Le mercato d’hiver a ouvert ses portes depuis quelques jours. Les clubs de Ligue 2 sont à la recherche de « la perle rare », même si le travail de recrutement a démarré bien en amont. Savoir si un club va faire le bon coup est toujours compliqué, la preuve en est lors du mercato d’été 2015-2016 : nous avions loué le recrutement du FC Sochaux-Montbéliard, qui au final avait galéré toute la saison pour se maintenir en Ligue 2. Pourtant, à l’époque, l’ex-responsable du recrutement sochalien Bernard Maraval avait prévenu : « Le recrutement n’est bon qu’a posteriori, ce sont les résultats qui vont valoriser le travail ou pas. »
En prenant donc le recul nécessaire, attardons-nous sur le recrutement des clubs de Ligue 2 ces dernières années. L’un d’entre eux attire particulièrement l’attention : celui des Chamois Niortais. Avec un budget moyen tournant autour de 9 millions d’euros annuel, le CNFC est le bon exemple du club de Ligue 2. Après trois saisons en National, Niort a retrouvé le second échelon du foot français lors de la saison 2012-2013, et vit donc son cinquième exercice consécutif dans notre championnat. Avec des hauts (5ème en 2013-2014) et des bas (16ème l’an passé) ; et une position plus régulière en milieu de tableau. En adéquation avec son budget, finalement.
Des jeunes du monde amateur ou des réserves professionnelles
Niort n’est pas une place forte du football comme d’autres écuries du championnat (Lens, Strasbourg, Auxerre…) et ne peut compter sur des recettes commerciales et billetterie très élevées. Les enveloppes mercato sont peu élevées, et le club réussit chaque année à produire une balance commerciale de transferts largement positive. En recrutant des jeunes joueurs en provenance du monde amateur, ou habitués des réserves professionnelles. En leur offrant le temps de jeu nécessaire à leur éclosion, pour les revendre ensuite. Les exemples sont nombreux : Nicolas Pallois, Florian Martin, Emiliano Sala, Kevin Malcuit, Yoann Barbet, Faïz Selemani… Avec forcément quelques ratés, mais qui se comptent seulement sur les doigts d’une main, et remontent à quelques temps déjà. En prenant toujours soin de les encadrer par des joueurs d’expérience, valeurs sûres de Ligue 2 à leur arrivée : Eric Chelle, Tristan Lahaye, Matthieu Sans, Jérémy Choplin et dernièrement Laurent Agouazi, Romain Grange ou Jonathan Brison. Sans oublier les cadres impliqués dans le projet de longues saisons durant, type Paul Delecroix (parti à Lorient cet été) ou Jimmy Roye actuellement.
L’alliage du travail d’une cellule de recrutement qui fonctionne parfaitement avec une répartition géographique rodée : Souleymane Camara pour la région nord et parisienne, Alain Plissonneau pour le Grand Ouest et Faouzi Djedou-Benabid le Sud Est. Les trois hommes dénichent des joueurs amateurs capables d’éclore au plus haut niveau alors que Teddy Morinière chapeaute l’ensemble pour la partie centre de formation. Au final, le directeur sportif Karim Fradin tranche pour le recrutement des seniors, aidé pour cela par ses superviseurs.
Si Régis Brouard craignait de « redémarrer de zéro » la deuxième année, cela n’a pas empêché les Chamois de se maintenir en Ligue 2. Pour viser plus haut et jouer le haut de tableau, il faudrait réussir à conserver ces jeunes éléments plus longtemps. Mais, dans la logique actuelle du marché, il est plus que difficile de lutter avec des écuries de Ligue 1, voire de Championship comme pour Yoann Barbet.
Allagbé, Bronn, Kiki, Sambia, Djigla, Grich…
Au sein de l’effectif Chamois actuel, les Saturnin Allagbé, David Kiki, Dylan Bronn, Adrian Dabasse, David Djigla ou Zakaria Grich correspondent tous au profil habituel du recrutement niortais. Et auraient sans doute leur place de titulaire assurée dans la majorité des équipes de Ligue 2. Forcément, ils attirent déjà les recruteurs. Si le mois de janvier peut s’avérer décisif sportivement, il l’est d’autant plus du fait du mercato. Niort est bien calé en milieu de tableau et peut retrouver de l’ambition pour sa fin de saison, malgré un départ catastrophique. En cas de départ d’un de ces joueurs, la cellule de recrutement a sans doute déjà des idées, même si l’intégration de jeunes non habitués à la Ligue 2 prend forcément quelques mois.
Lorsque la formation niortaise aura également franchi un pallier supplémentaire, les coachs pourront aussi se servir dans ce réservoir sous la main. Bien que certains professionnels soient sortis du centre (Sambia, Batisse, Daubin, Mayembo, Rocheteau, Bassock…), le vivier Niortais pourrait encore s’améliorer prochainement. L’équipe de CFA2 (qui est montée en 2015) est très jeune, avec une large part de la « génération 98 », demi-finaliste du championnat U19 l’an passé. Ces espoirs sont au club depuis le retour du statut professionnel et l’agrément du centre de formation en 2013, permettant de signer des contrats aspirants ou stagiaires. Plusieurs d’entre eux sont d’ores et déjà promis à un bel avenir et s’entraînent avec le groupe professionnel. Avant de découvrir la Ligue 2, sans doute. Et d’attirer les convoitises. Augmentant un peu plus la balance commerciale des transferts. Pour faire grandir l’ambition d’un club bien installé depuis 5 ans en Ligue 2 ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite…
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