Alors que le championnat de Domino’s Ligue 2 est officiellement terminé, deux formations peuvent encore rêver de monter en Ligue 1 à la faveur des play-offs puis des barrages : l’AC Ajaccio et Le Havre AC. Avant cette rencontre, Samuel Ollivier et Robert Malm, qui commentent toute la saison sur les antennes de beIN Sports, dressent leur bilan du championnat, et évoquent justement ces dernières échéances de 2017-2018.
ML2 : Samuel, Robert, qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit au moment de vous retourner sur cette saison de Domino’s Ligue 2 écoulée ?
Robert Malm : La domination de Reims sur ce championnat. Je ne sais pas si une équipe avait déjà autant dominé sur l’ensemble d’une saison. La dernière en termes de points, c’était Lille en 1999-2000 avec 83 points (Reims en a obtenu 88 cette saison, ndlr). Ils l’ont fait en plus d’une fort belle manière. Ils ont su mettre beaucoup de buts, et surtout en encaisser peu.
Est-ce que vous pensiez que Reims allait autant dominer avant le coup d’envoi de la saison ?
RM : Non, pas le dominer de cette manière-là, car on était un peu resté sur notre faim lors de la fin de saison précédente. Finalement, le groupe de cette année était presque similaire, à l’exception de 3 ou 4 éléments. Mais il y a eu plus d’intensité, d’efficacité. Je m’attendais plus à voir d’autres équipes se mêler à la lutte plutôt que de voir Reims survoler le championnat comme cela.
Samuel Ollivier : Pour revenir à la première question, les deux mots que j’emploierai pour qualifier la saison écoulée, ce sont le suspense et le côté inattendu du championnat. Le suspense parce que jusqu’à la dernière journée, 7 équipes jouaient encore quelque chose en haut comme en bas. Et inattendu parce qu’on a eu Lens, Auxerre, Lorient et Nancy qui ont complètement manqué leur saison. On les attendait dans la bataille pour jouer au moins les barrages, voire la montée directe pour Lorient par exemple. Et c’est ce que j’ai aimé dans ce championnat. Chaque week-end, tout était remis en question par des résultats inattendus. La conséquence de cela, ça a été le suspense total jusqu’au bout, comme les dernières saisons. C’est une particularité de la Ligue 2, qu’on ne retrouve pas toujours en L1, ni dans les autres championnats européens. Et c’est pour cela que j’aime couvrir ce championnat.
Malm : « Je reste persuadé qu’à terme, il n’y aura plus que 2 montées en L1 »
L’instauration des play-offs a pu entretenir ce suspense, puisque Reims a vite validé sa montée, puis Nîmes aussi avant la 38e journée.
RM : Non seulement ça a permis d’entretenir le suspense, mais ça a aussi permis à plus d’équipes d’avoir de l’enjeu jusqu’au bout. Derrière Reims, et Nîmes, sept ou huit formations rêvaient encore de L1 avant les dernières journées. Ce que je retiens, c’est que ça fait trois saisons pleines où le suspense est présent jusqu’au bout. Et on joue les prolongations là avec les play-offs.
Lors de votre bilan de mi-saison Robert, vous n’étiez pas vraiment favorable aux play-offs, car vous disiez qu’à terme, cela mènerait à ce qu’il n’y ait plus que deux montées de la Ligue 2 vers la Ligue 1. Avez-vous changé d’avis après avoir commenté le premier play-offs entre Le Havre et Brest (2-0) ?
RM : C’est bien pour le suspense oui, mais je ne me renie pas. Et je reste persuadé qu’à terme, on arrivera à deux montées sèches. C’est le parcours du combattant pour le 5e. Jouer deux matchs supplémentaires en fin de saison, je ne sais pas si les gens s’en rendent bien compte, mais c’est quelque chose d’assez important.
SO : On a déjà senti beaucoup de fatigue des deux côtés quand on a commenté HAC-Brest. Dans le dernier quart d’heure, ils étaient au bout de leur saison. Brest était mené 1-0 mais n’avait pas l’énergie d’attaquer pour égaliser. Il y avait clairement un manque de fraîcheur. Et ça risque de se payer au bout de ce mini-tournoi à trois équipes avant d’affronter le 18e de L1.
RM : Même les Havrais ont fini « carbo » ce match contre Brest. Je l’ai dit à l’antenne, mais imaginez s’il y avait eu une prolongation lors de ce premier play-off ? Une demi-heure de plus, de la fatigue en plus, avant un voyage à Ajaccio…
SO : Il y a vraiment deux aspects à prendre en compte pour ces play-offs. L’aspect spectacle, auquel beIN contribue par la retransmission des rencontres avec un dispositif très puissant, est positif. En revanche, l’aspect sportif est plus discutable, car l’équipe qui représentera la Domino’s Ligue 2 sera mise dans une situation inconfortable pour affronter le 18e de L1.
Le FC Lorient lui n’a même pas eu l’occasion de participer aux play-offs. Pour la première saison de Mickaël Landreau sur le banc, comment qualifieriez-vous cette saison des Merlus ?
