C’est devenu une habitude en Domino’s Ligue 2. Chaque saison, ou presque, un ou plusieurs promus s’invitent dans le peloton de tête. Certains parviennent même à enchaîner le passage express du National à la Ligue 1, à l’image du duo Strasbourg-Amiens la saison dernière. Cette fois, le Paris FC (5e) et La Berrichonne de Châteauroux (7e) sont bien partis pour se mêler jusqu’à la fin dans la lutte pour la montée. Une accession qui n’était évidemment pas l’objectif initial des deux clubs. Alors, monter en Ligue 1 serait-il une bonne chose pour le PFC et La Berri alors qu’ils n’y sont pas préparés ? On lance le débat.
Oui
Une montée, même imprévue, ne se refuse pas. Certes, le Paris FC ne dispose pas encore des infrastructures adéquates pour évoluer au plus haut niveau, et de ce côté, Châteauroux est en avance. Mais pour l’un comme pour l’autre, le fait d’accéder à l’élite du football français peut justement permettre d’accélérer les choses, et d’être un atout supplémentaire devant les partenaires financiers et politiques. Le risque, c’est évidemment de vivre une saison catastrophique au niveau des résultats sportifs en L1. M
ais le Gazélec Ajaccio par le passé, et plus récemment Amiens, prouvent que le fossé qui sépare la Domino’s Ligue 2 du bas de tableau de la Ligue 1 n’est pas si grand. Certes, le club corse était descendu directement, mais en luttant jusqu’à la dernière journée, alors qu’il était l’invité surprise à ce niveau.
Le vrai piège serait d’investir la grande majorité des recettes des droits TV (bien plus importantes en L1 qu’en L2) pour les salaires des joueurs afin de se maintenir à tout prix. Les joueurs restent des valeurs éphémères à l’échelle de la vie d’un club, et Arles-Avignon avait démontré à l’époque qu’un mauvais casting estival avec des « stars » (Charisteas, Basinas, champions d’Europe avec la Grèce en 2004…) peut mener à de très grandes pertes par la suite. Une montée doit permettre d’améliorer toutes les fondations d’un club, de consolider chaque étage de la fusée, afin de se pérenniser à terme en L1. Dijon est le meilleure exemple à suivre en la matière. Une première montée en 2010-2011, une descente immédiate, mais derrière quatre saisons à jouer le haut de tableau, à se stabiliser, à monter de nouveau, pour cette fois rester et rivaliser avec les équipes de L1. Le DFCO, sauf catastrophe, devrait enchaîner sa 3e saison dans l’élite en 2018-2019.
Dorian Waymel
Non
Défier le PSG de Neymar, jouer dans des enceintes comme le Vélodrome et le Parc des Princes peut faire rêver tout un club. Pourtant, ce rêve cache parfois des lendemains qui déchantent. Allons demander comment Arles-Avignon a vécu sa triste saison 2010-2011. Celle qui fut à la fois son essor et son apogée. Allons retrouver les traces de Boulogne-sur-Mer qui, après un exercice parmi l’élite en 2009-2010 en Ligue 1, se bat aujourd’hui pour ne pas descendre en National 2. Ces clubs avaient comme points communs des infrastructures encore très peu développées, une organisation interne mixant à la fois amateurisme et professionnalisme. Il est logique de ne pouvoir traverser cette passerelle entre ces 2 mondes d’un coup. Le Paris FC et la Berrichonne de Châteauroux ne font pas exception, même si l’exemple amiénois tend à démontrer l’inverse. Attention, personne n’a assez de recul pour prédire un avenir radieux à l’ASC…
Le club parisien, lui, ne dispose déjà pas en Domino’s Ligue 2 de conditions d’entraînement optimales ni d’un mode de fonctionnement entièrement professionnel. Cela n’est en aucun cas une critique, juste un constat. Il est logique, après de nombreuses années en National 1, que le PFC prenne le temps adéquat pour se développer. A Châteauroux, tout semble aller également très (trop ?) vite. Plein de lucidité, Jean-Luc Vasseur a d’ailleurs lui-même reconnu que monter pour monter, cela ne servait à rien. Pis, cela pouvait mettre en danger toute une institution : « Il faut restructurer l’avenir. Remonter trop vite et ne pas être prêts, ce serait une catastrophe. Ce serait mieux reculer pour mieux s’enterrer. »
Laurent Mazure