Jimmy Roye a entamé sa sixième saison consécutive de Domino’s Ligue 2 sous le maillot du Chamois Niortais FC. Pour la première fois, le milieu de terrain niortais se confie sur notre site. Ambition sportive, dernière saison à Niort, attentes des supports, évolution du monde du football… Jimmy Roye n’élude aucun sujet !
MaLigue2 : Il y a deux mois vous disiez que cette équipe n’avait pas de limites. Comme souvent en Domino’s Ligue 2, la loi des séries est passée par là. En étant au milieu de tableau après dix matchs, quelle peut être l’ambition du club à court et moyen terme ?
L’ambition est de finir dans les dix premiers, voire un petit peu plus haut. On a l’effectif et la qualité pour, maintenant on voit qu’en Ligue 2 tout le monde peut battre tout le monde. Je pense qu’on est actuellement à notre place. Et si on veut espérer mieux il va falloir être dans la lignée offensive et défensive de ce qu’on a fait lors de nos deux derniers matchs, et en amical contre Nantes. Niort n’a pas vraiment de limites, mais il ne faut pas non plus se voir trop beau.
La différence avec les clubs de devant se joue surtout sur l’efficacité ?
En partie. Il y aussi des clubs qui ont des effectifs bien plus étoffés que le nôtre, on ne peut pas se le cacher. On a des joueurs de qualité mais on n’a pas un effectif de vingt joueurs de niveau Ligue 2. Certains clubs ont 20-22 joueurs de niveau Ligue 2, avec l’expérience qui va avec. La différence se joue aussi ici, certains groupes ont l’expérience et sont plus efficaces dans les deux zones de vérité.
Les supporters niortais n’attendent-ils pas trop d’un effectif comme le vôtre ?
Les supporters de Niort sont très exigeants, je le vois d’ailleurs avec mon cas personnel où, après sept ans au club, je ne fais pas l’unanimité. Ils veulent toujours du beau football et des résultats. Mais ils ont le droit de l’être, ils payent leur place pour venir au stade.
Mais avec les infrastructures qu’à Niort, les départs à chaque mercato, je les trouve très exigeants. C’est aussi à nous d’élever notre niveau de jeu pour y répondre favorablement. Je ne fais offense à personne mais si Niort finit dans les dix premières places de Ligue 2, je pense que c’est un très beau classement. A chaque intersaison, pour survivre, le club est obligé de vendre ses 3-4 meilleurs éléments.
« Si on avait réussi à garder 2-3 éléments, on aurait pu jouer la montée »
Ca ne laisse pas un goût un peu amer parfois ?
Chaque année c’est une remise à zéro. Les nouveaux éléments doivent s’intégrer au club, à l’effectif, ça prend du temps et c’est un peu frustrant. Si cette saison on avait réussi à garder 2-3 éléments, on aurait pu jouer la montée en Ligue 1.
En fin de saison, j’arriverai à presque 300 matchs sous le maillot des Chamois. J’ai fait le tour et j’ai résilié ma dernière année de contrat à Niort pour pouvoir partir. J’ai envie de jouer le haut de tableau, une montée, ou d’un projet ou je puisse viser plus haut. J’avais un contrat qui courait jusque 2019, en début de saison on s’est arrangé à l’amiable avec le club pour que je puisse résilier ma dernière année de contrat. Je vais me retrouver en fin de contrat dans huit mois.
Mon état d’esprit est de maintenir le club le plus tôt possible et de le pérenniser au niveau sportif, et pourquoi pas jouer le haut du tableau dès cette saison ? Ce qui est sûr c’est que dans huit mois je ne serais plus au Chamois Niortais, j’ai besoin d’un nouveau challenge.
A 29 ans, quel est votre ambition de footballeur ?
L’objectif de chaque footballeur est de jouer au plus haut niveau, je n’ai jamais joué en Ligue 1 et j’aimerai un jour avoir ma chance. Aujourd’hui, je ne sais pas si un club de Ligue 1 me donnera ma chance, sinon j’espère jouer la montée avec un club de Ligue 2.
Vous avez un profil de joueur « box to box » qui pourrait aussi coller à l’Angleterre…
Ce n’est pas forcément un championnat qui m’attire plus que ça ! Je serais plus attiré par le football espagnol, italien voire allemand. En Angleterre, les ballons passeraient trop au-dessus de ma tête, ça ne me plairait pas trop !
Voir de nombreux coéquipiers partir à chaque intersaison et percer ensuite dans d’autres clubs, ça donne forcément envie ?
Il y a beaucoup de jours passés par Niort qui ont fait leur place en Ligue 1. Je pense que j’aurai pu avoir ma chance, que je peux encore l’avoir. Maintenant, je ne suis personne pour dire « Il faut qu’on me donne ma chance », je travaille juste de mon côté pour faire ma saison, dans mes trente-cinq matchs et mes statistiques. On verra ensuite ce qu’il adviendra.
« Personne ne fait l’unanimité, ni Cristiano Ronaldo, ni Messi »
La perte du brassard de capitaine vous-a-t-elle aussi affectée ?
Ce fut un moment un peu difficile pour moi. Je l’ai toujours en travers de la gorge, c’est sûr. Après, c’est un choix qui a été payant, le club s’est maintenu. Je n’ai rien à dire sur ça, ça a été un choix de la direction de m’enlever le brassard. Il faut le savoir, Denis Renaud ne voulait pas m’enlever le brassard.
Le milieu du football est assez cruel…
Je ne cherche pas la reconnaissance. Je pense être dans les joueurs qui ont le plus de matchs sous le maillot des Chamois Niortais, si je n’ai pas de reconnaissance c’est comme ça. Je ne cherche pas la lumière, je ne court pas après les interviews non plus, je cherche juste à répondre présent sur le terrain. Si les entraîneurs que j’ai connu à Niort m’ont tous fait jouer, c’est que je pense rendre ce qu’on me demande de faire sur le terrain. C’est le minimum. Personne ne fait l’unanimité, ni Cristiano Ronaldo, ni Messi.
Après, que le football soit cruel… En Ligue 2, on est plein de joueurs dans mon cas. Je vis de ma passion, il y a tellement de gens sur Terre qui aimeraient pouvoir le faire que j’en savoure la chance au quotidien.
Si l’on reprend ce qui s’est passé pour le dernier match de Tristan Lahaye l’an dernier, on peut aussi se dire qu’il y a quelque chose qui cloche…
C’est le football. Mais, on parle du football, alors qu’en fait c’est pareil dans le monde de l’entreprise : prenez quelqu’un qui a 35 ans de boîte et se fait jeter comme un malpropre. C’est le monde d’aujourd’hui, et le football n’échappe pas au business.
Quel est le « secret » de votre régularité, avec autant de matchs joués et si peu de blessures ?
Je le dois à mes parents, on a tous une nature ! Après, il y a une hygiène de vie à respecter : la sieste, je trouve ça hyper important, je dors tous les jours. Je ne suis pas à cheval sur tout ce que je mange, pas à peser les aliments, mais j’essaye de faire attention. Je pense à bien récupérer le weekend après les matchs et aussi à me changer l’esprit. Il y a le football, mais il faut aussi profiter de ses amis et de sa famille. C’est important de savoir décompresser.