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Entretien ML2 – T. Laurey : « Strasbourg sera attendu partout »

Champion de National, le Racing Club de Strasbourg est de retour en Ligue 2, six années après avoir quitté le deuxième échelon hexagonal. Tombé administrativement en CFA 2 à l’été 2011, le club alsacien aborde son retour dans le monde professionnel avec humilité. MaLigue2 a assisté à l’entraînement du Racing, et s’est entretenu durant une demi-heure avec le nouvel entraîneur du RCSA, Thierry Laurey.

MaLigue2 : Le Racing a entamé sa préparation avec un match nul (0-0 contre la France U19) et une victoire (contre Epinal 1-0), que peut-on retenir de ces deux rencontres ?

Thierry Laurey : Pas grand-chose, dans le sens où ces deux matches étaient plus une prise de contact. Ça me permettait aussi de voir tout le monde en condition de match. Après, c’est toujours mieux de gagner les matches que de les perdre, mais cela détient une importance toute relative dans le sens où l’on sait que toutes les équipes ne sont pas forcément au point à ce moment de la saison, même si la France était en pleine préparation de son Euro. On sait très bien qu’une équipe peut gagner tous ses matches de préparation et se vautrer au premier match et vice-versa. Durant cette période, il faut être lucide et être capable de voir ce qui va et ce qui ne va pas, de façon à améliorer le rendement de l’équipe.

L'attaquant Baptiste Guillaume espère se relancer en Alsace.
L’attaquant Baptiste Guillaume espère se relancer en Alsace.

Le premier match vous a plutôt satisfait dans l’ensemble, alors que lors du second, notamment lors de la seconde mi-temps, vous avez paru légèrement agacé.

Oui, je trouve que l’on n’a pas respecté tout à fait ce que l’on voulait faire. La première mi-temps, c’était bien, cohérent et on aurait même pu mener par 2 ou 3-0. Et en deuxième mi-temps, on a un peu déjoué, on a fait un peu n’importe quoi. Alors j’entends bien que le foot reste un sport d’imagination et de création, mais il y a des codes et des paramètres que l’on n’a pas respectés. Du coup, on s’est mis en danger tout seul. On ne l’a pas payé contre Epinal (CFA), mais contre une autre équipe de Ligue 2, on paiera. Il n’y a rien de grave au jour d’aujourd’hui, mais il y a certains joueurs qui doivent comprendre qu’il y a un système et une organisation à respecter.

Samedi contre Charleroi (18h à Schiltigheim), aura-t-on droit à un roulement un peu moins important ?

Oui, forcément. Il nous reste 4 matches amicaux, dont un dernier le dimanche juste après notre match contre Nancy pour que tout le monde ait du temps de jeu. Mais il est clair que le temps de jeu va augmenter pour certains joueurs samedi. Mercredi contre Sedan, cela sera le cas pour d’autres. On va essayer de faire monter tout le monde en régime. On a encore 3 semaines. C’est conséquent, même si le temps de vacances et de reprise étaient moindres par rapport aux autres équipes de Ligue 2. On s’adapte à cela et je pense que l’on est en train de réussir ce que l’on veut faire, même si on a quand même quelques interrogations encore.

On vous sait adepte du système du 4-4-2 en losange. Qu’apporte-t-il ? Est-ce vers cela que tend votre équipe ?

Je suis adepte de ce système oui, mais si l’on doit évoluer dans un autre système, on s’adaptera. Je ne suis pas borné au point de penser qu’il n’y a qu’un système pour réussir. Mais c’est un système qui peut être adapté à la Ligue 2. Et j’ai aussi vu en Ligue 1 l’an dernier des équipes évoluer ainsi comme Nice ou Lyon il fut un temps. Au Gazélec, on l’a fait et ça nous a porté bonheur dans une certaine mesure, après sur la durée, on n’avait peut-être pas suffisamment la maîtrise. C’est un système qui apporte un plus offensif. Il faut marquer des points, donc gagner des matches et pour gagner des matches, il faut marquer des buts et pour cela, vaut mieux qu’il y ait un peu plus de monde devant. Aujourd’hui, on est en train de mettre ça en place. Après, est-ce que cela va être adapté aux joueurs que l’on a aujourd’hui, je ne peux pas vous le dire. Mais pour l’instant, ce n’est pas trop mal. Peut-être que l’on sera un peu juste sur la reprise, mais c’est quelque chose que l’on prend en compte.

