AS Nancy Lorraine

Le maintien, le mercato raté, l’arrivée d’Alain Perrin, son éviction de Nancy… Entretien ML2 avec Didier Tholot !

La saison dernière, Didier Tholot a repris l’AS Nancy-Lorraine à sept journées de la fin et a réussi la mission sauvetage qui lui était confiée. Mais le départ catastrophique en Ligue 2, les 7 défaites consécutives sans le moindre but marqué et la place de lanterne rouge du club n’ont pas permis à l’entraîneur de poursuivre au-delà de la 12e journée de Ligue 2. Quelques semaines après son départ, Didier Tholot a accepté de se confier à MaLigue2. « J’attendais que l’ASNL retrouve un résultat positif avant de m’exprimer », nous a-t-il précisé en préambule de notre entretien.

Maligue2 : Didier, la saison dernière, vous reprenez le club dans une situation de relégable à 7 journées de la fin. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce challenge ?

Didier Tholot : Parce que Nancy, c’est Nancy ! C’est un grand club, avec des excellentes infrastructures, et j’ai eu des bons rapports tout de suite avec le président Jacques Rousselot. J’avais déjà eu des contacts un peu plus tôt pour y aller en janvier, et je pensais sincèrement que l’équipe pouvait se maintenir. D’ailleurs elle l’a prouvé. Dans ce métier, il faut savoir prendre des risques. Oui, la mission était difficile, mais il fallait prendre ce risque de se lancer.

Comment avez-vous su redonner confiance au groupe pour lui permettre d’éviter au final les trois dernières places du classement ?

Comme j’avais eu des contacts en janvier, j’avais déjà bien étudié l’équipe. J’ai relancé quelques joueurs en qui on ne croyait plus trop, j’ai bougé de positions certains autres. Devant, Arnaud Nordin et Youssouf Hadji ont su être performants pour nous aider à concrétiser et à se maintenir aussi. On ne pratiquait pas le meilleur des footballs, mais au moins on était cohérents dans ce qu’on proposait. Il y avait déjà une équipe qui ne pouvait plus rien faire, c’était Tours. Or, nous nous devions d’y croire et j’ai emmené tout le monde derrière cette idée du maintien.

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Une fois le maintien acquis, avez-vous hésité à prolonger l’aventure ? Avez-vous eu des garanties, notamment sur le mercato, pour ne pas revivre une saison aussi difficile en bas de tableau ?

On naviguait entre deux eaux à l’issue de la saison… Je suis même remonté de Bordeaux pour discuter, oui. Le club devait être vendu à la base. Finalement, ça a pris du retard et ça nous a obligé à faire le recrutement en deux étapes. D’abord dans le secteur défensif (Seka, Da Cruz par exemple), puis le secteur offensif. Sauf que par manque de moyens, nous n’avons pas pu nous renforcer en attaque et faire ce qu’on avait prévu. On a pris du retard dans le mercato, un joueur comme Nordin a finalement fait le choix de rester à Saint-Etienne, ce qui est compréhensible également, surtout qu’il commence à jouer là-bas.

Vous sentiez donc que ça allait encore être compliqué sans ces renforts ?

Oui, on l’a vite senti. Mais bon, pas au point de perdre 7 fois d’affilée sans marquer le moindre but quand même. Quand on ne peut pas recruter, on cherche à faire progresser les joueurs au sein du groupe. Jusque dans les dernière minutes du mercato, on a travaillé sur des dossiers, même dans les vestiaires avant le match contre Châteauroux le 31 août on travaillait encore. Mais quand le mercato n’est pas anticipé… c’est plus compliqué. C’est dur d’avoir des bons joueurs de Ligue 2 sans grands moyens financiers. On ne pouvait faire que des mouvements gratuits. Or, il y a des bons joueurs en N1 ou à l’étranger, mais il fallait l’anticiper. Attention, je ne me dédouane pas, j’ai aussi ma part de responsabilité là-dedans. Mais quand on ne met pas en danger l’équipe adverse, quand on ne lui fait pas mal et qu’on la laisse prendre confiance sans avoir d’attaquants qui pèsent, après on se fait piquer par l’adversaire… On le voit aujourd’hui, cinq buts en 14 journées, c’est trop peu.

