Ce n’est pas parce qu’il vient d’être nominé dans la liste des meilleurs entraîneurs, pour les trophées UNFP de Ligue 2. Ni parce qu’il porte le prénom de Laurent Mazure, l’un des papas de ML2. Non, s’il faut parler de Laurent Batlles aujourd’hui, c’est bien pour la remarquable saison de son équipe. Un exercice achevé par le titre de champion, qui porte la marque du tacticien, dans le sillage de ses idées et de l’être humain qu’il est. Certains entraîneurs posent leur empreinte plus que d’autres sur une formation, et Batlles est de ceux-ci à Troyes, comme peut l’être Pascal Gastien à Clermont.
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Arrivé il y a deux ans dans l’Aube, l’ancien joueur de Sainté, Toulouse ou Bordeaux débarquait pour sa première expérience de coach. A la réserve stéphanoise, succédait la direction d’une équipe de L2, un palier que le numéro 10 aux similitudes zidanesques à l’époque (et pas que dans les cheveux hein) aura franchi calmement, porté par ses croyances. A l’instar d’un Marcelo Bielsa, ou plus récemment de la surprise Franck Haise à Lens en Ligue 1. Dire que le tacticien troyen est le nouveau Guardiola de la L2 serait anticipé, mais les certitudes de ce qu’a déployé l’ESTAC cette année s’impriment sur la rétine pour le moment. Et c’est déjà amplement suffisant.
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Batlles, des larmes et du jeu
Mais le technicien sera-t-il encore sur le banc de Troyes la saison prochaine ? Montpellier, qui vient de perdre l’excellent Michel Der Zakarian, serait sur les rangs pour s’offrir ses services, un nom coché sur les tablettes, dont le club a fait sa priorité. Peut-être aussi l’une des raisons de ses larmes samedi soir, à la fin du match du titre contre Dunkerque (2-0), au bout d’une saison plus dure que les précédentes, si longue et incertaine. De fil en anguille, de la mise en place définitive de son système inédit à ce niveau (3-3-1-3, après Valenciennes en octobre) au chef d’œuvre face à Grenoble (3-1), le natif de Nantes n’aura laissé personne indifférent.
D’un visage souvent illisible sur son banc de touche, à son expulsion par l’arbitre lors du match chez le Paris FC, où il avait ressenti de l’injustice contre ses joueurs, et ses larmes de la 37e journée, Laurent Batlles a surtout inscrit son nom dans la liste des entraîneurs français qui vont compter à l’avenir. De ceux qui domptent leurs émotions au service du jeu, de ceux traversés par leurs convictions, hantés et habités par leurs idées. Qu’ils meurent ou gagnent avec. Laurent Batlles va peut-être quitter Troyes, et c’est un peu la nuit qui tombera alors, dans l’Aube.