« On est partis sur une Ligue 2 à 18 clubs, et je pense qu’il y avait de la place pour rester à 20 clubs. On a vu l’année passée que ça ne nuisait pas au spectacle, au contraire. On nous a dit que c’était pour avoir plus de moyens, or ce n’est pas le cas. On nous a dit qu’on aurait la VAR, je ne pense pas que ça se fera non plus pour des raisons économiques… ». Olivier Frapolli avait vu juste chez MaLigue2. Comme chez le coach de Laval, au fil des nos interviews dans le cadre de notre tour des clubs, impossible de ne pas sentir une pointe de lassitude, voire d’inquiétude, chez les acteurs de la Ligue 2 avant la reprise. La très longue trêve estivale aurait dû faire monter l’excitation au maximum à deux jours du lancement de l’édition 2024-2025. Mais au final, l’exaspération et la colère chez les dirigeants et les supporters ont laissé place à une grosse gueule de bois, comme un réveil en sursaut après un bien mauvais rêve.
Sous la houlette de Vincent Labrune, la LFP comptait faire monter en puissance ses championnats pour le cycle 2024-2029. Même si la Ligue 2 n’a toujours que peu d’égards pour les pontes du foot français par rapport à sa grande sœur, l’énorme cacophonie et le fiasco des droits TV a obligé tout le monde à revoir ses ambitions à la baisse, de l’élite à son antichambre. Le discours officiel pour la grande majorité des clubs de L2 est donc désormais d’assurer sa place dans cette division, eu égard aux restrictions budgétaires et à un mercato au ralenti. Une première douche froide, alors que le milliard d’euros de droits TV avait été annoncé en grandes pompes (le résultat final a été divisé par deux…) en amont par la Ligue pour préparer la saison.
De même, la LFP s’était réjouie de mettre en place l’arrivée de la VAR en Ligue 2, six ans après la Ligue 1. Mieux vaut tard que jamais, disait-t-on, pour réduire cette impression de championnats à deux vitesses dans le monde pro. Et là encore, patatras… pour les mêmes raisons de serrage de ceinture au niveau de son déploiement trop coûteux pour la LFP. Bien sûr, aucune communication officielle n’a filtré à ce sujet. Chez ML2, on se dit que ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle tant les polémiques restent nombreuses à l’étage supérieur. Il n’empêche que cela aurait été un confort supplémentaire pour le difficile métier d’arbitre, où des décisions importantes doivent être prises en une fraction de seconde. Pire : l’indispensable Goal Line Technology n’est toujours pas dans les cartons de la Ligue pour la deuxième division…
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Enfin, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est venue d’un ultime changement de dernière minute sur la programmation TV des rencontres. Pour bien contextualiser, beIN Sports a décidé de continuer à soutenir la Ligue 2 et à investir assez massivement pour diffuser 100% des rencontres pendant 5 ans (40 millions par saison, soit 200 millions d’euros au total). Seul hic : le groupe qatari ne voulait pas noyer ses droits le samedi après-midi et avait conditionné son investissement, dès sa candidature, au décalage du multiplex au vendredi soir. Sur ce sujet, jamais la LFP n’a jugé opportun de communiquer publiquement la situation. Résultat : des milliers d’abonnés ont appris cela à peine trois semaines avant la reprise. Ils ne pourront donc sans doute pas venir le vendredi soir, sans compter les déplacements à l’extérieur rendus très difficiles à cet horaire de 20 heures. De nombreux dirigeants ont pris la parole pour dénoncer ce choix, tandis que les supporters ont lancé un appel au boycott, à une grève totale des animations lors de la première journée, voire même à des perturbations de diffusion… Ambiance. On se demande parfois s’il y a encore un pilote dans l’avion LFP, et si finalement la Ligue 2 représente véritablement un enjeu concret pour l’instance qui la dirige…
Malgré tout, le foot reprendra ses droits vendredi, tant bien que mal. Nous ferons une nouvelle fois le maximum pour vous faire vivre cette édition 2024-2025 plus ouverte que jamais. Mettre en lumière ce championnat ô combien passionnant et ses acteurs est notre leitmotiv. Celui-ci, c’est certain, ne changera jamais !