« Amine Bassi ? Le football, c’est aussi savoir jouer collectif »

Le jeune Amine Bassi était l’une des révélations la saison dernière, et il joue très peu cette année. Comment expliquez-vous qu’il ne parvienne pas à exploser encore en Ligue 2 ?

Il a le potentiel, c’est certain. Mais le football, c’est aussi savoir jouer collectif. C’est aussi aller au duel… Il a des qualités indéniables, mais maintenant il doit franchir des étapes dans le mental et dans le physique. Après s’être révélé, on commençait à le connaître, et c’est là qu’il faut trouver les ressorts pour rester au top. A lui de franchir les étapes. En Ligue 2, il faut aussi savoir défendre, faire le replacement nécessaire. D’ailleurs, il ne joue pas beaucoup plus avec Alain Perrin, ça ne vient pas seulement de moi.

Justement, parlons de l’arrivée d’Alain Perrin. Il a clamé haut et fort ne plus vouloir entraîner avant de finalement vous succéder…

Quand on est entraîneur depuis de nombreuses années, on le sent venir, même si c’était clair entre nous au début. Ils ont voulu essayer quelque chose, c’est le football, c’est la loi du milieu. Moi, personnellement, si je dis quelque chose, je le fais et je m’y tiens. Maintenant, ce n’est pas à moi de juger. J’ai eu aussi des bons rapports avec le nouveau président Jean-Michel Roussier, je ne suis pas aigri, j’ai rencontré de très belles personnes dans ce club. Je pense que les supporters et le groupe étaient encore derrière moi.

L’ultimatum est-il arrivé trop tôt selon vous alors que Nancy méritait peut-être de gagner à Valenciennes (1-1) avant votre éviction ?

Je ne sais pas… J’ai ma part de responsabilités, l’équipe était dernière. Après, cette responsabilité est partagée avec beaucoup de monde. Quand vous ne marquez pas alors que vous avez essayé toutes les solutions… il n’y a pas de miracle. Après, j’étais quand même persuadé qu’on pouvait y arriver, mais une saison se réussit surtout quand elle est bien préparée en amont.

Un sauvetage de Nancy sans renforts ? « Impossible »

Avez-vous digéré votre départ ?

Je ne digère jamais quand l’aventure s’arrête en cours de route… Je pense qu’on pouvait encore inverser les choses. Mais on connaît la loi, c’est l’entraîneur qui trinque en premier quand les résultats ne suivent pas. En tout cas, j’ai mis toute mon énergie dans ce projet. Les messages de soutien que j’ai reçu après mon départ, même des joueurs qui jouaient moins, prouvent que le groupe était encore derrière moi.

Place à l’avenir désormais, avez-vous envie de rebondir vite dans un nouveau projet ?

Là, je suis redescendu à Bordeaux pour régler quelques affaires. Ensuite, je vais prendre le temps, on va voir. Je ne suis pas tout de suite au taquet, je ne souhaite pas le malheur des autres entraîneurs pour lorgner un poste, ce n’est pas ma façon de penser. Après, pourquoi pas reprendre de nouveau un club en cours de saison si le projet est intéressant. Je l’ai fait deux fois en Suisse et une fois à Nancy, avec la réussite à chaque fois dans ces missions sauvetages. Mais bon, j’espère ne pas être catalogué uniquement comme un sauveteur (rires). J’ai aussi atteint la finale de Coupe de Suisse et on a joué l’Europa League derrière.

Pensez-vous que l’ASNL puisse se sauver sans renforts ?

Impossible. Ce serait trop compliqué. Il faut limiter les écarts jusqu’à Noël. Ensuite, il suffit de pas grand-chose. Deux joueurs sur le front offensif peuvent faire la différence. On l’a vu la saison dernière avec Arnaud Nordin, qui nous a illuminé la fin de saison et qui nous a permis de nous maintenir. En tout cas, une descente serait une catastrophe pour le club et je leur souhaite vraiment de se maintenir de nouveau. Comme je l’ai dit, je ne suis pas aigri.

Propos recueillis par Dorian Waymel

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