Et pourtant, après 5 journées de championnat, les supporters lensois pensaient enfin tenir le début de saison qu’il leur fallait pour réussir un championnat serein et monter en Ligue 1 à la fin de l’année sans trop de difficultés. Un début de saison à l’exact opposé de celui, cauchemardesque, de l’an passé où les Lensois avaient dû attendre la huitième journée pour prendre leurs premiers points de la saison, après 7 défaites initiales.
Cette année, avec 13 points pris sur 15 possibles et aucun but encaissé, le RCL semblait enfin parfaitement lancé sur la voie de la rédemption. Mais c’était sans compter sur le mal latent qui touche ce club depuis de nombreuses années : l’impossibilité de Lens à saisir les bonnes opportunités, aussi bien sportives que financières. Ainsi, après désormais 22 journées, les Lensois sont retombés à la 6ème place du classement, mais surtout à 10 points du Stade Brestois, actuel deuxième, dernière place à assurer une place de promu. Et même bien malin celui qui pourrait deviner le score de leur prochaine rencontre du club, car à l’inverse de la Ligue 1 où les pronostics sportifs sont parfois plus évidents, le nivellement des équipes en Ligue 2 rend ce petit jeu très aléatoire.
La faute à qui ? Ça coule de source !
Si vous demandez à un fan du RCL pourquoi un club avec un aussi fort soutien populaire, une riche histoire, un stade important et des moyens honnêtes a pu sombrer à ce point sans parvenir à remonter la pente, beaucoup vous diront que c’est la faute de… Guy Roux ! À l’été 2007, alors que les résultats sportifs sont au beau fixe puisqu’ils n’ont plus terminé au-delà de la huitième place depuis 6 saisons, les dirigeants du RCL vont sortir Guy Roux de sa retraite pour reprendre les rênes du club, alors qu’il est âgé de 68 ans. Après un imbroglio juridique au cours duquel le président Nicolas Sarkozy lui-même interviendra en faveur du coach emblématique de l’AJ Auxerre, Guy Roux prendra officiellement les commandes de Lens en début de saison.
La suite de l’histoire est plus qu’amère et se termine tout aussi mal qu’elle avait commencé. Guy Roux démissionne après 5 matchs, prétextant une mauvaise santé (et de mauvais joueurs !!) et sera remplacé par un Jean-Pierre Papin inapte à construire une équipe ou créer un plan de jeu. Ces deux erreurs de casting du président historique Gervais martel coûteront très cher au club qui sera relégué à l’issue de la saison. Depuis le club est toutefois remonté 2 fois en Ligue 1, mais est redescendu presque aussitôt, la faute à des moyens fortement diminués par cette descente inattendue en 2008 qui a plongé le club dans le rouge. Entre Guy Roux, un entraîneur incapable de coacher un club autre que l’AJ Auxerre, et Jean-Pierre Papin, un entraîneur incapable de coacher un club tout court, l’échec était la seule issue possible.
Des hommes providentiels pas si providentiels que cela
Mais si le RCL n’est pas parvenu non plus à retrouver un niveau suffisant depuis plus de 10 ans, quand des clubs comme Strasbourg ont connu bien pire et s’en sont pourtant remis, c’est aussi pour une santé financière défaillante, et un nombre improbable de retournements de situation et de problèmes avec différents repreneurs et en particulier l’homme d’affaires azerbaïdjanais Hafiz Mammadov, passé du statut de sauveur à ses débuts à celui qui a failli tuer le club.
Lors des 7 dernières années, le nombre de propriétaires, d’actionnaires principaux, de présidents ou de directeurs sportifs qu’a connu le club est d’une ridicule ampleur. Entre Gervais Martel qui avait tout misé sur une montée en 2012 pour reprendre les rênes du club, un an après l’avoir vendu au Crédit Agricole, son duo avec Mammadov qui aura fonctionné jusqu’à la ruine de l’azerbaïdjanais ou l’arrivée improbable de l’Atletico de Madrid, en 2016, qui est reparti un an plus tard, la stabilité aura été nulle dans le Pas-de-Calais.
Pas étonnant donc que les résultats ont eu du mal à suivre, car tous ces changements ont bien sûr une forte influence sur le groupe, les joueurs et l’entraîneur. La seule constance aura été le soutien contre vents et marées des supporters, malgré plusieurs ras-le-bol plus que légitimes. Désormais, il paraît bien compliqué de discerner quelle trajectoire suivra le RCL dans cette deuxième partie de saison et les années suivantes.
Chaque année ou presque voit un nouvel homme fort arriver à Lens, et orienter le club vers une politique sportive différente. Le remplacement de Sikora par Montanier l’été dernier en est une des dernières preuves, et procure un triste pressentiment que les galères ne sont pas encore terminées pour les Sang & Or.