Que les supporters sochaliens ne se méprennent pas sur le titre. Un lion, comme un grand club, ne meurt jamais. Mais depuis 2014 et sa dernière descente en Ligue 2, le grand félin du Doubs dort. Doute, assoupi, presque endormi. Mais pas tout à fait non plus. Car ce 27 avril 2020, le rachat du FC Sochaux par le consortium chinois Nenking a été acté, dans une opération porteuse d’espoir. Le réveil du lion n’en sera peut-être que plus brutal, puissant. Rugissant. Revenons sur l’histoire du FC Sochaux, sa grandeur passée, et la peau de l’ours, ou du lion, presque vendue en même temps que les descentes en Ligue 2 des années 90-2000.
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Fondation en 1928, puis âge d’or (et de bleu) : une histoire de Lion
Le FC Sochaux, c’est Peugeot, et Peugeot, c’est le FC Sochaux. Un constat évident, même s’il peut apparaître réducteur, quand on connaît l’histoire du club. Tout bonnement parce que le club a été créé par deux employés de l’entreprise ! Devant le succès populaire du football, la firme au lion décide d’investir dans le tout nouveau club, pour en être rapidement le visage, l’actionnaire et le propriétaire. Le royal animal présent sur le logo, c’est Peugeot. Les couleurs jaune et bleu, empruntées à la Franche-Comté, c’est Peugeot ! Bref, une présence animale au sein de l’équipe, comme le raconte le site du club ou Le Footichiste. Vous l’aurez compris, Sochaux et Peugeot, c’est le début d’une grande et longue histoire, jusqu’au déclin du FCSM et le départ de l’entreprise en 2015… Le succès aura auparavant été immédiat, ou presque. Dès ses premières années, le club gagne deux titres de champion, s’impose comme un acteur majeur du foot français. Une vérité qui perdure pendant longtemps, avec une formation sochalienne qui ne se lasse pas de sortir des joueurs, après avoir laissé le recrutement onéreux de côté. Sochaux fréquente même l’Europe à partir de 1972, et va en demi-finale de l’UEFA en 1981 !
Des grands noms, l’UEFA, et 1994-1995, la première relégation en Ligue 2
Yannick Stopyra, Bernard Genghini, Patrick Revelli… Voici les noms d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Surtout, les noms de ceux qui sont allés jusqu’en demi-finale de la coupe de l’UEFA 1981. Des noms légendaires du football, et qui ont fait la légende de Sochaux. Car Sochaux, c’est Peugeot, mais aussi des éléments majeurs à chaque grande époque, à l’instar de tous les clubs. Le centre de formation des Sochaliens est l’un des premiers en France, en 1974. Ce qui explique aussi que durant vingt ans, le FCSM a su perdurer au plus haut niveau, avant de rejoindre la deuxième division… Après les Joël Bats, Franck Sauzée ou autres Faruk Hadžibegić et Mécha Baždarević, le club descend après plusieurs mauvaises saisons. Mais parvient à conserver ses meilleurs jeunes, ceux qui le feront remonter en 2001. Car oui, Sochaux n’est pas qu’un lion, il est aussi un phénix. La génération des Pedretti et consorts remporte deux coupes nationales, en 2004 (de la Ligue) et 2007 (de France, avec carrément une évocation pleine de compliments de Jacques Chirac !). Dans des ambiances mémorables, portée à chaque fois par des magiciens remarquables (Richert, Isabey, Pagis, Pedretti). Et puis, au tournant des années 2010, après le départ de la classe Boudebouz–Martin, la lente descente vers la Ligue 2 débute…
Peugeot quitte le club en 2014, la fin d’une ère… Et le début d’une nouvelle ?
La vidéo (à aller regarder directement sur Dailymotion) sera un crève-cœur pour les supporters sochaliens. Ce soir de 2014, dans son antre de Bonal, et alors qu’Hervé Renard, Jordan Ayew et consorts sont presque revenus d’entre les morts avec plusieurs victoires, l’Evian Thonon Gaillard crucifie le FCSM. Le score est sans appel, ce 17 mai 2014, dans une 38e journée de Ligue 1 et une finale pour le maintien qui sentait le souffre : 0-3 pour l’ETG. Le club savoyard se maintient, alors que Sochaux plonge en Ligue 2… Quelques jours plus tard, stupéfaction, le sponsor, actionnaire, et visage historique du club quitte la savane. Peugeot se retire, laissant les jaunes et bleus désemparés. Le début des emmerdes financières pour le FCSM.
Le Lion, Hong-Kong, le Covid et la Chine…
Dans la fin de saison prématurée 2019/2020, le rachat heureux du club par Nenking a été officiellement acté ! Après un épisode hong-kongais Tech Pro, lui bien plus malheureux. Investisseur à la suite du départ Peugeot, le groupe Tech Pro–Ledus avait surtout mené Sochaux devant la DNCG. Avec une rétrogradation à titre conservatoire en… National 3 en 2018. Les problèmes d’argent, toujours, en 2019, avec un nouveau passage devant la DNCG, et un renvoi en National cette fois. L’équilibre économique sera finalement trouvé, apporté et prouvé devant le gendarme financier français, et le club reste en Ligue 2. Moins d’un an plus tard, Nenking devient le nouveau propriétaire du club, au cœur d’une situation non sans expectative et flou artistique… Le groupe immobilier chinois devrait injecter des fonds, comme il a déjà aidé dans la gestion de la crise du Covid-19 en faisant venir des masques du pays. Après les descentes, les grands noms, l’UEFA et la DNCG, les soucis financiers et la Ligue 2, Sochaux est prêt à renaître de ses cendres. Encore une fois, tel le phénix, l’ours ou le lion, peu importe. Même sans Peugeot, Sochaux reste Sochaux. Le lion n’est pas mort ce soir.