RM : Ce n’est pas la première année sur le banc de Landreau qui me déçoit, c’est la saison de Lorient dans son ensemble qui est décevante. Avec cet effectif… cette équipe-là aurait dû être au niveau de Reims selon moi. On aurait dû avoir un match à 5-6 pour la montée avec les autres grosses écuries comme Lens ou Nancy. Je suis déçu de la saison de Lorient dans son ensemble, pas seulement du bilan de Mickaël Landreau, c’est un tout. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’ils n’avaient pas digéré la descente, pour moi ce n’est pas cela.
SO : C’est toujours difficile de remonter directement en L1. Mais je trouve que la saison de Lorient est un échec. Avec un tel effectif, de tels joueurs, qui sont à toutes les lignes au-dessus des autres de L2, ne pas terminer dans les deux premiers, et encore pire barragiste, c’est un échec. Après, je pense que ça va demander une remise en question de la part de l’entraîneur. Il a fait sa première saison, elle n’est pas couronnée de succès. Comment va-t-il gérer sa deuxième saison ? Est-ce qu’il va tirer les leçons de ce qui n’a pas fonctionné ? Il était habitué à la L1, la Ligue des champions ou l’équipe de France en tant que joueur. La L2, c’est particulier. Est-ce qu’il va savoir s’adapter à ce championnat ? Ce sera intéressant à suivre.
RM : Je te rejoins Samuel, mais il avait des joueurs qui connaissaient quand même ce championnat et qui auraient pu être des relais du coach, comme Courtet, Bouanga, Saad… C’est sans doute là qu’il y a eu des défaillances. Il faut en tirer des enseignements et basculer sur la saison prochaine.
Ollivier : « Rousselot ne méritait pas de partir sur une descente »
Nancy de son côté a vécu une saison très délicate, avec quatre entraîneurs différents avant de valider son maintien lors de la dernière journée…
SO : C’est bien que Jacques Rousselot quitte la présidence avec le maintien en Domino’s Ligue 2 après 26 ans à ce poste. Imaginez si l’aventure s’était terminée en National 1… D’ailleurs ça ne se serait sans doute pas terminé en N1, car les investisseurs américains n’auraient peut-être pas repris le club. C’est un personnage fort et emblématique de la L2 et du foot français. Il ne méritait pas de voir son club descendre. Je suis aussi content pour Didier Tholot, qu’on connaît peu et en France et qui a fait des belles choses en Suisse dans des opérations sauvetages. Je suis assez curieux de voir comment il va préparer son intersaison pour créer un groupe qui lui ressemble.
Un mot sur le barrage Grenoble-Bourg, la dynamique est-elle plus positive pour le club de N1 dans un affrontement aller-retour comme celui-ci ?
RM : Intrinsèquement, je dirais que oui. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu à Grenoble lors de la dernière journée. Certains supporters n’ont pas été intelligents et envahissant cette pelouse après la défaite. Il faut rappeler qu’il y a quelques années, des points avaient déjà été retirés pour des problèmes avec les supporters et cela leur avait coûté la montée. C’est vraiment dommage de voir le match aller à huis clos, c’est une fête gâchée, on sait que le stade des Alpes peut accueillir 15 000 personnes. Au match retour, il y aura sans doute autant de supporters d’un côté comme de l’autre, car le déplacement sera court.
SO : Retrouver Grenoble aux portes de la Ligue 2, c’est déjà un événement. C’est un club qui a une histoire forte en Ligue 2 comme en Ligue 1. Ce club draine beaucoup de supporters, et il mérite de faire partie des 40 clubs professionnels en France. Là encore, on reproduira le dispositif du match du samedi pour couvrir cette rencontre. Il y aura 45 minutes d’avant-match mardi et dimanche, on aura une caméra dans le vestiaire de Grenoble et on attend la réponse de Bourg. On aura des micros sur les membres des deux staffs pour l’échauffement. On sera aussi en immersion en reportage avec les deux clubs dans la semaine, avec les coachs invités en avant-match. Le dimanche, il y aura une journée spéciale de 17h30 à 23h pour tout suivre des barrages.
Un mot sur ceux qui vont nous rejoindre la saison prochaine : Metz, Béziers, le Red Star ?
SO : Je suis très content de retrouver Metz pour vivre des Metz-Nancy !
RM : On aura des derbies du Nord avec Lens-Valenciennes, de l’Est avec Metz-Nancy et Parisien avec Paris FC-Red Star donc c’est bien. Béziers, c’est une équipe surprise, et on les accueillera avec grand plaisir.
SO : Béziers fournissait déjà pas mal de joueurs à la L2 par le passé. On est contents de les voir eux-mêmes jouer en Ligue 2 cette fois ! Cet été, on va réfléchir à ce qu’on va proposer la saison prochaine sur nos antennes. J’ai déjà une idée farfelue concernant Robert pour lancer le Multi Ligue 2… Mais je ne peux pas en dire plus. Même Robert n’est pas au courant ! (rires).
Propos recueillis par Dorian Waymel