Pourquoi, Amiens joue-t-il en blanc ? Et Saint-Étienne en vert ? Que signifient les fameux scapulaires de Bordeaux et Valenciennes ? Les couleurs et les motifs portés par les joueurs de Ligue 2 ne doivent rien au hasard. Si les équipementiers s’autorisent quelques fantaisies sur les maillots portés à l’extérieur, les couleurs à domicile sont, a priori, immuables et liées à une histoire qui dépasse souvent le football. Petit tour d’horizon en quatre épisodes, de l’origine des maillots de vos équipes préférées (et des autres).
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AJ Auxerre : Une image pieuse
Il y a comme un thème global dans les symboles de l’AJ Auxerre. Fondé en 1905 par un ecclésiastique, Ernest-Théodore Valentin Deschamps, (le fameux « Abbé Deschamps »), le club et son histoire sont intimement liés à la religion catholique. Les premiers tours de terrains seront effectués sous un maillot noir, comme la soutane d’un prêtre.
L’AJA opte en 1909 pour la tenue blanche bordée de bleu qu’on connaît aujourd’hui : « des couleurs dédiées au culte de la Vierge Marie et à l’Immaculée Conception. Sur la poitrine une croix de Malte, symbole des mouvements de la jeunesse catholique », apprend-on sur le site officiel du club.
De fait, la Vierge Marie est très souvent représentée vêtue d’une robe blanche et d’un manteau bleu. Au Moyen-Âge, le pigment bleu, extrait du lapis-lazuli, une pierre semi-précieuse, coûtait extrêmement cher et fut donc réservé aux représentations de la mère de Jésus. Histoire de prestige.
AC Ajaccio : Un mystère plus que centenaire
Les origines de la tenue de l’AC Ajaccio semblent s’être perdues avec le temps et les témoins de la fondation du club (1910) nous ont hélas quitté depuis trop longtemps pour en témoigner. Quoiqu’ils en soit, les joueurs de l’ACA ont toujours été « bianc’è rossu » (blanc et rouge), avec à l’origine un maillot à rayures verticales, un motif qui revient souvent de nos jours. La saison actuelle fait partie des exceptions, avec une bande diagonale.
Contacté par ML2, le journaliste et auteur, spécialiste de l’ACA Frédéric Bertocchini nous livre tout de même une hypothèse : « À vrai dire, nous n’en savons rien. D’après moi, personne n’a la réponse. Ma théorie est que les pionniers de l’ACA se sont inspirés de l’Athletic Bilbao, pour le nom et les couleurs du maillot rayé, mais je n’ai aucune certitude hélas. J’ai fait beaucoup de recherches et sur ce point je n’ai jamais rien trouvé… »
Amiens SC : Toujours s’inspirer des meilleurs
Le parcours chromatique de l’Amiens SC est à l’image de l’histoire du club : plein de rebondissements. Fondé en 1901 sous le nom d’Amiens Athlétic Club, la formation picarde va évoluer en bleu, en azur et noir, en bleu et rouge puis enfin en blanc depuis 1995.
En mai 1987, le club dépose le bilan avant de se retrouver en quatrième division après avoir frôlé la disparition. Quatre ans seront nécessaires pour retrouver le monde professionnel et la Division 2. Sous l’impulsion de ses nouveaux présidents, Pascal Pouillot et François Gossart, l’ASC se développe dans les années 90, crée son centre de formation et se prépare à entrer dans le Stade de la Licorne. Pour marquer cette nouvelle ère, les maillots changent de couleurs en 1995. Adieu le bleu, l’ASC jouera désormais en blanc avec des liserés noirs. De passage sur France Bleu Picardie il y a quelques mois, l’ancien dirigeant Pascal Pouillot explique en toute simplicité : « J’ai carrément copié le Real Madrid […] On avait un maillot bleu et rouge mais quand on met un logo sur un maillot blanc, c’est là où il ressort le mieux. Sur le maillot rayé, bleu et rouge, le logo était innommable. Tu es obligé de faire en sorte que les partenaires soient le mieux servis. Blanc, ça choquait un peu mais ça ressortait mieux à la télévision. ». Un choix pratique, pour des raisons commerciales, qui finira par s’imposer. Si le bleu sera encore présent par petites touches sur le maillot ou sur les tuniques extérieures, il finira par disparaître totalement lors du changement de logo du club en 2021.
Angers SCO : Question de pierre… ou de lessive ?
Les couleurs noires et blanches du SCO peuvent renvoyer à deux surnoms attribués à la ville au cours des siècles : d’abord « la ville noire » en référence à la couleur des bâtiments construits en pierre de schiste, un minéral sombre. À partir de la Renaissance, la ville est devenue « Angers, la blanche » avec l’utilisation accrue de la pierre de tuffeau, beaucoup plus claire. Ces deux matériaux de construction distincts sont parfaitement identifiables sur les tours du Château des Ducs d’Anjou, au cœur de la ville.
Alors, le maillot angevin directement inspiré de l’histoire architecturale de la ville ? C’est en réalité plus compliqué que cela puisqu’à sa création en 1919, le club jouait en bleu et blanc. Dans les années 1930, le président d’alors, un certain André Bertin, a opté pour le noir à la place du blanc… Pour des raisons plus terre-à-terre qu’un superbe clin d’œil culturel. Selon Pascal Kessel, collectionneur interrogé par Ouest-France en 2015, le bleu « avait une fâcheuse tendance à déteindre au lavage ». D’autres sources indiquent qu’il s’agissait simplement d’une question de goût de la part du dirigeant.
FC Annecy : 50 nuances de rouge
Le blason et le logo rouges d’Annecy correspondent aux couleurs de la préfecture de Haute-Savoie. Le blason de la ville consiste en une truite argentée (en référence au lac) sur fond rouge. La raison exacte du choix de cette couleur n’est pas officiellement attestée mais cela date a minima du XVIe siècle : « Le registre des Délibérations Municipales de 1551 comporte une œuvre du peintre Catherin Ducrest, dans laquelle apparaissent les armes d’Annecy associées à celles de la maison de Savoie. La couleur rouge, déjà utilisée sur les lettres des bourgeois, tapisse le fond du blason ».
Depuis sa création en 1927, le FCA a toujours évolué en rouge mais la teinte a évolué au fil du temps. Le club a débuté sous un maillot rouge foncé « grenat » avant d’arborer un rouge plus classique. Ces dernières années et notamment depuis le retour en Ligue 2, la tunique est progressivement revenue vers ses origines.