À la veille de la rencontre de haut de tableau Nancy-Lens, Pablo Correa nous en dit plus sur l’AS Nancy-Lorraine et ce nouveau départ dans son club…
Ma Ligue 2 : Vous avez presque tout connu avec l’AS Nancy Lorraine. Il existe un lien spécial avec ce club…
Pablo Correa : Mon premier passage s’est révélé assez fructueux, avec des débuts en fond de Ligue 2 en 2002 jusqu’à la remontée en 2005. Les résultats sont arrivés rapidement : nous avons réussi à nous installer durablement en 1ère Division puis remporter la Coupe de la Ligue dès notre première saison. Nous sommes même allés dans l’imprévu, en disputant deux fois la coupe d’Europe, ce travail fut assez chouette…
Puis le départ en 2011. Mais vous n’avez jamais réellement quitté le club.
La famille vit depuis 16 ans à Nancy, il aurait été difficile de s’installer ailleurs. Lorsque je n’étais plus entraîneur, je conservais cet intérêt pour les résultats de l’équipe, le jeu… Même si je n’allais que très rarement au stade afin de ne pas perturber la vie du club.
Je le prends plutôt comme un défi. C’est ce qui m’a amené à revenir. Je me refuse de croire qu’on ne peut pas répéter certaines choses, même si tout n’est pas pareil que durant mon premier bail. Simplement, on ne peut pas tout prévoir et je combats l’idée de dire qu’un retour ne se passera pas aussi bien que la première expérience.
Vous reprenez donc l’équipe première à la mi-octobre. Avec la montée comme objectif?
Non. On a forcément envie de retrouver quelque chose qu’on a connu, mais cela ne se fera pas par hasard. Cette équipe n’est pas faite pour monter, la rétrogradation a nécessité un rééquilibrage financier, conduit à un encadrement de la masse salariale, l’obligation de vendre des joueurs… Le président n’a pas fixé la pression d’une remontée immédiate, nous cherchons avant tout à retrouver le goût de la victoire, défendre les valeurs du club.
Nancy n’a toutefois pas vocation à végéter en Ligue 2…
Regardez Nantes, Montpellier, Lens… Il leur a fallu (ndlr : et faut encore pour le cas lensois) un laps de temps pour retrouver l’élite. J’aimerai qu’il ne soit pas aussi long mais cela n’est pas programmable à l’avance.
En revanche, les résultats plaident en votre faveur (5 victoires ; 2 défaites). Qu’avez vous apporté au groupe ?
À mon arrivée au club le mois dernier, j’ai rencontré une certaine fatalité. Pas seulement au niveau des joueurs ; même le public se disait « On est en Ligue 2, après tout, ce n’est pas si grave ». N’étant pas dans cette situation d’échec, j’ai pu apporter de la fraîcheur, je suis arrivé avec l’envie de montrer qu’il était possible de changer les choses. Je veux que joueurs comme spectateurs puissent prendre beaucoup de plaisir, en voulant gagner des matches.
Concernant le match de samedi, vous déplorez la blessure de Benjamin Moukandjo en pointe. C’est embêtant pour une équipe qui n’a pas réellement de buteur…
C’est ce que j’évoquais lorsque je disais que l’équipe n’était pas faite pour monter. Ça ne peut pas vous manquer, il faut plusieurs joueurs à plus de 10 buts. Toutefois, ce n’est pas une excuse, ça rend les choses plus difficiles, mais je m’en contente et me débrouille avec. J’aimerai que les joueurs le comprenne, car je prépare l’équipe pour marquer des buts.
C’est une des différence entre les jeunes de l’effectif de 2005 et ceux d’aujourd’hui ?
Ils sont moins, comment dire, uniformes que la génération de 2005. Aujourd’hui, ils ont de la qualité mais ils ont besoin de temps pour s’affirmer. Et c’est pour cela que le club laisse le temps aux jeunes de progresser.
L’inverse est-il vrai ? Les jeunes laissent-ils le temps à leur club de profiter de leurs progrès ?
Dans mon discours, je leur explique que je veux bien croire que Nancy soit pour eux un passage dans leur carrière. Mais, avant de vouloir plus, il faut déjà rendre une partie et montrer sa valeur. Beaucoup de jeunes sont très proches de ce que le club souhaite, ça me laisse penser que je suis face à des garçons qui aimeraient bien démontrer quelque chose, laisser une trace.
Tous propos recueillis par Philippe Dard