Il y a deux ans, Jordan Lefort se révélait en Ligue 2 sous le maillot d’Amiens et participait grandement à la montée en Ligue 1. Mais en 2017-2018, le jeune défenseur a dû refaire un tour dans notre championnat à Quevilly-Rouen Métropole afin de poursuivre son apprentissage et de s’aguerrir. De retour dans le club picard cet été, Lefort s’est pour le moment imposé sous les ordres de Christophe Pélissier. Et on a profité de la trêve internationale pour prendre de ses nouvelles.
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MaLigue2 : Jordan, on peut officiellement dire que tu es un joueur de Ligue 1 désormais !
Jordan Lefort : A partir du moment où j’ai disputé mes premiers matchs dans cette division, oui. Mais bon, il ne faut pas s’arrêter à cela. Dès le premier match, on a rencontré l’OL. Et c’est vrai que j’étais un peu en difficultés pour mes débuts. Au niveau des qualités individuelles, c’était largement au-dessus, du niveau de la Coupe d’Europe, ils étaient meilleurs que nous.
Tu as senti directement une grosse différence avec la Ligue 2 ?
Oui ! Les prises de décisions doivent se faire beaucoup plus rapidement. Des fois, tu as l’impression que tu as le temps, mais ça vient à 1000 à l’heure. Et puis au niveau technique, tactique, collectif et individuel, c’est un autre monde. Déjà en Ligue 2, la moindre erreur se paie cher. Mais là, c’est encore pire ! La grosse différence aussi, c’est tout ce qui concerne les phases de transition. A la perte du ballon, les équipes en Ligue 1 se projettent super vite vers l’avant. Après le premier match contre l’OL, je n’ai pas joué la deuxième journée. J’ai su me remettre en questions. Puis il y a eu cette belle victoire contre Reims (4-1) où je glisse une passe décisive, puis ce déplacement à Saint-Etienne (0-0). Un stade mythique, avec un super public, c’était encore une équipe de très haute qualité.
Tu avais participé à la montée il y a deux ans, et on t’avait senti frustré au départ de devoir retourner une saison de plus en Ligue 2 en prêt à QRM, non ?
Oui forcément, il y avait un peu de frustration parce que je m’étais révélé avec Amiens pour ma première saison en Ligue 2. Mais en Ligue 1, j’étais promis à avoir beaucoup moins de temps de jeu, et je n’avais pas envie de faire une saison en réserve en National 3. Ce prêt était finalement à mon avantage. J’ai pu jouer 37 matchs de championnat, faire une saison pleine. Je suis revenu cet été avec d’autres arguments à faire valoir.
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« Ça m’a fait beaucoup de bien de partir de mon cocon »
C’est vrai qu’au niveau personnel, le contrat a été rempli avec ses 37 matchs joués…
J’ai vraiment pu progresser. Et je pense que ça m’a fait beaucoup de bien de partir de mon cocon. Ca faisait déjà 6-7 ans que j’étais à Amiens, et c’était une super expérience de découvrir autre chose. QRM est un club très familial, le coach m’a donné une énorme confiance et j’ai essayé de lui rendre au maximum sur le terrain. C’était une année de plus de L2 pour m’aguerrir, je suis revenu à Amiens avec 65 matchs dans cette division dans mes bagages. Et je remercie encore une fois Emmanuel Da Costa, l’entraîneur de QRM, pour toute cette confiance accordée.
Malheureusement sur le plan collectif, cette saison a été ternie par la relégation en N1…
Même si je n’étais que prêté, je me suis beaucoup investi dans ce club. Après, je pense qu’il y avait encore quelques problèmes d’infrastructures pour ce niveau, le club était passé très rapidement du CFA à la Ligue 2. Mais les dirigeants ont fait le maximum pour qu’on puisse se sauver. Après, je pense qu’on a manqué de réussite sur certains matchs cruciaux. Nous ne devions jamais perdre certaines rencontres, et au final ça n’a pas tourné en notre faveur. J’ai gardé encore beaucoup de contacts dans ce club, je vais d’ailleurs voir jouer QRM ce vendredi (date de l’interview, ndlr) contre Chambly en championnat !
« Le coach a vu que j’étais prêt à intégrer un groupe de L1 »
Quel a été le discours de Christophe Pélissier lors de ton retour à Amiens cet été ?
C’est lui qui avait donné son accord pour que je prolonge avant de partir en prêt et il m’a suivi. Il a vu que j’étais prêt à intégrer le groupe en Ligue 1. Evidemment, il ne m’a pas dit que je partais numéro 1 ou quoi que ce soit. Que ce serait à moi de saisir ma chance quand j’aurais l’opportunité de jouer. Pour le moment, j’évolue arrière gauche et je donne le maximum. Il y a plus de concurrence, chaque poste est doublé désormais. Je trouve qu’on a beaucoup de qualités au sein de l’effectif, avec l’expérience d’une saison en L1 dans les jambes. Et puis quand on voit que le club peut recruter le Brésilien Ganso, ça prouve qu’il a de l’ambition. Pas de jouer les 5-6 premières places bien sûr, mais de tenir un rôle important dans ce championnat. Il faudra acquérir le maintien le plus vite, et le groupe est équilibré pour cela.
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Quelle sont tes attentes pour cette saison ?
Je découvre la L1, donc je prends tout ce qu’on me donne. Je peux jouer à n’importe quel poste et je n’ai pas la prétention de me considérer comme un numéro 1 à un poste particulier. Je veux essayer de jouer le plus de rencontres possible et de tout donner.
Il y a un match un peu plus particulier que les autres en L1, c’est celui contre le PSG. Cavani, Neymar, Mbappé… pas de quoi faire peur au défenseur que tu es ?
Contre l’OL, je me disais déjà que ça allait vite avec Bertrand Traoré en face. Donc là, avec Mbappé, ça risque d’être encore plus compliqué. Si j’ai la chance d’être sur le terrain, je ferai tout pour faire un bon match, mais je n’y pense pas encore vraiment. Contre lui et sa vitesse, ça peut être très, très dur. Après, c’est le genre de confrontation qui fait progresser, même si ça peut vite tourner aussi au cauchemar si c’est trop long (rires).
Propos recueillis par Dorian Waymel