Les critiques sont nombreuses sur les réseaux sociaux, la frustration des supporters est grande et laisserait presque penser qu’Auxerre est déjà hors course dans la lutte pour la montée de Ligue 2 en Ligue 1. Pourtant, le relégué n’est qu’à quatre points de la deuxième place et occupe la quatrième marche du classement général, qui serait synonyme de play-offs en fin d’exercice. Play-offs qui ont déjà permis à l’AJA d’accéder à l’élite il y a moins de deux ans de cela. Loin d’un désastre donc, mais le sentiment d’un léger gâchis sur cette phase aller qui s’explique par la quantité de promesses délivrées par l’équipe sur les premières journées.
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De larges victoires avec quatre buts marqués contre Valenciennes, à Bordeaux et face à Annecy, quelques mi-temps très impressionnantes contre Rodez ou contre Troyes… Auxerre mérite son statut actuel de meilleur attaque du championnat avec 25 buts inscrits (devant le RAF, 23), même s’il n’est pas le club qui se procure les meilleures occasions ! En effet, avant la 14e journée de championnat, l’AJA reste derrière Bordeaux et Grenoble au tableau des expected goals (xG) mais a tout de même légèrement surpassé les attentes avec quelques buts marqués en plus, par rapport à ce qu’attendaient les statistiques.
Le contraste entre l’optimisme affiché par les fans de l’AJA et la morosité ambiante actuellement est d’autant grand, car rien ne semblait en mesure de perturber cette équipe il y a seulement un mois de cela. Après son succès à Charléty contre une équipe parisienne qui avait pourtant affiché un bon visage, Christophe Pélissier pouvait être fier de ses joueurs surtout que gagner quand l’équipe ne domine pas est de bonne augure et l’un des signaux qui permettent parfois d’identifier de futurs champions. Cependant, ce genre de petite crises ont parfois lieu, même chez les meilleurs équipes. Et même si la défense n’est pas exempte de toute reproche, il est difficile d’en vouloir à Donovan Léon dont les performances sont en accord avec le nombres de tirs et de bonnes occasions concédées. En effet, si l’AJA a la 8e meilleure défense de Ligue 2 avec 14 buts encaissés, elle est la pire de toute la compétition au nombre de xGA (buts attendus contre elle) avec 16,1 buts attendus. La rançon d’un jeu aussi offensif et décomplexé, mais peut-être pas assez maîtrisé par moments.
Que pouvons-nous tirer de ces statistiques et des dernières prestations auxerroises ? Tout d’abord, si Sinayoko, Ayé, Onaiwu voire Camara soufflent le chaud et le froid et ne sont pas aussi réguliers qu’ils l’espéreraient, Gauthier Hein et Gaëtan Perrin sont absolument remarquables depuis le début de l’exercice et un danger permanent contre tous les adversaires. Le fait qu’Auxerre se procure autant d’occasions est un signe très encourageant, surtout que la menace ne vient pas que d’un homme mais de deux joueurs qui combinent bien et qui ont produit à eux deux 75 passes menant à un tir de leurs coéquipiers. Hein a par ailleurs le plus grand nombre de passes vers le dernier tiers du terrain dans tout le championnat mais également le plus grand pourcentage de réussite dans cet exercice, avec 83,8% de transmissions arrivant à destination.
La légère chute au classement et la méforme actuelle, induites par un match nul à Caen (1-1) et deux défaites consécutives face à Dunkerque (0-1) et Guingamp (2-1) n’est pas non plus quelque chose d’irréversible. Ces trois résultats sont durs à encaisser puisque l’AJA a obtenu de meilleures opportunités et a dominé assez largement chacun des adversaires par période, voire dans l’intégralité des rencontres comme lors du match contre l’USLD. D’ailleurs, à part à Bordeaux et à Angers (à 10 contre 11) par de très courts écarts, Auxerre n’a jamais été considéré comme dominé par ces mêmes statistiques. Pour être plus précis, les victoires contre le VAFC, les Girondins et Annecy étaient certes très nettes vues du stade, quand Auxerre a été extrêmement précis et tueur devant le but, tout le contraire de ces trois derniers matchs lors desquels l’équipe a beaucoup touché les poteaux et a seulement marqué deux fois alors qu’elle aurait dû le faire à cinq reprises. Comme souvent dans le football, la réussite fluctue et les anomalies statistiques s’équilibrent avec le temps. Ce qui peut rassurer le staff pro et les supporters, mais ne doit surtout pas donner aux joueurs une raison de se reposer sur leurs lauriers du début de saison, car le potentiel pour devenir un groupe dont on se rappellera encore dans 10 ou 20 ans et bel et bien là. Reste peut-être à savoir quand et comment tuer les matchs pour de bon.
Photo Daniel Derajinski/Icon Sport