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GF38 – Grenoble, le coup de la panne

Sept mois passés dans le top 5 de Ligue 2, avant la chute. Le GF38 vient de vivre quatre semaines catastrophiques, s’inclinant à chacune de ses sorties et ne marquant qu’un petit but en quatre rencontres. L’équipe qui avait bousculé Auxerre (1-1) et étrillé Caen (5-1) semble désormais bien loin, et la course aux play-offs n’est, pour le moment, plus entre les mains iséroises. Mais alors, comment les hommes de Vincent Hognon sont-ils passés d’un extrême à l’autre en l’espace de quatre journées, et de quels leviers disposent-ils pour renverser la situation ?

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Une défense mise au supplice

Le secteur défensif est peut-être le plus symptomatique de la spirale infernale alpine. Le bloc compact qui avait réussi à garder sa cage inviolée pendant les six premières journées de championnat n’est en effet plus qu’un lointain souvenir. En 2024, le GF38 n’a d’ailleurs pas enregistré le moindre clean-sheet, concédant 11 buts en l’espace de huit rencontres. Logique, tant la sérénité un temps affichée s’est rapidement envolée. Depuis quelques semaines, les adversaires de Grenoble sont en mesure de marquer sur chacune de leurs offensives ou presque, et nul doute que sans un Brice Maubleu qui tente tant bien que mal de surnager, certaines additions auraient pu être beaucoup plus salées. Cela se reflète dans les statistiques, comme le révèle le site d’actualité liée au GF38, Grenoble Foot Info. Là où Grenoble faisait face à une moyenne de 0,99 xGA (ndlr : expected goals against, ou buts encaissés attendus) en 2023, il en concède 1,78 depuis le début de l’année 2024.  Symptomatique d’une ligne défensive qui a perdu en confiance, en repère et en maîtrise.

Il faut dire que l’arrière-garde composée de Maubleu, Tourraine, Monfray, Diarra et Paquiez, d’ordinaire presque inamovible, a connu quelques changements lors des quatre dernières rencontres. Seuls Brice Maubleu (270 minutes sur 360 possibles), Adrien Monfray (360 minutes) et Gaëtan Paquiez (342 minutes) à des postes variés, ont été indiscutables, là où Xantippe (190 minutes) a été sollicité sur le flanc gauche en lieu et place de l’ancien Nîmois, parfois utilisé sur le côté droit pour remplacer Mathys Tourraine (188 minutes). Avec certaines performances en demi-teintes, Mamadou Diarra (270 minutes) a également été remis en question, laissant à Loïc Nestor (90 minutes) l’opportunité de se montrer. Sur ses rares apparitions, le vétéran a sûrement été l’un des éléments les plus performants, sans pour autant être reconduit. Et même si la volonté de chercher une solution est louable, l’incertitude et les tâtonnements récents n’ont sûrement pas aidé Grenoble à retrouver sa solidité.

Les entames ratées sont, au même titre, au cœur des maux isérois. 4 minutes face à Bordeaux, 31 face à Troyes, 5 face à Pau, 36 face à Bastia… Sur ces quatre matchs qui contribuent grandement à l’installer dans une dynamique difficile, le GF38 n’a jamais passé la moindre première mi-temps sans encaisser un but, concédant l’ouverture du score par deux fois en moins de dix minutes. Les sautes de concentration, à l’image de la transmission ratée d’Mbemba face à Pau, coûtent cher à une équipe dont l’imperméabilité a pourtant toujours été le maître mot.

Un être vous manque, et tout est dépeuplé ?

L’excuse pourrait paraître toute trouvée. Orphelin de Jessy Benet, touché au genou depuis plusieurs semaines, le GF38 a perdu son maître à jouer. Si juste depuis le début de l’exercice 2023-2024, il s’était logiquement fait une place dans le onze type de mi-saison de MaLigue2. Précieux afin de réguler le tempo, mais aussi par sa conduite de balle et sa qualité de passe immaculées, sa patte clinique sur coup de pied arrêté, son caractère décisif dans les moments cruciaux comme face à Annecy (1-0)… L’ancien joueur d’Amiens a tout de l’homme providentiel depuis son retour dans les Alpes. Mais bien que dommageable, son absence ne peut pas tout remettre en cause, ou du moins pas à ce point-là.

