C’est un pied gauche comme la Ligue 2 n’en avait pas vu depuis longtemps. Celui d’un talent pur, d’un maître-artificier, capable de fulgurances magnifiques. Yassine Benrahou est un game-changer. De la race des joueurs décisifs, de ceux qui font basculer le match. Le milieu de terrain offensif est dans une forme éblouissante en ce début de la saison, et c’est tout le NO qui se félicite que le joueur de 22 ans soit resté cet été. Car il fait partie des candidats programmés pour partir, un jour ou l’autre… Alors quand le club gardois a été relégué en Ligue 2, lui comme Zinédine Ferhat ou Renaud Ripart ont forcément attiré les regards. Pour l’instant, le joueur formé à Bordeaux, arrivé à Nîmes en prêt en 2019, puis resté en 2020 (option d’achat à… 1,5 million !), est toujours là. Et bien là.
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En effet, depuis le coup d’envoi de la Ligue 2, Benrahou est le joueur le plus décisif du championnat. Rien que ça ! Le numéro 22 des Crocos est impliqué sur… 7 des 8 buts gardois ! Un chiffre fou, qui tiendrait presque de la dépendance, si le meneur ou ailier n’était pas accompagné par l’excellent Eliasson. Les deux gauchers s’amusent à deux, comme la victoire à Dunkerque l’a prouvée. Derrière Benrahou, le trio Fomba-Cubas-Ponceau ratisse, et se projette. Ce qui permet tantôt au joueur d’étirer le jeu et partir de son aile, ou de se retrouver au cœur du jeu à la baguette. Peut-être aussi délesté de quelques courses défensives, vu l’abattage d’un Lamine Fomba.
Benrahou, pur créatif, décisif
Avec ces 7 actions décisives, ce sont 88% des buts nîmois dont l’offensif est à l’origine. Avec son pied gauche, l’excentré est en mesure de trouver toutes les zones. Ses coups de pied arrêtés, qu’ils soient directs ou indirects, sont souvent très dangereux. Il est étrange de voir que Bordeaux a laissé partir un tel joueur, même s’il était plus jeune, lors de son prêt puis de son départ dans le Sud. Aujourd’hui en Ligue 2, YB10 avait pourtant montré une partie de tout son potentiel en L1… Cette année, il est aussi l’élément qui crée le plus en L2. 20 dernières passes avant un tir, c’est le tarif pour l’auteur de quatre passes décisives en cinq matchs, tout simplement. Benrahou est de plus le plus gros centreur de la division, et celui qui trouve le plus ses coéquipiers à la retombée, stat bien plus importante (même si son ratio est moins bon que Youssouf M’Changama : 40 centres/16 réussis, contre 31/16). En ajoutant à cela ces trois buts, et surtout en regardant la tronche de ceux-ci, nul doute à avoir : Yassine Benrahou est bien un top player.
Un enfant de Blanc-Mesnil, Bondy, et Bordeaux !
Une réussite que ses éducateurs ont pu entrevoir dès ses débuts. Né à Blanc-Mesnil, il y a en ainsi un passage qui fait date dans la carrière du joueur. Avant de partir à 14 ans vers Bordeaux, le jeune Yassine « échoue » à l’AS Bondy, avec… Kilian Mbappé, Jonathan Ikoné, ou Metehan Guçlu. Pas moins. Il racontait cela, encore chez les Girondins, à FootMercato : « Lors d’un tournoi à Caen, avec l’AS Bondy, le coach des U13 m’avait pris dans l’équipe avec Kylian. J’étais surclassé pour disputer le tournoi avec eux, mais on avait rapidement été éliminés. Nos U11 étaient parvenus en demi-finale et alors que tout le monde était venu les soutenir, le papa de Kylian, coach à Bondy, nous cherchait. On était les deux seuls absents, occupés à tirer des coups francs sur un terrain annexe. Dans notre monde, on voulait juste jouer. »
Un passionné de football
L’amour du jeu, et du football ont toujours guidé Yassine Benrahou, travailleur à l’école, comme avec ses éducateurs et entraîneurs, équilibré en tout. Bosser l’exercice des coup-francs dès 11-12 ans avec Mbappé a par exemple visiblement servi au joueur des Crocos, vu sa réussite et sa dangerosité sur cette phase de jeu. Désormais, Benrahou espère faire remonter Nîmes en Ligue 1, un championnat où il aurait sa place à part entière. En attendant, il fait le bonheur de son entraîneur, Pascal Plancque ! « On est obligé de constater que Benrahou est déterminant ». Et même un peu plus que ça.
Le mot de la fin revient au joueur, qui s’exprimait dans les colonnes du Midi Libre sur son parcours, et l’année de Ligue 1 ratée. « C’était une saison compliquée l’an passé, pleine de rebondissements, avec des facteurs qu’on ne contrôle pas même si je ne veux pas me cacher derrière. Il faut regarder devant. J’ai à cœur de montrer que c’était un accident. Je peux mieux faire. Continuer à travailler, c’est le mot d’ordre. Je suis là pour aider l’équipe et je travaille vraiment pour elle. Sur mon poste, de meneur à ailier droit, dans le football moderne, il faut s’adapter et c’est ce que j’essaie de faire. Je suis à fond dedans ». Une implication teintée de passion qui se retrouve dans les stats, et se voit sur le terrain. A fond dedans, oui, personne ne dira le contraire.
Photo FEP / Panoramic / Imago.