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Entretien ML2 – « Nicolas Seube est une valeur sûre » : l’analyse de la saison du SM Caen avec Olivier Duc

Sixième de Ligue 2 à l’issue de l’exercice 2023-2024, le SM Caen aura tout connu cette saison. Après un départ canon suivi d’une série noire, Jean-Marc Furlan a laissé sa place à Nicolas Seube pour redresser la barre. Un pari plutôt réussi pour la direction de Malherbe, puisque la formation normande s’est finalement extirpée d’une 16e place inquiétante au soir de la quinzième journée pour terminer aux portes du top 5.

ML2 fait le bilan d’une saison particulière en compagnie d’Olivier Duc, journaliste pour France Bleu Normandie et spécialiste du SM Caen.

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MaLigue 2 : Comment avez-vous vécu cet enchaînement de périodes très contrastées sous Jean-Marc Furlan ? 

Olivier Duc : C’était très surprenant. Parce que c’est vrai que Jean-Marc Furlan nous avait parlé de l’importance d’être prêt dans les trois derniers mois de la compétition, que l’essentiel n’était pas de bien démarrer. Et au final ça a très bien démarré avec ces quatre victoires, aucun but encaissé. Mais d’un autre côté, on était très surpris par Jean-Marc Furlan, on avait quelques interrogations par rapport à sa communication qui était un peu hésitante. Très rapidement, ça a tourné de façon difficile pour lui. C’est vrai qu’on a été agréablement surpris par les quatre premiers matchs, et puis très rapidement, les adversaires ont vu que ce qui a fonctionné au début, c’est qu’on était l’une des équipes les plus prêtes sur la ligne de départ comparé à d’autres qui ont mis énormément de temps à s’installer et à installer leur effectif. Il y a eu une fausse impression en terme de départ, qui, malheureusement, s’est vite confortée derrière avec une difficulté pour l’équipe à avoir des résultats. Les joueurs n’ont pas lâché, mais ça a été très compliqué.

ML2 : Vous diriez donc que ce début de saison a été en trompe l’œil ?

OD : Oui c’est ça, par exemple l’AC Ajaccio (ndlr : victoire 3-0 lors de la 4e journée) avait énormément d’absents, le Paris FC (ndlr : victoire 2-0 lors de la 1ere journée) jouait en délocalisé, tous ses joueurs n’étaient pas prêts et Stéphane Gilli vivait sa première saison en tant qu’entraîneur principal, puis Concarneau (ndlr : victoire 2-0 lors de la 3e journée) découvrait la Ligue 2 et nous avait bien bousculé mais avait été victime de notre réalisme sur le mois d’août. Il y avait tout de même certaines circonstances favorables, et ça s’est confirmé par la suite. On fait l’analyse après, évidemment, sur le moment on se dit que si ça passe, tant mieux. Il y avait du jeu aussi, mais en regardant après on se rend compte que c’était un trompe l’œil.

ML2 : Lorsque Caen se retrouve à cette 16e place, est-ce que vous vous dites que l’objectif devient celui du maintien ? 

OD : C’était très tôt dans la saison, donc on ne sait jamais. On ne se dit pas que le top 5, c’est terminé. Mais c’est vrai que c’était assez compliqué, beaucoup de gens étaient très sceptiques. Il fallait déjà sauver ce qui pouvait l’être dans la saison. On pouvait être inquiet effectivement par rapport à cette dynamique chez une équipe qui n’est pas bâtie pour le maintien, ça peut aller vite. On l’a vu avec l’ESTAC d’ailleurs cette saison, et les exemples sont nombreux sur les exercices précédents. Au final, ça s’est plutôt bien goupillé, parce que je pense que l’effectif, même s’il était bizarrement constitué, n’a jamais lâché. C’est vraiment une des forces de cette équipe. Quels que soient les reproches que l’on peut faire à ces joueurs, ils ont joué pleinement, même quand c’était très compliqué sur la fin de la période Jean-Marc Furlan. C’est ce qui explique que, finalement, cette saison n’est pas si mauvaise avec la sixième place.


ML2 : L’un des plus gros accomplissements de Nicolas Seube, c’est d’avoir su redonner confiance à ses joueurs ?

OD : Oui, même si encore une fois, ils n’avaient pas lâché. Il y avait déjà une base là-dessus. Le travail de Nicolas Seube, c’est d’avoir pu mettre en place ses idées de jeu, de se faire suivre par les joueurs, des joueurs qu’ils n’avaient pas recruté. Avec une base de jeunes joueurs qu’il avait eu sous son commandement dans le centre de formation, mais en les faisant atteindre un niveau assez impressionnant. Il y a toute cette mayonnaise qui a pu prendre avec le travail de Nicolas Seube.

