Le RC Lens, Valenciennes, et plus généralement la France du football est en deuil. Ce vendredi, Daniel Leclercq, ancien joueur et coach du RCL est décédé en Martinique à l’âge de 70 ans des suites d’une embolie pulmonaire. Rapidement, les hommages envers « Le Druide » se sont multipliés. Son ancien président Gervais Martel, ou ses anciens joueurs Guillaume Warmuz et Yoann Lachor, champions de D1 en 1998 sous sa direction, se souviennent.
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Guillaume Warmuz (ancien gardien de Lens) à l’AFP
« On est bien triste. Ma journée devient bien triste. C’est, tout à coup, une journée où de nombreux souvenirs remontent à la surface. Daniel est un personnage atypique, avec son histoire du Nord de la France, son parcours de joueur. Il est arrivé en 1997, comme adjoint avec Roger Lemerre à Lens. Il a pris l’équipe à l’été 1997, et cela a été une découverte de sa personne, de sa personnalité. En 1990, on était dans un football de réduction de l’espace, plus tactique. Lui avait l’idée d’un football panache. Cela a été révolutionnaire. On l’a un peu regardé avec des yeux bizarres. Il voulait gagner à sa façon, partout. En même temps, c’est grâce à ses idées, à ce qu’il était, que le club a gagné ses 2 seuls titres de son palmarès.
C’est le genre de personne très pénible à vivre au quotidien, car très exigeant. Quand vous êtes dedans, vous en avez marre car il n’est jamais content. Il a une dimension humaine. Il sait lever le pied, être une bonne personne. Il avait une vision claire des situations. En janvier 1998, il nous a demandé chacun dans le vestiaire si on voulait être champion de France. Individuellement. Il avait ça au fond de ses tripes. Les artistes ne sont jamais contents de ce qu’ils font (…). Une fois, on joue à Nancy, on mène 2-0. Nancy est à 10. On fait tourner, on garde la balle. On maîtrise le jeu. On regarde sur le banc. Il avait disparu. Il voulait que l’on marque 2 buts dans les 10 dernières minutes. Ensuite, au Havre, on mène 1-0, on avait pris la foudre. A la pause, je suis en train de parler avec mes défenseurs : « On reste bien en place, on ferme les espaces ». Il écoute ce que l’on dit et il ne devient pas content : « Pourquoi voulez-vous jouer défensif ? Il faut marquer le 2e et le 3e ! » »
Gervais Martel (ancien président de Lens), à L’Équipe
« C’était un homme intransigeant. Avec tout le monde. Mais je n’ai pas connu de grands entraîneurs qui ne l’aient pas été. Même avec moi. Des fois, étant donné nos deux caractères, on avait des prises de bec, mais il aimait tant le football, le jeu. Le beau jeu. Je me souviens que lors des causeries d’avant-match, il ne parlait jamais de l’équipe adverse. Seule son équipe l’intéressait. Le jeu, c’était sa vie. Toute sa vie. C’était un gars exceptionnel qui puait le football. Il sentait les choses.
L’année du titre, on dispute un match à Bollaert contre Cannes. On mène rapidement 4-0 après vingt minutes de jeu puis Cannes marque un but avant la mi-temps. Dans le vestiaire, Daniel a pourri les joueurs leur expliquant qu’ils ne respectaient pas les consignes, qu’ils faisaient n’importe quoi et que si cela continuait ainsi, cela allait finir à 4-4. Sur le coup, je me suis dit, il y va fort là. Mais c’est ce qui s’est passé. Cannes est revenu à 4-4 et il a fallu un penalty de Ziani à la 79e minute pour qu’on l’emporte. Il avait tout vu, tout compris. »
Yoann Lachor (ancien défenseur de Lens), sur le site officiel du RCL
« Sa disparition est une grande tristesse pour tout le monde, pour moi. Je retiens tous les moments de partage que l’on a eus. Mon parcours est étroitement lié à Daniel. C’est lui qui m’a élevé en formation et qui m’a permis d’être joueur professionnel. Daniel était passionné par le football et le Racing Club de Lens. Il voulait le meilleur pour le club et les joueurs. C’est pour cela qu’il était extrêmement exigeant. Ça lui a donné une image de quelqu’un d‘un peu bourru et énervé mais c’était parce qu’il voulait le meilleur pour les gens. Ils les aimaient. »