Dans un chaos assez imprévisible, le club de Bordeaux a achevé sa première saison en Ligue 2 depuis plus de trente ans sur une note négative avec un match interrompu avant la demi-heure de jeu, une défaite sur tapis vert, un point de pénalité en 2023-2024, et une montée qui lui échappe (3e, 69 pts). Pourtant, il était le deuxième favori pour l’accession encore quelques semaines avant cette 38e journée. Un résultat contrasté qui n’effacera pas les belles performances de la saison, mais qui ternit la copie girondine, alors que l’institution passera une deuxième saison consécutive dans notre championnat avec un nouvel été mouvementé…
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Photo Romain Perrocheau/FEP/Icon Sport
La saison des Girondins de Bordeaux s’est terminée comme elle a commencé : devant les instances. Un fait assez redondant ces dernières saisons entre déboires financiers et problèmes extra-sportifs, qui plombent le bilan d’un club historique qui aimerait avoir des ambitions à la hauteur de son histoire. Bordeaux doit chercher et cherchera à nouveau à monter de Ligue 2 en Ligue 1 pendant le prochain exercice, car un club d’une telle dimension, avec autant de dépenses, ne peut se permettre de rester plus longtemps à l’étage inférieur, et ne peut avoir pour ambition que de faire mieux qu’en 2022-2023.
Pourtant, à l’été 2022, les Bordelais étaient très heureux et surtout soulagés d’apprendre moins d’une semaine avant le début de la compétition qu’ils joueraient en Ligue 2 et non en National, malgré la relégation administrative de leur équipe par la DNCG en première instance. Après de multiples recours et un avis positif pour faire continuer le club en Ligue 2 donné par le CNOSF, suivi par le comité exécutif de la FFF, Gérard Lopez voyait son équipe enfin assurée de ne descendre « que » d’une marche après une saison en Ligue 1 très mauvaise (20e, 31 points). Cette première saison en Ligue 2 était loin d’être une promenade de santé pour les Girondins, qui ont dû repousser jusqu’au 31 août toute arrivée de renforts provenant du marché des transferts, et ont dû composer pendant un mois uniquement avec les joueurs déjà au club l’année précédente, dont un bon nombre de jeunes éléments promus des équipes U19 et de la réserve. Autant dire que la différence de niveau était énorme pour les Bakwa, Mwanga, Bokélé, Delaurier-Chaubet ou encore Ekomié, tous propulsés dans le onze de départ pour la première journée contre Valenciennes (0-0). Un départ plus qu’honorable pour cette très jeune équipe (qui comptait également Tom Lacoux au milieu de terrain), suivi d’un succès fondateur.
Des difficultés quand l’équipe est menée au score
Une victoire 3-0 sur la pelouse de Rodez, avec des buts de l’international Danylo Ignatenko, de la révélation Dilane Bakwa et du très jeune Marvin de Lima à la 90e minute. Une victoire aussi brillante qu’inattendue, car Bordeaux n’avait encore qu’un effectif très limité. Pourtant, le FCGB va faire preuve de beaucoup de qualités et ne perdre que deux de ses treize premières rencontres (contre Guingamp, qui avait très bien débuté, et à Saint-Étienne), se positionnant déjà dans le tant convoité top 2 malgré tous les problèmes connus pendant l’été. Cette adversité, diront certains médias bordelais observateurs, aura peut-être soudé un collectif renforcé par les méandres de l’été et l’euphorie de pouvoir redémarrer en Ligue 2. Une relativement courte période de doute s’installe ensuite, avec des défaites à Nîmes et au Havre et un match nul à domicile contre Pau (1-1), démontrant toutes les difficultés de l’équipe a s’imposer quand elle est menée au score. Un point faible qui va s’avérer être la raison pour laquelle Bordeaux ne parviendra pas à conserver sa deuxième place en fin de saison.
Car quand tout se passe bien, c’est à dire la majorité de l’année pour les Girondins, peu d’équipes sont capables d’inquiéter la défense de fer composée de Gregersen et de Barbet la plupart du temps, qui a pris le relais d’un Junior Mwanga très efficace depuis juillet 2022. Mais après avoir concédé l’ouverture du score, Bordeaux panique, se précipite et perd des points malgré sa domination. La première fois qu’il y parvient, contre Amiens le 27 février grâce à un finish absolument fou et des buts de Badji (ex amiénois) et Fransergio dans les 15 dernières minutes, peu de supporters y croyaient. En dehors de cet exploit, les Marine et Blanc n’ont montré que trop rarement leur capacité de réaction et ont logiquement dû lâcher des points contre Metz (3-0, après l’expulsion de Poussin) et Annecy (1-0), qui avait pourtant ouvert le score à la 9e minute. La faute peut-être à un manque de créativité régulièrement souligné, notamment dans un milieu de terrain qui ne fait pas assez de différences. Malgré tout, en partie grâce à leur buteur attitré Josh Maja (16 réalisations, 6 assists), les Girondins restaient en lice pour la montée à la 38e journée, même s’ils avaient basculé à la 3e place pour la première fois depuis la 23e journée*.
