C’est un club qui ne fait pas de bruit, mais qui progresse année après année, au point d’être aujourd’hui en Ligue 2. Avec un début de saison intéressant (4 points pris sur 6) alors qu’il ne peut pas jouer dans sont stade, Rodez est fascinant. Découverte de ce club qui évoluait en N2 il y a encore deux ans.
C’est un temps que les moins de trente ans n’ont pas connu, Rodez en deuxième division. La dernière fois, c’était en 1993. À l’époque, il y avait 36 clubs engagés séparés en deux groupes et la victoire ne rapportait que deux points. Depuis, tant d’évolutions ont été effectuées dans le règlement, et de son côté, le RAF s’est baladé, passant du CFA au CFA2 (entre 2001 et 2004), faisant aussi une escale en National. Quatre saisons relativement compliquées (de 2007 à 2011) avec une treizième place au meilleur des cas, mais aussi un quart de finale de Coupe de France face à Rennes (défaite 2-0, 2009). Bref, un club comme tant d’autres, qui ne fait pas de bruit. « C’est vrai que c’est familial ici. On n’est pas comme Le Mans ou Grenoble par exemple, avec une grosse demande, on reste assez protégé, même si aujourd’hui on est plus sollicité » explique, sourire aux lèvres, Aurélien Tertereau, milieu ruthénois, à MaLigue2.
Peyrelade, l’homme fort du projet
Logique, car Rodez a bien évolué. Proche de la relégation en CFA2 fin 2016, repêché in extremis, le club s’est structuré, pour retrouver, depuis deux semaines maintenant, le deuxième échelon du football français. « C’est une véritable politique mise en place par le club depuis plusieurs saisons, raconte Emmanuel Moine, commentateur sur FFF TV, qui a suivi les deux dernières saisons le parcours de Rodez. Ils ont par exemple souhaité prendre des joueurs de la région, et non pas des têtes d’affiche. Au sein du club, il y a eu une vraie structuration, qui fait qu’ils étaient déjà prêts à monter en Ligue 2, au moment de débuter la saison en National. À part pour leur stade bien sûr ».
Une politique intelligente qui se base aussi sur la confiance. Preuve en est, la majorité des joueurs du sacre de l’an passé ont été reconduits cette année. Ce qui n’a pas empêché le RAF de prendre quatre points sur les six possibles. Autre marque de confiance, envers l’entraineur, Laurent Peyrelade. Arrivé en 2015, il aurait pu quitter le navire un an après son arrivée, quand sportivement son équipe n’a pas pu se maintenir en CFA. L’aventure prolongée, il est depuis la pierre angulaire du projet du club de l’Aveyron. « C’est fort ce qu’il a mis en place depuis quatre ans, poursuit Aurélien Tertereau. Il a façonné cette équipe avec des principes forts. Ce n’est pas toujours simple pour les nouveaux joueurs d’intégrer l’équipe. On les aide pour cela, pour inculquer nos idées ». Quels sont ces principes justement ? « Un collectif qui est difficile à bouger, c’est très volontaire. Et puis ça part très vite en contre. Prenez l’exemple de la première journée contre Auxerre (victoire 2-0), ils ont fait du Rodez. Il marque vite et après leur moitié de terrain est inaccessible » détaille Richard Déziré, l’entraîneur manceau, qui a connu Laurent Peyrelade l’an passé pour son passage du BEPF (entraîneur de football professionnel).
« Ça pourrait être la belle surprise de la saison »
Un collectif sans star, on l’aura compris. Même si le mercato n’est pas terminé, Rodez n’a pas vraiment eu la main lourde. D’un collectif sans grande expérience à la base, aucun vieux briscard n’est venu rejoindre la formation rhuténoise. « Il en manque sans doute, et c’est possible que ça les fasse pécher quand l’hiver va arriver. Surtout que tu perds Mellot (à Guingamp) et David (à Chambly) deux joueurs importants de ton collectif l’an dernier » poursuit Emmanuel Moine.
« Après nous avons des qualités, on est solidaire et c’est un collectif Rodez, pas des individualités, liste Aurélien Tertereau. Tous on va se sacrifier, nous avons une bonne défense (meilleure de National l’an passé et encore aucun but encaissé cette saison) et si on veut se maintenir ça passera par là. Même si tout le monde nous a promis l’enfer et les spécialistes sont unanimes sur le fait qu’on va faire l’ascenseur ». Également entraîneur de Ligue 2, Richard Déziré a un avis différent. « Pour moi, ils peuvent se maintenir et ça pourrait même être la belle surprise de la saison ».
Pour le moment, les débuts sont prometteurs, mais n’allons pas tirer des plans sur la comète, la saison est encore très longue. Surtout que le stade du RAF, Paul Lignon ne sera disponible qu’à la fin du mois d’octobre minimum. « Il nous manque un peu, mais on ne pouvait pas rêver mieux que d’aller dans un stade de Ligue 1, comme est le Stadium de Toulouse (les deux villes sont séparées de 150 kilomètres) ». Un stade qu’ils retrouveront ce vendredi soir, à 20h, pour la réception du Paris FC.
Crédit photos © RAF