Championnat

L’oeil de… Richard Sette : « Un Sochalien ne lâche jamais rien »

Pour notre chronique hebdomadaire, Richard Sette revient sur la soirée cauchemardesque vécue par le FC Sochaux-Montbéliard contre l’AC Ajaccio (1-6) lors de la 9e journée de Ligue 2. Le journaliste et commentateur de la Domino’s Ligue 2 sur beIN Sports a été marqué positivement par le public sochalien, qui n’a jamais tourné le dos à son équipe, même dans la difficulté.

Un Sochalien ne lâche jamais rien

« 10H00

Vendredi matin, direction la gare de Lyon pour prendre un train vers Montbéliard. Ce soir, Sochaux reçoit Ajaccio au stade Bonal. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé à Bonal et ce stade est un peu spécial pour moi car c’est là-bas que j’ai commenté mon premier match de Ligue 2 pour beIN SPORTS.

18H15

Alors que j’arrive au stade il y a déjà du monde sur le terrain, les joueurs de l’ACA esquivent l’arrosage qui se déclenche par surprise aux 4 coins du terrain sans prévenir.

Peter Zeidler, toujours souriant, me salue, il y a de la bonne humeur sur le terrain. Les joueurs se taquinent, se retrouvent, c’est le dernier moment de détente pour certains et d’autres sont déjà dans leur bulle.

Richard Sette et Riad Nouri

Riad Nouri et Faneva Andriatsima se succèdent au micro pour enregistrer notre interview d’avant-match. C’est un duel à distance entre les 2 joueurs, eux qui sont impliqués sur le plus grand nombre de buts en Ligue 2 depuis la saison 2013/2014. Mais ils ne le savent pas. Riad Nouri sourit et me dit :

-« Vous savez je ne pousse pas les statistiques aussi loin, je n’ai pas le temps de penser à ça sur le terrain. »

L’interview est terminée, Riad Nouri revient vers moi et me dit avec un petit sourire en coin

-« Redonne-moi quand même les chiffres que tu m’as donné… »

Je pense qu’il les a désormais dans un coin de la tête.

Faneva Andriatsima, lui aussi, ne connaissait pas les chiffres. Avec humilité il rend hommage à son adversaire, souriant, comme à chaque fois.

20h00

Coup d’envoi du match devant un peu plus de 6 000 spectateurs. Une bonne ambiance règne dans les tribunes, les gens font la fête. Les drapeaux sont de sortie et le public espère que son équipe va réagir ce soir. Les frustrations des défaites passées laissent la place aux sourires, aux encouragements et aux chants lorsque les joueurs apparaissent sur la pelouse de Bonal. 0-0, balle au centre, on oublie tout l’espace de 90 minutes.

Mais ce soir-là, Sochaux va vivre un match pas comme les autres…

20H17

Après l’expulsion de Mickaël Alphonse et le but de Gimbert pour l’ACA, Florian Martin récupère un ballon au milieu de terrain et déclenche une frappe qui termine dans la lucarne de Leca. C’est l’hystérie et probablement le plus beau but que j’ai eu l’occasion de voir cette saison avec le coup franc du Nîmois Rachid Alioui (1 semaine plus tôt face a l’AJA). 1 but partout, match relancé et scénario déjà palpitant.

Mais un second carton rouge vient mettre un terme aux espoirs sochaliens d’un éventuel retour. Dur, cruel, les mots ne manquent pas, le football est toujours imprévisible.

Les buts s’enchaînent pour l’ACA qui rapidement s’échappe au score. Buts à la 31ème, 34ème et 35ème.

Sochaux est abattu mais les supporters de la tribune nord continuent d’agiter les drapeaux. À l’antenne, je ne trouve plus les mots, je ne comprends pas vraiment ce qu’il vient de se passer. Nous vivons à ce moment précis un match vraiment particulier, une soirée de football pas comme les autres et je suis subjugué par l’attitude des supporters sochaliens qui continuent de chanter et de danser en tribune malgré le cauchemar que son équipe est en train de vivre sur le terrain.

C’est la mi-temps, tout le monde ne parle que de ces deux cartons rouges, le score de 5 buts à 1 étant déjà anecdotique.

21H00

Coup d’envoi de la seconde période, Sochaux évolue en  4-4-0, les Lionceaux ne dépassent plus leur moitié de terrain, Andriatsima et Kalulu sont sortis et n’auront pas eu l’occasion de s’exprimer.

Ajaccio se contente d’enchaîner les passes en défense, avec parfois une petite accélération, pour finalement revenir s’appuyer sur les défenseurs. Les corses ne veulent pas en rajouter mais jouent le jeu. Manuel Cabit prendra lui aussi un carton rouge en fin de match. Une minute plus tôt, Yoane Wissa avait inscrit le 6ème but et dernier but. Un score de tennis qui aurait pu être plus lourd si Ajaccio avait continué d’attaquer.

Dans les tribunes, les supporters sochaliens ont bien compris que ce soir leur équipe ne pourrait rien faire, elle était devenue spectatrice de son match. Mais la tribune nord continue de chanter, d’encourager. Le 12ème homme joue son rôle et il le joue bien, réclamant ironiquement des cartons rouges sur chaque contact. Je me dis qu’ils ont préféré en rire, contraints et forcés et concentrés sur ce qui compte le plus à leurs yeux ce soir, le moral de leurs joueurs.

22H15

Le coach sochalien Peter Zeidler se présente à mon micro pour nous livrer sa réaction en direct. Je ne sais même pas par quoi commencer, mais je vois un homme tête basse, qui se pose des questions et qui lui non plus ne comprends pas la soirée qu’il vient de vivre. Avec élégance il répond à toutes mes questions.

Les supporters, quant à eux, accompagnent les joueurs avec des applaudissements et des mots réconfortants. Florian Martin leur rendra hommage sur les réseaux sociaux plus tard dans la soirée.

Ce soir, il y a eu beaucoup de buts, mais le spectacle et la belle histoire se déroulent dans la tribune nord du stade Bonal. L’histoire de supporters qui vivent ballon rond, pour un maillot jaune qu’ils portent fièrement, et qui ont démontré que même dans la difficulté, un supporter sochalien ça ne lâche jamais rien… »

Par Richard Sette, pour MaLigue2.fr

Vos commentaires :

  1. robert

    Quel bel article sans parler de l'homme qui est à l'origine de ce mécontentement, merci pour ces mots ils nous réconfortant

    2 réponses
    1. Didier

      Oui saluons les acteurs, les vrais : les joueurs,(des 2 équipes) et les spectateurs et ignorons celui par qui malheureusement le spectacle a été gâché faute d'un peu de psychologie et de discernement

      2 réponses

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *