En 1553, dans la ville de Pau, naquit celui qui deviendrait près de 40 ans plus tard le roi de France Henri IV. Un événement majeur dont la région béarnaise se rappelle encore cinq siècles plus tard, mais qui a été depuis un an éclipsée par l’avènement d’un homonyme. Le capitaine du Pau FC Henri Saivet réalise après ses trente ans un véritable tour de force, de retour en France dans un club modeste de Ligue 2 pour revenir sur le devant de la scène et retrouver du plaisir à jouer au football. Toujours avec un talent singulier qui a fait de lui l’un des jeunes joueurs les plus en vue de sa génération.
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Il n’a fallu à Henri Saivet que quelques matchs avec les équipes de jeunes de Bordeaux pour se faire remarquer par les staffs des différentes sélections de l’Équipe de France. Et pour cause : le milieu de terrain avait du talent à revendre et l’a prouvé à seulement 21 ans, dans un prêt en Ligue 2 à Angers trois ans après ses débuts en Ligue 1 avec le club girondins. En l’espace de 18 matchs avec le SCO une division en dessous, le franco-sénégalais inscrivait déjà trois buts, délivrait trois passes décisives et faisait son trou comme leader d’une équipe professionnelle, dans le haut du tableau de Ligue 2. La suite, vous la connaissez : ballotté à tous les postes du milieu et de l’attaque (ou presque) avec son club formateur, le jeune homme se révèle dans l’élite du football et marque même un but crucial en finale de la Coupe de France 2013 pour permettre aux Girondins de soulever le trophée face à Évian.
Henri Saivet, mesdames messieurs 🎯 pic.twitter.com/WOqNmIqbqE
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Il confirmera alors au plus haut niveau, en club ainsi qu’en sélection après avoir opté pour son pays natal, le Sénégal, avant d’obtenir un transfert en Premier League, à Newcastle United. Outre-Manche, cela ne se passe pas comme prévu et ses qualités, reconnues par tous ailleurs, ne sont pas mises suffisamment en valeur. Prêté à Saint-Étienne, à Sivasspor et Bursaspor en Turquie, il ne retrouve jamais l’efficacité du début de sa carrière et se met à douter, en particulier quand son contrat avec la Toon Army prend fin en 2021. Saivet passera alors une année sans club, pensant même à prendre une retraite prématurée.
« C’est sûr que dans ces moments-là, même si la passion du foot te permet de ne pas lâcher, tu te poses des questions, avouait-t-il dans une interview à SoFoot l’an dernier. Je me suis demandé si je n’étais pas devenu nul. Malgré tout ce que j’avais fait, il n’y a rien qui me souriait. Pendant 3-4 jours, j’ai même pensé à arrêter ma carrière. »
Et finalement, alors que son appel du pied à Bordeaux reste sans réponse, c’est au Pau FC que le meneur de jeu spécialiste des coups francs pose ses valises à l’été 2022, conscient que le club des Pyrénées-Atlantiques serait sans doute l’une de ses dernières chances de se relancer. Mais le Sénégalais a parfaitement saisi sa chance et, lors de deux périodes de forme fantastique, sort son équipe de l’ornière et contribue largement au maintien des Palois en Ligue 2 avec un goût toujours aussi prononcé pour les superbes buts et les coups de pied arrêtés. C’est donc en toute logique que Nicolas Usaï, arrivé il y a quelques mois, lui confie le brassard et encore plus de responsabilités. Ce qui ne fera absolument pas flancher le créateur au mental retrouvé.
Un nouveau but magnifique signé monsieur Henri Saivet cette saison ⚡️ pic.twitter.com/nIpGljk7O7
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Contre son club formateur dans une superbe victoire 3-0, par deux fois à Bastia puis contre Amiens, Saivet empile de nouveau les buts et offre même quelques caviars à ses coéquipiers (face à Auxerre et QRM). Le leader technique de Pau poursuit sur sa lancée et prouve, malgré une blessure qui l’éloigne des terrains pendant un mois, qu’il est presque de retour à son meilleur niveau, surpassant largement le nombre de buts attendus de sa part (4 buts réels contre 1,28 xG) grâce à une précision hors normes (55,6% de tirs cadrés) et une capacité remarquable à savoir quand éliminer et ne pas perdre le ballon. À ce niveau-là, Henri Saivet nous rappelle qu’il est un joueur d’un tout autre calibre et qu’il fait partie des meilleurs à son poste, avec une polyvalence et une palette technique toujours aussi importantes pour un entraîneur. Alors que le Pau FC est entré dans un nouveau chapitre de son histoire, il semble bien que le règne d’Henri, cinquième du nom, sur le championnat de France de Ligue 2 ne fait que commencer.
Photo Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport