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Bilan (6/20) : « Une équipe qui avait moins faim » : l’analyse de la saison de Bordeaux avec Clément Carpentier

Douzième de Ligue 2 cette saison, Bordeaux sera resté englué dans le ventre mou du championnat jusqu’à la fin, après avoir même dû craindre pour son maintien. Malgré le recrutement de quelques valeurs a priori sûres, les arrivants ont eu du mal à faire oublier les joueurs cédés, en partie par obligation financière, l’été dernier (Maja, Bakwa, Mwanga, Fransergio puis Gregersen au mois de janvier).

ML2 fait le bilan de cette deuxième saison en L2 du club avec un spécialiste du FCGB, Clément Carpentier, journaliste pour France Bleu Gironde et L’Équipe.

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Le bilan de la saison

MaLigue2 : On a vu Bordeaux capable de belles choses ponctuellement en fin de saison : cette équipe était-elle à sa place en terminant si loin ?

Clément Carpentier : Quand au bout de 38 journées, vous êtes 12e et surtout quand vous passez 80% de la saison entre la 10e et la 15e position, c’est que vous êtes à votre place. Si vous êtes 5e toute la saison et que vous vous écroulez dans le sprint final, là vous auriez pu dire que vous n’êtes pas à votre place, peu importe l’effectif sur le papier. La réalité, c’est que Bordeaux n’avait peut-être pas les capacités mentales, au-delà du jeu, pour aller plus haut. Si on prend les joueurs individuellement, il y a un potentiel pour jouer au moins le top 5 voire même « écraser la Ligue 2 » comme on pouvait l’entendre en août dernier mais il y a eu une grosse déception par rapport au jeu pratiqué, pas sur le jeu offensif mais rapport à des lacunes sur plein d’autres points, notamment tactiques. Après, pour jouer le haut de tableau, il faut avoir faim. Je sentais une équipe au bout de dix journées qui avait beaucoup moins faim que celles de l’année précédente, cette équipe avec beaucoup de jeunes et un peu d’inquiétude sur le niveau en début de saison mais qui rentrait sur le terrain à 300%. Et quand vous ne le faites pas, vous récoltez ce que vous récoltez puisqu’en Ligue 2, chaque match est une guerre.

ML2 : Dix journées c’est après cela que le mandat de David Guion a pris fin. Qu’est-ce qui a cloché sur ce premier quart de saison ?

CC : La faute originelle du début de saison des Girondins de Bordeaux, au-delà du maintien ou non de David Guion, au-delà du recrutement, c’est d’avoir voulu changer totalement la façon de jouer, avec David Guion. On est passé d’un jeu de transition avec bloc défensif plutôt très solide qui fait sa marque de fabrique dans les clubs où il est passé, même si quand il est monté avec Reims, ça jouait très bien. L’été dernier, le club a voulu partir sur un projet de possession et David Guion ne maîtrise pas forcément sur le bout des doigts ce style de football, contrairement à Albert Riera qui souhaite développer ce style de jeu. Sur le papier, il y avait les joueurs à part Dilane Bakwa qui n’a pas été remplacé mais dont le départ pouvait être compensé dans un autre registre par Livolant ou Weissbeck. Si vous changez de projet de jeu avec un nouvel entraîneur, ça peut être intéressant, sauf que là, on a changé de projet de jeu avec un entraîneur qui ne maîtrisait pas le jeu de possession.

ML2 : Sur le plan individuel, quels sont les satisfactions bordelaises, Pedro Diaz, Davitashvili qui ont surtout brillé dans les derniers matchs ?

CC : Je dirais surtout Pedro Diaz même s’il a eu un creux en hiver. Sur les trois quarts de la saison, c’est un joueur qui est bien au-dessus des autres à Bordeaux et bien au-dessus de la Ligue 2. Pour moi, il n’a pas grand-chose à faire en Ligue 2. Il s’est fait parfois secouer mais il a assez bien rayonné dans l’ensemble. En ce qui concerne Davitashvili, je ne peux pas être satisfait car pendant deux tiers du championnat, il n’existe pas, alors que c’est lui qui doit porter l’équipe. Sur les 10 derniers matchs de l’année, c’est pratiquement le meilleur joueur de Ligue 2 mais sur les 25-30 premiers, c’était son jumeau qui était sur le terrain. L’année dernière il y avait une « roue de secours » avec Bakwa : quand l’un n’allait pas, l’autre allait plutôt pas mal mais là il n’y avait personne pour prendre le relais. Je compterai plutôt parmi les satisfactions quelqu’un comme Johnsson qui, une fois qu’il a été installé dans la cage, était l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. Il est encore très très fort sur sa ligne et dans le un-contre-un.

ML2 : On a aperçu beaucoup de jeunes cette année, on pourrait les revoir beaucoup la saison prochaine, en fonction des limites financières du club. Lesquels d’entre eux ont convaincu ?

CC : Convaincu, c’est peut-être un grand mot. Celui qui m’avait le plus convaincu pendant la préparation estivale, c’était Mathias De Amorim mais il s’est malheureusement blessé pour une bonne partie de la saison, alors que c’est un joueur qui peut avoir le niveau Ligue 2, voire haut de tableau de Ligue 2 et qui correspond au jeu de possession d’Albert Riera, avec un centre de gravité bas, une capacité à garder le ballon, un peu comme Verratti ou Xavi, toutes proportions gardées. Après, on attend énormément de Mathys Angély qui est un gamin de 17 ans annoncé comme un futur très grand défenseur, dans les meilleurs de sa génération avec Joane Gadou du PSG. Il devrait être installé dans l’effectif professionnel du PSG la saison prochaine. On est pressé de le voir sur le long terme, après l’avoir vu sur des bouts de match, un profil très intéressant par son calme, sa sérénité, qui rappelle un peu Mwanga. Au niveau offensif, c’est un peu plus difficile, on a vu quelques bribes de matchs de De Lima qui a un vrai potentiel mais qui a aussi été blessé, Vetro, Tebily mais on a pas encore de confirmation.

L’équipe-type selon les temps de jeu (4-3-3)

Le XI : Johnsson – Michelin, Bokele, Barbet, Nsimba – Ignatenko, Pedro Diaz, Weissbeck – Davitashvili, Livolant, Vipotnik

Le banc : Straczek (g), Sissokho, Ekomié, Marcelin, Pitu, Elis, Cassubie

Photo ©Romain Perrocheau/FEP/Icon Sport

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