ML2 : C’est l’une des satisfactions de la saison de voir que la formation marche bien à Caen ? 

OD : Oui, la génération de la coupe Gambardella qui était arrivée en finale en 2022. Ce n’est pas toujours évident pour ces jeunes joueurs de se retrouver ensuite en professionnel. La progression d’un Noé Lebreton, sur un poste aussi compliqué au milieu de terrain, c’est impressionnant. Brahim Traoré a quand même une forte expérience malgré son jeune âge, mais il a fait une saison complète en étant très constant, ça aussi c’est une énorme satisfaction. Puis Nicolas Seube est allé remonter des joueurs. Dieudonné Gaucho avait joué quelques minutes en Ligue 2, c’était un sacré pari de le faire remonter et il a tenu sa place en tant que titulaire dans cette équipe. Il y a eu des choix forts de la part de Nicolas Seube qui ont été payants, et l’éclosion de ces joueurs est vraiment très intéressante. Surtout si l’on peut les conserver pour la saison prochaine en vue de la première année complète de Nicolas Seube sur le banc.

ML2 : Nicolas Seube est-il l’entraîneur qu’il faut au SM Caen pour mener à bien son projet ?

OD : Il a toutes les cartes en main. En tout cas il est très apprécié, c’est un garçon très intelligent, avec un vrai bon QI football. Il l’était déjà en tant que milieu défensif puis défenseur lorsqu’il jouait à Caen. Il avait montré ses aptitudes au sein du centre de formation. Il a changé de costume pour passer de formateur à coach professionnel, ce qui ne représente pas du tout les mêmes missions. Il a réussi à fédérer cette équipe. Dans le jeu aussi, ce qu’il propose est intéressant. Il va s’attaquer à ce qui est le plus difficile, c’est-à-dire qu’il a suscité énormément d’attentes et maintenant, sur une saison complète, il aura son équipe à former. On ne sait pas de quels moyens il disposera, parce qu’on est toujours dans cette zone grise de reprise du club, d’aménagement de budget, de droits TV. Il faut aussi se poser la questions des joueurs qu’il pourra retenir. On parlait de Brahim Traoré, Noé Lebreton, Alexandre Mendy… Il y aura des départs, forcément. Il y a beaucoup d’interrogations, mais en tout cas ce garçon, sur le banc, c’est clairement une valeur sûre.


ML2 : Que gardez-vous de cette fin de saison ?

OD : Le fait d’avoir pu jouer quelque chose jusqu’à la dernière journée. C’est toujours très intéressant avec ce format de Ligue 2. Beaucoup de relégations, mais aussi ce top 5, ces barrages et cette formule très compliquée qui peut quand même permettre de monter comme l’a fait Saint-Étienne, ce n’était pas gagné du tout. Ça donne un attrait à la Ligue 2, une compétition hors-norme, on peut jouer les premiers rôles même en perdant 10, 12, 14 matchs. Ça montre le niveau de la L2. C’est ça qui était plaisant pour les supporters du SM Caen, avoir une équipe qui joue jusqu’au bout même s’il aurait fallu un petit miracle sur cette dernière journée pour que Malherbe puisse rentrer dans le top 5.

ML2 : Quelles satisfactions retenez-vous sur le plan des performances individuelles ? 

OD : On peut citer Alexandre Mendy, évidemment. Parce que c’est un garçon qui confirme chaque année, qui conforte son rôle. Dans sa carrière, c’est la première fois qu’il pouvait poser ses valises. On espère le garder à l’intersaison, mais ça c’est son choix personnel. C’est un garçon aussi efficace sur le terrain qu’il est abordable et adorable hors du terrain, c’est un vrai plaisir en tant que professionnel de pouvoir travailler à ses côtés. Au milieu de terrain et sur le plan défensif, on a cité des garçons comme Brahim Traoré et Noé Lebreton, on peut même rajouter Romain Thomas qui a un rôle important dans l’effectif en doublette avec Brahim Traoré. Il y a eu beaucoup de satisfaction dans cette équipe du Stade Malherbe de Caen. On espère qu’on pourra garder autant que possible la base de cette équipe, pour avoir non pas une nouvelle saison de transition, mais quelque chose à jouer la saison prochaine.

Photo Christophe Saidi/FEP/Icon Sport

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