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Entretien ML2 – David Gluzman : « Gérard Lopez doit tirer les conséquences financières de sa mauvaise gestion »

Coup de tonnerre ce mardi en fin de matinée : les Girondins de Bordeaux ont annoncé l’échec des négociations avec le Fenway Sport Group, candidat au rachat du club. Relégué en National par la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) le club marine & blanc comptait faire valoir un changement de propriétaire lors de son audition en appel.

Banquier d’affaires, suiveur du FCGB et intervenants dans plusieurs médias (WebGirondins, After RMC, Le Comex), David Gluzman a accepté d’analyser la position précaire du club pour MaLigue2.

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MaLigue2 : Jusqu’à ce matin, tous les échos concernant la vente du FCGB au Fenway Sports Group étaient positifs. C’est une surprise totale…

David Gluzman : Tout le monde est surpris, même ceux qui étaient très proches de l’opération sont surpris. On est très surpris dans la mesure où les négociations s’étaient accélérées. Tout incitait à l’optimisme. Il faut savoir que le Fenway Sports Group a réussi à re-recruter leur directeur du football, Michael Edwards, en lui donnant un poste stratégique. C’est celui qui a bâti l’équipe du Liverpool  de Jürgen Klopp. Il cochait toutes les cases.

On savait que le coût financier était d’environ 80 millions d’euros. Hors rémunération de parts, c’était 40 millions pour financer la saison prochaine et 40 millions de dettes : la provision pour Vladimir Petkovic, la dette du stade et les balances négatives de transferts, les anciens créanciers Fortress et King Street. Mais ces dettes étaient négociables. On a toujours eu une métropole et des pouvoirs publics très conciliants pour le stade parce qu’ils savent qu’électoralement et économiquement, ils ont besoin de voir les Girondins au moins en vie. Je suis surpris d’un arrêt aussi brutal des négociations.

ML2 : Dans son communiqué, le FCGB évoque le « le coût important du stade dans les années à venir, mais aussi le contexte économique général du football français ». Ces arguments tiennent-ils la route ?

DG : Ce sont encore des éléments de langage, ce dont on a absolument l’habitude à Bordeaux. La communication est assurée par Havas, une des plus grandes agences de communication mondiale. On est habitué au politiquement correct pour vendre une réalité, si ce n’est déformée, très favorable au président actuel (ndlr, Gérard Lopez). Ça fait un an qu’il y a un blocage sur les droits TV. Je pense que Fenway, qui regarde plusieurs clubs en France depuis plusieurs mois, était complètement au courant que les droits allaient être revus à la baisse. Dimanche, ce n’était que la confirmation d’un climat baissier pour les droits TV donc cela n’a rien à y faire, d’autant plus que les droits de la Ligue 2 sont aussi importants avec beIN Sports qu’ils ne l’étaient avec Amazon Prime. Il n’y a pas d’impact immédiat. Quant au coût du stade, quand on a une métropole qui a fait autant d’efforts en repoussant les loyers, voire en les annulant, ce n’est absolument pas une raison. Soit Fenway a jugé que le coût financier était trop important, et je peux les comprendre. Soit Gérard Lopez n’a pas voulu faire preuve de la flexibilité nécessaire pour rendre le club attractif. Il faut savoir que le club vaut zéro : les parts de Gérard Lopez valent zéro.

« Il n’y aura pas de N1, ce sera le N3 »

ML2 : Y a-t-il le moindre espoir de trouver un nouveau repreneur, ou ne serait-ce qu’une solution d’ici le passage en appel devant la DNCG, le 23 ou 24 juillet ?

DG : Non, le seul espoir, ce serait que Gérard Lopez se comporte en actionnaire responsable et qu’il finance lui la saison prochaine ! Qu’il mette en place la restructuration financière qu’il n’a jamais faite durant ces trois années aux commandes. Et qu’il fasse ce que font 99,99% des actionnaires, comme Nicollin (Montpellier), comme Rousselot (Nancy), comme Gervais Martel (Lens) à l’époque et qu’il tire les conséquences financières de sa mauvaise gestion.

ML2 : Est-il en mesure de combler ces 40 millions de dettes ?

DG : Ça, je ne sais pas mais je peux ressortir des propos qu’il a tenus. Il avait dit, en janvier 2023, que quoiqu’il arrive, l’avenir des Girondins de Bordeaux ne dépendait pas de la montée en Ligue 1 où de l’arrivée d’un investisseur. Si on est ni tributaire de l’arrivée, ni d’un autre actionnaire, Gérard, à toi de jouer !

ML2 : Bordeaux en National est-ce viable ? Ne risque-t-on pas un dépôt de bilan à court terme si la relégation est confirmée ?

DG : Il n’y aura pas de N1, ce sera le N3. D’autant qu’il n’y aura peut-être même pas de retransmission en N1. Le seul moyen de s’en sortir pour Bordeaux, c’est de survivre en Ligue 2, avec une intervention de l’actionnaire.

ML2 : Un scénario à la sochalienne dans lequel les supporters se sont mobilisés pour intégrer l’actionnariat et sauver le club est-il envisageable ?

DG : On n’est pas sur les mêmes ordres de grandeur. À Sochaux, ils ont levé 700 000 €. À Bordeaux, on pourrait lever 5 millions dans le meilleur des cas mais ce ne sera pas suffisant. Je rappelle qu’on parle d’un déficit de 40 millions d’euros.

Photo Romain Perrocheau/FEP/Icon Sport

Vos commentaires :

  1. RAMON Eric

    Partout ou cet homme est passé, il a fait des dégâts énormes. On ne doit plus autoriser ce genre de personnage mettre son grain de sel dans n'importe quel sport que ce soit !

    2 réponses
  2. Ubersender

    "Je rappelle qu'on parle d'un déficit de 40 millions d'euros. Par comparaison avec Sochaux, eux ont été relégués pour un déficit de ... 12 millions ; qui dit mieux à Bordeaux ? où l'on "est habitué au politiquement correct pour vendre une réalité si ce n'est très déformée, très favorable au président actuel ..." Tiens, ça nous rappelle quelqu'un et un mode de fonctionnement dans ce pays applicable à toutes les composantes de la société française ... Et puis, boum ! le mur du réel ! Certains espèrent s'en sortir en fuyant à l'étranger (!) Étrange, vous avez dit étrange ?

    2 réponses

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