d’être appelés en Équipe de France. Néanmoins, Trézéguet sera vite laissé de côté par Raymond Domenech et marquera son dernier but avec la maillot tricolore le 11 octobre 2006 contre les Îles Féroé (5-0).
Daniel Horlaville, encore plus fort
Milieu de terrain de l’US Quevilly, Daniel Horlaville fait encore mieux. Il a été sélectionné en équipe de France en étant amateur. Il reste à ce jour le seul joueur de l’histoire des Bleus a avoir été dans ce cas. Il est sélectionné pour la première et dernière fois le 30 avril 1969 par Georges Boulogne pour un match contre la Roumanie au Parc des Princes au terme d’une saison qui l’a vu remporter avec l’USQ le Championnat de France amateur – Nord, premier niveau amateur sous les deux divisions professionnelles. En juillet suivant, il sera rappelé pour un nouveau stage mais ne pourra pas s’y rendre, en raison de son occupation professionnelle : ouvrier tuyauteur-soudeur dans une raffinerie de la ville normande.
L’équipe de France de deuxième division
Entre 1962 et 1965, la Fédération Française de football constituera officiellement l’Équipe de France de football de deuxième division, dans le but de mettre en valeur les joueurs de deuxième division. Cette formation jouera quasi exclusivement contre son homologue italienne. Entre 1995-1996, le projet renaîtra brièvement, piloté par le futur sélectionneur des A, Roger Lemerre, avec quelques joueurs qui se distingueront avec la « vraie » équipe de France quelques années plus tard : Stéphan Guivarc’h, Vincent Candela.
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