Les persifleurs et les sceptiques ont cessé de se manifester. Corinne Diacre est en train de mettre tout le monde d’accord. Elle, la première femme en France à entraîner une équipe de footballeurs professionnels, ne suscite plus les interrogations souvent misogynes émanant du microcosme du ballon rond. Il est désormais loin le temps – elle a été intronisée à la tête de Clermont le 28 juin 2014 – où l’ancienne internationale française (121 sélections entre 1993 et 2005) recevait des centaines de demandes d’interviews de divers horizons et attisait une curiosité essentiellement peu sportive. Le barouf médiatique a laissé place à un traitement plus convenable et équitable par rapport à ses homologues masculins. Il faut dire que Corinne Diacre a su imposer le respect et montrer son caractère dans ce milieu suintant la testostérone. Laissé libre par l’ancienne joueuse de Soyaux au mercato hivernal 2015, Hugo Vidémont avait notamment pu se rendre compte du tempérament de la native de Croix (Nord).
La montée en mai prochain ?
Aujourd’hui, plus personne ne conteste ses méthodes. Après avoir pataugé à ses débuts – Clermont pointait en 18e position au soir d’une défaite à Angers (3-0, 12e journée) lors de l’exercice 2014/15 – Diacre a su s’adapter et redresser la barre pour assurer le maintien du club en Ligue 2 terminant à la 12e place du classement. Et à mi parcours de ce championnat 2015/16, celle qui a prolongé en septembre son contrat jusqu’en 2018 réalise des prouesses. A la trêve, la formation clermontoise s’est installée sur la troisième marche du podium avec la 3e attaque de la division (28 buts). Une performance d’autant plus remarquable que le Clermont Foot 63 possède l’avant-dernier budget de Ligue 2 avec 6M€ ! Ce qui n’a pas échappé au magazine France Football qui l’a désignée meilleur coach de Ligue 2 sur l’année 2015. A son arrivée, Corinne Diacre annonçait avoir « envie d’écrire une histoire dans le club de Clermont ». Elle pourrait bien écrire la plus belle histoire du club auvergnat qui n’a jamais fréquenté l’élite depuis sa création en 1990. Les persifleurs et les sceptiques en ont déjà des sueurs froides.
L’avis de Frédéric Verna* : « Je ne sais pas exactement comment fonctionnent les autres coachs de Ligue 2, mais son approche est totalement différente de ce que j’ai connu : elle n’est pas dans la séduction. Il y a une vraie franchise de sa part. Ce que j’ai trouvé original, c’est sa mise au premier plan du comportement de l’homme, depuis son arrivée il y a 18 mois. Ce sont les hommes qui rentrent dans son style de jeu, en fonction de leur mentalité, quitte à se passer de joueurs qui semblaient techniquement meilleurs. Beaucoup de joueurs qui sont partis étaient probablement meilleurs footballeurs, mais ils ne rentraient pas dans le moule du comportement souhaité par le coach. C’est un choix risqué, mais son groupe actuel est à son image, il lui convient parfaitement et les résultats s’en ressentent. Elle a su faire le dos rond la saison dernière, mais aujourd’hui elle a choisi ses joueurs, son équipe, et les résultats sont là : il n’y a rien à dire ! »
* journaliste pour le site Sports Auvergne qui suit l’actualité du Clermont Foot au quotidien.