Après une saison 2023-2024 catastrophique et un repêchage en Ligue 2 de justesse, l’ESTAC a poursuivi un parcours chaotique en changeant d’entraîneur 10 jours avant la reprise du championnat. Le démarrage a logiquement été compliqué pour les Troyens, qui ont semblé sortir la tête de l’eau lors des dernières semaines de 2024, pour remonter jusqu’où ?
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Depuis le départ de Laurent Batlles (décembre 2021), l’ESTAC a peiné a trouvé le bon coach pour se relancer. Outre le casting, c’est le timing des changements d’entraîneurs qui a pu interroger à Troyes. Après avoir longuement insisté avec Patrick Kisnorbo jusqu’en novembre dernier, le club champenois a encore longtemps repoussé la décision pour se séparer de David Guion lors de l’été 2024. C’est seulement le 6 août que le coach est mis à pied, à dix jours de la reprise du championnat. Sportivement relégué en National en mai, l’ESTAC ne devait sa place en Ligue 2, comme repêché, qu’à l’effondrement financier des Girondins de Bordeaux et c’est lors de la préparation estivale que le technicien a été jugé, défavorablement, sur sa capacité à redresser la trajectoire.
C’est à Stéphane Dumont que revient alors la mission de relever un club en chute libre depuis près de deux saisons. Parti en fin de contrat de Guingamp, l’ancien joueur du LOSC débarque le 12 août et trouve un effectif incomplet, sans latéraux expérimentés ni buteur attitré, sans confiance après une 17e place obtenue la saison passée et en délicatesse avec le public du stade de l’Aube : la fin de saison avait été marquée par un ubuesque échange de lancers de fumigènes entre le terrain et les tribunes.
Plombé par ces difficultés, l’ESTAC démarre la saison par un catastrophique 0-4 à Guingamp et au bout de six journées de Ligue 2, les Troyens pointent bons derniers avec un seul point… et un seul but marqué.
Déclics et retours de flammes
Attaché à rafraîchir l’état d’esprit de son groupe, Stéphane Dumont n’a pas d’autre choix que d’insister, alors que le contenu des prestations du début de saison semble mériter un peu mieux qu’un tel bilan. Les effets d’un mercato tardif finissent par se faire sentir. La défense se renforce (Junior Diaz, Houboulang Mendes, Paolo Gozzi), Martin Adeline (ex-Annecy) et s’impose en nouveau métronome du milieu de terrain et Cyriaque Irié comme dynamiteur sur l’aile droite. Auteur d’un grand match contre Metz (2-1) lors de la 7e journée, il contribue au premier « déclic » de son équipe. En pointe, l’expérimenté Pape Ibnou Ba, sortant d’une belle saison avec Concarneau peine un peu plus à faire tourner le compteur.
Néanmoins, le déficit offensif est en partie comblé par le retour au premier plan de Renaud Ripart, annoncé partant cet été et de retour comme titulaire en pointe fin 2024. L’ancien nîmois n’est pas le seul joueur à retrouver des couleurs depuis l’automne. On peut citer Youssouf M’Changama (1 but, deux passes décisives) après deux saisons quasi-blanches sur le plan des statistiques, qui retrouve le coach qui l’a fait briller à Guingamp (2021-2022). Rafiki Saïd (4 buts), habitué à briller dans des équipes en difficultés, gagne en constance au fil des semaines.
Enfin, la surprise du chef se nomme Nicolas Lemaître. Apparu quatre fois en 2023-2024, l’ancien gardien de QRM avait démarré la saison comme numéro 3. Il redevient finalement titulaire le 26 octobre et aligne d’entrée cinq matchs sans encaisser de but. Cet enchaînement sera le deuxième moment charnière de la phase aller de l’ESTAC qui sort de la zone de relégation juste avant les fêtes, après avoir enfoncé un concurrent direct, Martigues (4-0). « C’est quelque chose d’important, ça vient récompenser ce qu’ils (les joueurs) font de bien à une période pas facile, à un moment où d’autres auraient pu lâcher, sombrer. On est restés focus (sic) sur ce qu’on devait faire, c’est à dire continuer à grandir et à progresser. Aujourd’hui, on avance. C’est positif, mais je le répète une fois de plus : il reste beaucoup de chemin à parcourir », résume le coach dans son propre bilan de mi-saison.
Réconciliation et retour des ambitions ?
L’ESTAC a terminé l’année civile en dominant à nouveau Metz, en Coupe de France (3-0), de manière bien plus probante. On en viendrait presque à se rappeler que ce club, propriété du City Group, dispose d’un effectif et de moyens censés lui faire viser le haut du classement. Avec neuf points de retard sur le Top 5, le retard pris en début de saison sera délicat à combler mais au rythme actuel, la zone rouge ne devrait bientôt plus être qu’un mauvais souvenir.
Si le retour des performances se confirme, on attendra celui de l’enthousiasme au stade de l’Aube, ou la jauge ne dépasse que rarement la barre des 5000 spectateurs. L’ESTAC n’a pas encore retrouvé son statut de grande écurie de Ligue 2 mais vaut à nouveau le coup d’œil.
L’équipe des joueurs les plus utilisés (en 4-3-3) :
Boucher (puis Lemaître) – Boura, Monfray, Diaz, Mendes – Kanté, M’Changama, Adeline – Saïd, Irié, Assoumou
Sur le banc : Lemaître (puis Boucher), Gozzi, Ripart, Diop, Ibnou Ba, Dong, Chavalerin
Photo ©Dave Winter/FEP/Icon Sport