Cinquième de Ligue 2 la saison passée, le Stade Malherbe de Caen a entamé une nouvel ère cette saison avec Jean-Marc Furlan sur le banc. Les Normands ont montré deux visages bien distincts lors des dix premières journées de championnat. Avec la réception d’Auxerre après la trêve, le prochain rendez-vous s’annonce périlleux pour un club dont les nerfs ont déjà été mis à dure épreuve.
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Que faut-il attendre du Stade Malherbe de Caen pour cette saison ? En 2021-2022, le président Olivier Pickeu avait décrété une « année zéro » pour le projet du club, alors coaché par Stéphane Moulin. Quasiment contre toute attente, le club a prolongé son buteur, le très courtisé Alexandre Mendy, et conservé la plupart de ses cadres (Brahimi, Thomas, Ntim, Abdi, Mandrea…). Mais face à ses signaux de continuité , le SMC est aussi dans une forme de rupture, avec l’arrivée du coach Jean-Marc Furlan, certes spécialiste et recordman des montées mais rarement lors de sa première saison au sein d’un club. Sous contrat jusqu’en 2025, le coach sera sûrement attendu au tournant la saison prochaine. Néanmoins se retrouver hors du top 5 (et des playoffs) en faisant moins bien qu’en 2022-2023 s’avérerait être légitime déception pour les supporters caennais… Les mêmes qui ont vu le voisin havrais tout changer et réussir à monter en une saison.
Aussitôt arrivé, le coach Furlan a pointé du doigt les faiblesses défensives de l’équipe. Avec 43 buts encaissés, le SMC de Stéphane Moulin affichait un bilan honnête (6e défense de Ligue 2), bien qu’entaché de quelques trous d’air (défaite 2-3 à Rodez). Néanmoins, c’est sur ce chantier que se sont concentrés les travaux l’été dernier avec le recrutement d’Alexandre Coeff, Valentin Henry et Syam Ben Youssef (pas encore apparu), le départ d’un latéral très porté vers l’attaque, Hugo Vandermersch et, régulièrement, le replacement d’Ali Abdi un cran plus haut pour être couvert lors de ses montées sur l’aile gauche. Par ailleurs, d’autres hommes de confiance de l’entraîneur ont rejoint l’équipe (Mickaël Le Bihan, Matthias Autret).
L’attaque prend froid mais c’est la défense qui tousse
Dans un premier temps, les ajustements ont parfaitement fonctionné : zéro but encaissé lors des quatre premières journées et un place de leader tenue jusqu’à la cinquième et une défaite en toute fin de match à Laval (1-2). Après la trêve, le SMC n’a plus tenu sa cage inviolée, jusqu’à un naufrage défensif, encore à Rodez (3-5) lors de la 10e journée. Jean-Marc Furlan a alors de nouveau avancé l’hypothèse de failles défensives de longue date, ce qui n’a pas manqué de faire réagir son prédécesseur Stéphane Moulin.
Tout semble s’être déréglé pour Caen qui n’a pourtant pas connu de bouleversement dans son secteur défensif. Le principal grain de sable dans la mécanique normande est à chercher plus haut. Lors de la précédente trêve internationale, le meneur de jeu, Bilal Brahimi se casse la cheville (malléole externe gauche) lors d’un amical contre Le Havre (0-1). Depuis, le SMC n’a pris qu’un point en cinq journées de Ligue 2 alors que son principal élément créatif ne devrait faire son retour qu’aux environs de la première quinzaine de novembre, dans le meilleur des cas.
Reprise de la course pour Bilal Brahimi ❤️🔥#SMCaen #TeamSMC pic.twitter.com/NuxTCWEz5a
— Stade Malherbe Caen (@SMCaen) October 13, 2023
Caen trop fébrile, ou trop prévisible ?
Le mal normand n’est pas simple à interpréter. Les faits de jeu et d’arbitrage ont été déplorés à plusieurs reprises par Jean-Marc Furlan. Très séduisant en début de saison, le jeu caennais s’est progressivement délité. Caen fait à présent partie des équipes les moins dangereuses de Ligue 2, 19e au classement des Expected Goals (buts attendus) avec 8,9 xG selon les statistiques de Fbref. Seul l’AC Ajaccio fait moins bien (8,6). En termes de tirs cadrés, Caen est 17e (32) et doit énormément à l’efficacité d’Alexandre Mendy et ses huit réalisations. C’est peut-être faute d’aller au bout de ses actions que l’équipe s’expose. Lors de son dernier match à domicile, contre Guingamp (0-1) le SMC s’est montré inoffensif comme rarement en première période. « Les équipes nous on lu, savent qu’on est performant dans les couloirs et coupent nos relations. On est obligé de se réinventer mais il faut attendre l’heure de jeu pour avoir des espaces. » expliquait Valentin Henry après ce match au micro de France Bleu. Son capitaine Romain Thomas complétait « On doit mieux faire dans l’utilisation du ballon, mais ce n’est pas très simple, la confiance n’était pas de notre côté au coup d’envoi. »
La friabilité, ou l’irrégularité, sur le plan mental de l’équipe est apparue comme une évidence une semaine plus tard à Rodez (3-5) quand après un premier quart d’heure complètement raté (0-2) et dix minutes de folie pour repasser à 3-2, l’équipe a explosé en vol dans le dernier quart d’heure. Quelques jours après avoir endigué une série de défaites en accrochant un nul à Bordeaux (1-1), Malherbe a replongé pour passer une trêve en plein doute.
Dans une semaine, Caen redémarrera contre probablement le pire adversaire pour se relancer : l’AJ Auxerre, meilleure attaque du championnat (23 buts), sur une série de quatre victoires d’affilée. Ce match aura de surcroît une haute valeur symbolique pour Jean-Marc Furlan face à son ancien club, qu’il n’a pas manqué de tacler après une séparation douloureuse. Caen devra avoir retrouvé d’ici là des « protocoles de jeu » offensifs efficaces et de la sérénité. Sans quoi, la vilaine dynamique entamée en septembre risque de perdurer.
Photo Loic Baratoux/FEP/Icon Sport