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Entretien ML2 – Anthony Rogie : « Il y a deux semaines, on nous voyait morts »

Quevilly-Rouen Métropole n’a pas envie de faire un simple aller-retour en Domino’s Ligue 2. Promu pour la première fois de son histoire dans le monde professionnel cette saison, le club normand a engrangé une victoire très importante contre l’AJ Auxerre (4-1) juste avant la trêve internationale. Revenu à trois points de la place de barragiste, QRM n’entend rien lâcher. A l’image de son numéro 10 Anthony Rogie, qui est arrivé à l’US Quevilly en 2013. C’est l’entretien ML2 de la semaine.

MaLigue2 : Anthony, ce succès contre l’AJA est une superbe opération au classement quand on voit les autres résultats de la 30e journée de championnat…

Anthony Rogie : Cette victoire nous a fait beaucoup de bien, et elle va nous permettre de recharger les batteries pendant la trêve internationale dans une atmosphère positive. On doit bien travailler pendant cette coupure car derrière on enchaînera avec des matchs déterminants, en commençant par celui du Havre.

Le match avait pourtant mal démarré après ce but encaissé dès la 3e minute sur une erreur défensive…

Ce n’est pas la première fois qu’on fait preuve de caractère, et qu’on arrive à aller chercher des points en étant menés. Après, si on était tombés contre un adversaire un peu plus en forme vendredi, peut-être que nous ne serions pas revenus dans le match. Contre Niort, j’avais commis une erreur qui leur avait permis de l’emporter. Ces erreurs individuelles peuvent nous coûter cher, on a eu de la réussite contre Auxerre, tant mieux. Maintenant, il reste 8 matchs, et il faudra être beaucoup plus exigeants, retrouver de la rigueur. On n’a pas envie de passer pour des « couillons » alors que nos contenus sont bons à cause de ces erreurs.

Ces erreurs sont-elles liées au manque d’expérience de l’effectif à ce niveau ?

Oui, ça joue sans doute un peu. Mais quand on voit les résultats du Paris FC (5e) ou de Châteauroux (7e)… Ce sont deux équipes promues qui ont su surfer sur leur montée. Chez nous, il y a eu pas mal de changements, et ça ne nous a pas souri dès le début. Beaucoup de paramètres entrent en jeu, mais c’est vrai qu’il y a eu entre 15 et 20 nouveaux joueurs, donc ça a pris un peu plus de temps à se mettre en place.

Vous avez réussi à étouffer l’AJA, au point que l’énervement a poussé deux joueurs adverses à se battre entre eux. En tant que joueur, vous comprenez que ça puisse arriver ?

QRM et Rogie seront à la lutte jusqu’au bout ! (crédit : QRM)

Non, pas vraiment. A la limite, ça peut arriver à l’entraînement, mais surtout pas en match. L’image qui est renvoyée pour le club auprès des jeunes et des éducateurs, c’est compliqué… C’est vrai que ç’a m’a fait bizarre sur le terrain de voir ça. On a tous vu ensuite que l’AJA a pris des fortes décisions, mais ça reste des êtres humains. Maintenant, cet épisode ne nous regarde pas, et il faut retenir qu’après le but encaissé, on a sans doute réalisé notre match référence pour les battre. Il faudra réussir à rééditer ce genre de performance à l’avenir.

Pensez-vous que la trêve internationale arrive au bon moment, alors que vous venez de retrouver la victoire ?

Je ne sais pas trop… Cette victoire arrive vraiment au bon moment en tout cas car nous ne sommes pas largués au classement. On nous voyait morts il y a deux semaines et là tout est de nouveau jouable. C’est vrai qu’on aurait aimé pouvoir confirmer ce beau succès dès vendredi contre Le Havre, mais en même temps cette coupure nous permet de bien nous préparer pour la dernière ligne droite.

Le calendrier qui vous attend s’annonce très chargé avec des matchs contre le HAC, Nîmes, Paris, Brest ou Lorient notamment…

On va jouer beaucoup d’équipes qui seront en lutte pour la montée, et ce sera donc encore plus gratifiant si on fait l’exploit de se maintenir. Après, il ne faut pas tirer de plans sur la comète et voir trop loin dans le calendrier. Il ne faut déjà pas regarder les autres équipes, mais s’occuper de nos propres matchs. Il faut qu’on mette beaucoup de rigueur pendant 90 minutes à chaque fois pour espérer prendre des points.

C’est votre 5e saison, vous avez connu l’US Quevilly avant QRM. Vous attendiez-vous à des montées si rapides en Ligue 2 depuis la création du club en 2015 ?

Déjà, quand j’ai rejoins Quevilly, je ne m’attendais pas à cette union avec Rouen. Ensuite, on a réussi à monter dès la première année de CFA en National, et je pense qu’on a surfé sur cette dynamique pour connaître deux montées successives. L’ensemble du club n’était peut-être pas tout à fait prêt de basculer si vite en Ligue 2. Mais maintenant que nous y sommes, on veut vraiment y rester !

QRM est un club un peu spécial puisque la fusion avec le FC Rouen n’est pas totale et que Quevilly-Rouen Métropole divise les supporters dans la région. Regrettez-vous ce manque d’unité autour de votre club ?

C’est vrai que c’est une situation regrettable. Mais à notre niveau, nous joueurs, nous sommes impuissants. On nous demande de jouer au foot et de tout donner pour ce maillot, ce club, et de défendre les valeurs du sport. Ce qui se passe en-dehors, on ne peut pas y faire grand chose. On sent un manque de ferveur, c’est sûr. Mais je peux comprendre aussi la position de ceux qui supportent Rouen. On joue à Diochon, qui est un stade mythique pour eux. Mais ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un club de l’agglomération rouennaise en Ligue 2, donc c’est dommage ce manque d’unité.

Vous avez été formé au RC Lens avant de rejoindre Quevilly. Que pensez-vous de la situation actuelle du club ?

Crédit photo : QRM

Au vu des budgets en début de saison, on n’attendait pas le RC Lens à cette place-là (15e), c’est sûr. Mais bon, l’argent ne fait pas tout dans le football, et on a vu par exemple que le PSG n’a pas réussi à éliminer le Real Madrid en Ligue des champions malgré les gros transferts effectués l’été dernier. J’ai passé 10 années de ma vie à Lens donc je porte forcément ce club dans mon cœur. J’échange d’ailleurs encore quelques messages de temps en temps avec Eric Sikora. Quand je vois cette saison et tout ce qui se passe autour avec les supporters, les banderoles… c’est vraiment dommage.

Selon vous, qu’est-ce qui fait que QRM se maintiendra en fin de saison ?

Déjà parce qu’on y croit ! Et qu’on est programmé pour cela depuis le début de saison. La saison dernière, on avait l’objectif de monter et on l’a tenu, cette fois on doit se maintenir. Quand j’étais jeune avec la réserve de Lens, on jouait en CFA contre des vieux briscards et on avait l’habitude de jouer le maintien. Là, c’est pareil mais avec une équipe première. Après, je ne cache pas que c’est difficile mentalement, les week-ends sont parfois très longs. L’année passée, on a parfois enchaîné des série de 20 matchs sans défaite. Cette saison, c’était plutôt des séries de 10 matchs sans victoire… C’est compliqué, mais on ne lâchera pas jusqu’au bout. Et même si malheureusement on venait à être relégués avant la fin, on ne lâcherait rien quand même ! On ne lâcherait pas le coach, le staff et les dirigeants, car ce sont nos valeurs.

Propos recueillis par Dorian Waymel

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