*Bordeaux n’a passé que 12 journées hors du top 2, dont 7 pendant la phase aller.
L’avenir sportif des Girondins dépendra des décisions hors-terrain
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C’était sans compter sur le scénario imprévisible de cette ultime journée contre Rodez, qui se déplaçait pour jouer sa survie dans un stade survolté. 42 000 supporters – et une ambiance comme on en a rarement vu en Ligue 2 – étaient prêts à les accueillir et à encourager leur club pour un match ou il fallait faire un meilleur résultat que Metz, ou rattraper quatre buts au goal average. En d’autres termes, il fallait s’imposer avec une très grosse marge. C’est peut-être cette atmosphère électrique, mais plus concrètement une passivité de la sécurité, très peu vigilante quand un individu proche du groupe Ultramarines descend sans difficulté sur la pelouse et pousse le groupe de joueurs de Rodez qui célébrait le but de Lucas Buades à la 27e, qui a fait que Bordeaux allait rester parmi nous une saison de plus. Le joueur, visiblement touché à en croire les rapports de plusieurs médecins, a dû quitter le terrain, contraignant l’arbitre à interrompre dans un premier temps la partie avant d’y mettre un terme définitivement ! Cette soirée, qui aurait pu être mythique pour tous les supporters bordelais, vire au cauchemar. Non pas à cause d’une défaillance collective, mais d’un acte isolé.
Défendant ses intérêts, le président Gérard Lopez a donc voulu se faire entendre auprès des instances et a clairement demandé que le match soit rejoué, comme cela a pu être fait à plusieurs occasions en Ligue 1. Mais la jurisprudence ne s’est pas appliquée, la LFP considérant qu’il était impossible de jouer un match après le multiplex, une fois les résultats des neuf autres matchs connus. Bordeaux ne peut s’en prendre qu’à lui même pour avoir négligé sa sécurité et lâché autant de points en cours de saison, comme à QRM ou à Annecy quelques jours auparavant. Malgré tout, difficile de dire que la saison est une déception sur le plan sportif tant l’équipe partait de loin, tant elle a dû s’appuyer sur des joueurs inexpérimentés et des éléments qui sortaient d’une très mauvaise saison de Ligue 1. Le renouveau de Bordeaux a été réussi de manière admirable, le club renouant ses liens avec les supporters, prenant un virage majeur de la meilleure des manières. Attention désormais à ne pas rater le prochain.
Car pour l’heure, il est très difficile de dire précisément à quoi ressemblera l’équipe de Bordeaux la saison prochaine. Le passage devant la DNCG se rapproche et boucler un budget colossal pour une nouvelle saison en Ligue 2 s’annonce très complexe. Sud Ouest estime que le timing est trop serré pour voir les ventes de quelques joueurs bordelais renflouer les caisses avant l’audience et, si Gérard Lopez et sa société Jogo Bonito peuvent eux-mêmes injecter l’argent manquant (près de 40 millions d’euros), l’hypothèse de devoir retourner en appel devant le gendarme financier prend de l’ampleur. Avec une petite satisfaction tout de même : la rétrogradation administrative (qui avait été prononcée l’année dernière avant d’être annulée quelques jours avant le début du championnat) ne semble plus à l’ordre du jour.
Reste que l’effectif va être chamboulé, avec la vente plus que probable de quelques éléments parmi les plus prometteurs, de quelques gros salaires au club et peut-être même des cadres qui voudront partir s’ils n’ont pas la garantie de pouvoir jouer le top 2 ou au moins le top 5 en fin de saison. Beaucoup de choses vont dépendre des potentielles restrictions imposées par la DNCG et de si Bordeaux doit vendre Bakwa, Mwanga, Bokélé, Gregersen et consorts, le tout en étant déjà presque assuré de perdre son avant-centre Josh Maja sans indemnité. Beaucoup de clubs concurrents vont encore vouloir accéder à l’élite (il y aura jusqu’à trois montées cette saison, grâce au retour des barrages), et les Girondins ne sont pas les mieux placés à l’heure actuelle pour y figurer. Mais ils ont aussi déjà prouvé cette saison qu’ils avaient de la ressource et pouvaient revenir sur le devant de la scène, même quand personne ne les y attend.
Photo Romain Perrocheau/FEP/Icon Sport
je ne comprend pas trop les journalistes parlent de Bordeaux encore en ligue 2 pour la saison 2023/2024 est-ce qu'ils auraient dejà 'info comme quoi bordeaux aurait obtenu le feu vert de la DNCG malgrés les dettes faramineuses la logique et l'ethique sportive voudrait que la commission de la DNCG e tienne pas compte du nom de Bordeaux et juge sur les faits