Joris Delle n’a passé qu’une saison au RC Lens. Avant d’être prié de trouver ailleurs, du fait d’un changement d’entraîneur chez les Sang et Or. Début août, après une préparation en Artois, il prend la direction des Pays-Bas, et de Nimègue. Après une demi-saison comme titulaire indiscutable, il a pris le temps de nous répondre, depuis Metz, où il passe quelques jours de vacances.
Joris, comment s’est passée votre adaptation ?
Franchement, très bien. J’avais déjà quelques bases de néerlandais, puisque j’ai évolué en Belgique auparavant (Cercle de Bruges, Ndlr). La langue est donc revenue naturellement. Et puis, comme je parle anglais, ce n’a posé aucun souci. Nous avons 11 nationalités différentes dans le vestiaire. Donc ça ne parle qu’anglais. Et puis, après, c’est au joueur qui arrive de faire les efforts pour s’adapter. J’ai dû aller vite. J’ai débarqué un mercredi, j’ai joué le samedi. Je me suis trouvé directement dans le bain. Derrière, j’ai rapidement trouvé un logement.
D’un point de vue football, l’adaptation a-t-elle été aussi rapide ?
Oui. Même si c’est différent de ce que j’avais pu connaître en Belgique par exemple. C’est vraiment très porté sur l’offensif aux Pays-Bas. Il y a un peu moins de rigueur tactique qu’en France, voire qu’en Belgique. Les Hollandais ont encore les vestiges du football total. Ils font preuve d’énormément de générosité. Il y a, de fait, pas mal d’erreurs de placement. Mais c’est comblé par la générosité. Par exemple, un équipier tourne en moyenne à 14 km par match. Nos centraux sont à 10 km. C’est assez énorme.
Gardien, vous devez prendre un sacré plaisir ?
Oui, bien sûr. L’équipe tente de jouer au maximum, parfois même trop. Comme c’est un football très ouvert, j’ai beaucoup de situations à gérer derrière, autant sur le replacement de ma défense que dans mes interventions.
A la trêve, vous êtes 12e, dans le ventre mou. Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?
Je me suis un peu retrouvé dans la même situation qu’à Lens l’an dernier. Nimègue a perdu 12 joueurs à l’intersaison. Le groupe est devenu très jeune. Personne ne se connaissait. Il y avait la barrière de la langue, dans le sens où l’anglais n’est pas notre langue maternelle. Du coup, nous sommes moins précis sur des termes. Nous avons démarré la saison par des nuls, avant de l’emporter contre Heerenveen. Mais nous avons pris aussi des gifles, contre le PSV en étant mené 4-0 après 20 minutes, et face à l’Ajax (0-5). Notre équipe a du caractère. Le bilan se veut, avec toutes les circonstances, plutôt positif. Nous avons 19 points. L’an dernier, ça se sauvait avec 32. Donc on a fait 60% du chemin. J’espère, en tout cas.
Et personnellement, comment jugez-vous votre début de saison ?
Cela se passe très bien. Je m’étais bien préparé à Lens cet été malgré ma situation compliquée. Je savais que je pouvais me retrouver dans ce genre de situation. Le premier mois, j’ai réussi à être décisif tout en reprenant mes repères. Après, ça s’est répété sur les matchs qui ont suivi. Le bilan est très, très positif. J’ai retrouvé ce plaisir de jouer, ce goût au football. Quand je monte sur un terrain, je ne me pose plus de questions.
« Un goût d’inachevé »
Ce n’était pas évident après 6 mois sans jouer (il était devenu remplaçant de Jérémy Vachoux à Lens, Ndlr).
Je n’avais pas ce genre de questions à me poser. Je devais être performant de suite. On m’a donné cette chance. J’ai essayé de remplir mon rôle tout de suite.
Revenons un instant à votre départ de Lens. Comment l’avez-vous vécu ?
C’est du passé. Il y a eu l’arrivée d’un nouvel actionnaire, d’un nouveau coach. Je n’ai pas eu une seule chance de montrer quoi que ce soit. Il m’a directement fait passer le message qu’il souhaitait que je parte. Il y a eu de la sincérité, oui. Mais j’étais aussi un peu frustré de ne pas avoir pu montrer quoi que ce soit. Je suis parti en stage, je n’ai fait que m’entraîner…
Un an auparavant, jamais vous n’imaginiez pareille sortie…
Même un mois avant la reprise ! Je sortais d’une situation comme celle-là (à Nice, Ndlr). Je ne m’y attendais pas. Le fait de l’avoir déjà vécue, j’étais moins surpris avec le changement d’entraîneur. Mais c’est le football, c’est comme ça.
Le tournant a été votre blessure puis une discussion avec Antoine Kombouaré. Vous avez perdu votre place de numéro 1 au profit de Jérémy Vachoux en février dernier.
Je restais sur une bonne série, Jérémy a effectué un bon intérim. Le coach l’a maintenu à mon retour. Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. Quand je suis sorti des buts, je n’avais pas été bidon. Il y a donc un goût d’inachevé. Mais c’est le football. Je ne suis pas le premier, je ne serai pas le dernier.
Suivez-vous toujours les performances de Lens, mais aussi de la Ligue 2 plus généralement ?
Je jette un œil de temps en temps. J’ai gardé contact avec certains joueurs. A Lens, on s’y sentait bien. Autant moi que ma compagne. Nous aurions aimé rester. Pour la Ligue 2, je regarde les résultats, le classement. Et je me dis que c’est toujours pareil. Tu peux avoir 29 points, être 7e et être à un point du podium. C’est la même rengaine.
On peut comparer la Ligue 2 et la première division hollandaise ?
Non. Aux Pays-Bas, c’est du football total. La priorité est donnée aux attaquants. Des fois, tu joues à 2 centraux, un 6 et puis tout le reste devant.
Vous êtes encore jeune (26 ans). Comment voyez-vous votre avenir ? Rester aux Pays-Bas, à l’étranger, ou revenir un jour en France ?
J’ai un contrat de deux ans (2018). J’ai le bonheur de jouer, de prendre du plaisir et je veux que ça continue. Si il y a des opportunités, tant mieux, cela voudra dire que j’ai été performant. Aujourd’hui, les joueurs sont amenés à bouger plus souvent. Je suis parti de Lens au bout d’un an de contrat, cela peut donc aller vite, je ne ferme aucune porte. Mais, là, je fais ce que j’aime, je joue et c’est le plus important. J’attends cette 2e partie de saison avec beaucoup d’envie.
Propos recueillis par Laurent Mazure