Avec les arrivées d’Eddy Sylvestre et Dante Rigo durant l’été, de Théo Valls fin octobre, le retour de blessure de Saikou Touray et la venue de Nolan Mbemba lors du mercato hivernal, les Isérois bénéficient d’assez de profils pour pallier son absence. Les solutions sont là, à la fois qualitativement et quantitativement. Mais au-delà des choix d’hommes, le système n’a jamais vraiment changé pour tenter de reprendre le dessus dans une bataille du milieu que Grenoble a pris la fâcheuse habitude de perdre. Le GF38 a persévéré avec le 4-3-3 qui a un temps fait sa réussite, alors que le profil polyvalent de certains de ses hommes forts lui permettrait peut-être une plus grande souplesse.

La résignation, la persévérance, ou la révolution ?

La première option paraît peu probable. Au cours de cette période noire, les Isérois n’ont pas donné l’impression de vouloir laisser couler un navire qu’ils se sont attelés à faire brillamment naviguer pendant toute la première partie de saison. À Bordeaux (0-1), là où les problèmes ont démarré, le GF38 n’a pas rendu une copie truffée de fautes, mais a souffert, comme souvent ces derniers temps, d’une entame ratée et d’un manque de réalisme criant. Face à Troyes (1-3), Pau (0-1) et Bastia (0-1), le constat était en revanche bien plus inquiétant, sans pour autant que l’implication des acteurs ne puisse être remise en cause. Ces derniers sont en deçà du niveau préalablement observé, en manque d’idée et en proie aux doutes, mais pas désengagés.

La balle est en partie dans le camp du maître à bord. Vincent Hognon n’a jamais laissé tomber son système favori lors de ces semaines de tempêtes, sans succès. Continuer avec ce 4-3-3 apparaît peut-être comme la solution la plus sage, mais le risque est élevé à l’approche d’un duel crucial face à Laval (3e) qui pourrait déterminer beaucoup de choses dans la fin de saison du GF38. Le dilemme est en tout cas bien là pour l’ancien Messin, qui doit agir : faire parler ses qualités managériales pour redonner confiance à ses troupes, ou donner un coup de pied symbolique dans la fourmilière à moins d’une semaine des retrouvailles avec les Tango.

Dans ce contexte, un changement tactique est-il envisageable ? La diversité des profils au sein de l’effectif alpin rend en tout cas l’idée plausible. Sur le plan de l’attaque, Amine Sbaï et Lenny Joseph, d’ordinaire si virevoltants et à l’origine de bon nombre de différences, tirent un peu la langue. Les circuits courts et les relais avec Pape Meïssa Ba sont coupés, comme observé à Bastia, et les longs ballons en profondeur à destination des ailiers sont anticipés par des adversaires qui se sont penchés sur la réussite du GF38 pour mieux le contrer. Un soupçon de flexibilité tactique pourrait permettre à Grenoble de décontenancer l’opposition afin de retrouver l’allant qui le caractérisait durant la phase aller. Alors que leurs profils semblent complémentaires sur le papier, Pape Meïssa Ba et Virgiliu Postolachi n’ont par exemple que très rarement été associés. Une attaque à deux têtes composée de Ba, Postolachi ou Joseph, soutenue par un numéro 10 tel qu’Amine Sbaï ou Eddy Sylvestre aiderait Grenoble à ne plus être aussi dépendant de la forme de ses ailiers. Cela amènerait plus de densité dans l’axe en resserrant les éléments offensifs déterminants, et laisserait également plus de place aux velléités de montée d’un Mathys Tourraine plus en retrait récemment.

Rien ne certifie que Vincent Hognon et son staff opteront pour ce genre de modification au beau milieu de la saison, et les joueurs ont évidemment une part de responsabilité dans la défaillance collective actuelle. Mais une chose est sûre : Grenoble doit trouver les leviers pour stopper l’hémorragie tant qu’il en est encore temps, sous peine de laisser passer l’opportunité de participer à des play-offs qui leur tendaient les bras pendant de longs mois.

Photo by Alex Martin/FEP/Icon Sport

Vos commentaires :

  1. Didier Gonon

    Je pense qu'il vaut mieux être un bon club de Ligue 2 plutôt qu'un mauvais de Ligue 1,alors pourquoi se battre pour un podium, 4,5,6,c bien. Certainement que la motivation n'y est plus. C un avis.

    1 réponse

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