Président de l’AJ Auxerre et membre du Conseil d’Administration de la LFP pour représenter la Ligue 2, Francis Graille a accepté d’évoquer pour notre Podcast MaLigue2 la situation actuelle à l’AJA depuis l’annonce de la suspension du championnat. Le dirigeant auxerrois nous parle également des conséquences de cet arrêt forcé par la situation sanitaire en France, et du flou qui réside encore pour le moment sur le calendrier pour la fin de l’édition 2019-2020.
A lire aussi >> Ligue 2 – Que pourrait donner le calendrier avec une reprise à partir du 15 avril ?
A lire aussi >> Ligue 2 – Pas de reprise avant le 15 avril, la LFP veut absolument finir les championnats « au 30 juin ou au-delà »
MaLigue2 : Le report de l’Euro a été acté à l’été 2021. Est-ce une bonne nouvelle selon vous dans l’optique de pouvoir terminer la saison en cours en Ligue 2 ?
Francis Graille : Oui, c’est enfin une bonne nouvelle après toutes ces mauvaises nouvelles. Je pense que le football aujourd’hui subit des conséquences que tout le monde subit en raison du coronavirus. C’est une bonne nouvelle car ça va peut-être nous permettre, si tout le monde respecte bien les consignes, de reprendre le championnat, de le terminer. Cela nous laisse un laps de temps un peu plus important.
Vous êtes également membre du Conseil d’Administration de la LFP. Qu’est-ce qui ressort de la réunion qui s’est tenue ce mardi 17 mars concernant la suite des championnats professionnels ?
C’est un consensus général, il faut absolument que les championnats reprennent le plus tôt possible. Mais là encore je ne suis pas devin et c’est le virus qui en décidera en quelque sorte. C’est aussi le civisme des Français et des joueurs. Il est évident que s’il y a moins de cas dans les semaines qui viennent dans le football français, il sera peut-être plus facile d’aborder des matchs à huis clos. Si des équipes sont contaminées de façon importante, ça sera très difficile de l’envisager. Mais encore une fois, nous dépendons des décisions gouvernementales donc nous ne pouvons rien décider à l’avance. Et puis le football n’est pas à part du reste du monde, toute l’activité économique étant suspendue, il va falloir s’en remettre aux pouvoirs publics.
Quelle est la situation aujourd’hui à l’AJA ? Est-ce qu’après l’annonce du Président de la République d’un premier confinement de 15 jours, une date de reprise du groupe pro est-elle envisagée à l’issue de ces 15 jours par exemple, ou est-il encore trop tôt pour se projeter ?
Il est très difficile de se projeter. On a mis 15 jours à l’isolement total les joueurs comme beaucoup d’autres clubs en espérant pouvoir reprendre après cette période de 15 jours. Mais cela me semble de plus en plus difficile et improbable. Tout le monde est tenu en haleine pour s’entretenir, et pour faire en sorte que, dès que le feu vert sera donné, de pouvoir reprendre une activité normale. C’est indispensable pour le football français cette reprise, car on se retrouverait sinon devant de grosses difficultés financières, propres aux 42 ou 43 clubs pros en France. Tout le monde serait en difficulté.
Quel est l’impact pour l’institution AJA quand un club doit se mettre en sommeil. Est-ce qu’il y a un danger ?
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de danger, mais il n’y a pas de danger immédiat ce mois-ci ou le mois prochain. On n’a pas de grande visibilité. Si les droits télé qui doivent venir aux alentours du 5 avril puis du 30 juin n’étaient pas versés, nous aurions une conséquence directe avec un manque à gagner important. Il faudrait trouver des systèmes qui permettent de passer ce cap-là. Et si le championnat n’allait pas à son terme, on aurait aussi des difficultés mais ce n’est pas propre à l’AJA, ce n’est pas propre à la Ligue 2, c’est propre à tout le foot pro, gros comme petits clubs. Le football vit de ses supporters, des sponsors, de la télé mais aussi des transferts. Le foot français c’est 800 millions d’euros de transferts cette année. Il est évident que si le foot européen boite, le football mondial boitera et la France ne sera pas épargnée.
Un jeune joueur du centre de formation a malheureusement été testé positif au Covid-19. Quelles sont les nouvelles pour lui, et est-ce que le groupe professionnel a subi des mesures plus conséquentes de ce fait ?
Tout le monde est en confinement depuis l’annonce. On avait devancé un peu l’annonce du confinement pour ce qui était du centre de formation et l’encadrement. Le garçon va bien, il est rentré chez lui. On ne va pas dire qu’il est guéri car il faut encore attendre un peu pour savoir si c’est le cas. Pour le moment tout se passe bien, deux suspicions de cas ont été levées. Les mesures qui ont été prises immédiatement ont porté leurs fruits, maintenant on va rester vigilants. Il y a une période d’incubation.
En ce qui concerne les joueurs pro, l’idée n’est pas d’aller encombrer les hôpitaux en faisant des demandes de tests. On doit être gérés comme tout un chacun, il n’y a pas de passe-droit. On surveille de très près les joueurs, on est en contact plusieurs fois par jour avec eux. Tout le personnel est en contact permanent pour connaître l’évolution de la santé de chacun de façon à ce qu’on puisse reprendre rapidement quand on pourra le faire.
La Ligue 2 ne pourra peut-être pas reprendre et aller à son terme, mais peu importe la décision, certains clubs risquent de ne pas être contents de celle qui serait prise…
Il y a eu des polémiques stériles ces jours derniers et je pense que le football n’en sort pas grandi. S’il y a des décisions à prendre, on verra en temps voulu. On n’est pas pour le moment dans ces discussions-là. La priorité des priorités, c’est la santé de tout un chacun. Dans le football comme partout ailleurs. S’il y a un jour des décisions à prendre, on les prendrait en toute conscience et après en avoir discuté tous ensemble. Mais le plus important je le répète, c’est de souhaiter la santé de tout le monde avant tout, le sportif est pour le moment secondaire dans cette période.
Propos recueillis par Dorian Waymel