« J’aime bien aussi qu’il y ait une certaine homogénéité au niveau des salaires dans le vestiaire. »

C’est ce système qui va résoudre les balbutiements de l’attaque strasbourgeoise qui a seulement scoré à 35 reprises en 34 matches la saison dernière en National ?

C’était aussi l’un des motifs de réflexion, oui. Monter avec 35 buts en 34 matches, je crois que c’est unique. Heureusement qu’il y avait une défense qui avait bien fonctionné (19 buts encaissés). On s’est penché sur ce sujet en recrutant des joueurs au milieu et devant, mais on va aussi recruter derrière pour apporter de la concurrence et pallier aux possibles blessures et suspensions. On va donc essayer de faire venir un voire deux défenseurs, mais on va aussi s’appuyer sur les jeunes, dont certains ont montré qu’ils sont capables d’élever leur niveau.

Le profil recherché, c’est forcément quelqu’un qui a un vécu « Ligue 2 » ?

On aimerait, même si cela n’est pas évident non plus. On était sur un défenseur de Ligue 1, mais on a dû baisser pavillon au niveau financier. On ne veut pas faire n’importe quoi non plus. J’aime bien aussi qu’il y ait une certaine homogénéité au niveau des salaires dans le vestiaire. C’est de là aussi qu’on forge une solidarité et un état d’esprit dans le vestiaire, donc c’est quelque chose d’important à mon goût. Au départ, on cherchait deux défenseurs. Un qui puisse jouer sur les côtés à droite et à gauche pour doubler le poste mais on s’est aperçu qu’Eric (Marester) pouvait le faire, donc on cherche un défenseur droit de métier. Et pour finir, on cherche un défenseur axial polyvalent car on arrive avec 3 garçons. Yoann (Salmier) qui a la jeunesse, Ernest (Seka) qui n’a jamais joué en Ligue 2 et Felipe (Saad). Ce qu’on nous a proposé ne nous a pas emballés pour l’instant, mais on ne désespère pas de trouver l’homme idoine. Mais devant et au milieu, c’est bouclé. Mais il n’est pas exclu que certains nous quittent.

Le Racing est un peu un « faux » promu. Quelles seront ses ambitions ?

(Rires) Non, ce n’est pas un « faux » promu. Bastia n’était pas un faux promu, Guingamp non plus. C’était des clubs qui ont eu un passé important et gagné des choses, puis par la suite ont connu un passage difficile. Et que l’on s’appelle Strasbourg ou Guingamp, c’est toujours difficile. Monaco ou Nantes sont aussi descendus en Ligue 2. Et dans ce championnat, il y a Reims qui est un club historique, Lens, Troyes… Des fois, il faut se servir de ces chutes pour mieux rebondir et repartir sur des bases saines. On arrive de National quand même. Faux promu, ça va être sur la notoriété donc forcément on va être attendu partout et ça va être un point important. Chaque match va être difficile pour Strasbourg. Mais on a pris des garçons qui connaissent la Ligue 2, pour certains la Ligue 1. Ils vont nous apporter leur vécu et feront, je l’espère, grandir les autres. Strasbourg est un grand club, mais son équipe n’est pas une équipe « à part ». C’est une équipe de National qui vient de monter en Ligue 2. Il va falloir mettre l’équipe au niveau du club.

« Strasbourg est un club que je rêvais d’entraîner »

Alexandre Oukidja, gardien du RCSA.
Alexandre Oukidja, gardien du RCSA.

Le maintien est donc l’objectif premier ?

On a l’ambition de faire un « bon » maintien dans le sens où on ne veut pas galérer jusqu’au bout pour éviter la descente. L’objectif numéro 1, c’est le maintien mais honnêtement, on peut envisager un « bon » maintien, c’est-à-dire naviguer dans des eaux tranquilles. Il y a des équipes qui sont potentiellement devant nous comme Le Havre, Lens, Reims, Troyes ou le Gazélec. Après, on peut estimer qu’il y en a pas mal qui sont au même niveau que nous. Naviguer autour de la 8e/10e place, je trouve que ça serait pas mal pour une première saison. Le championnat de Ligue 2 est tellement homogène que c’est difficile de se projeter. L’important, c’est la régularité et c’est comme cela qu’on est monté avec le Gazélec. Mais je connais la dureté de ce championnat donc il faut être lucide aussi.

Justement, en parlant du Gazélec. Que gardez-vous de votre expérience en Corse ?

C’était génial ! Si on m’avait dit ça (vivre 2 montées successives) quand j’ai signé là-bas, je ne l’aurais jamais cru. En février, quand je suis venu pour sauver le club, beaucoup de choses n’allaient pas et on est descendus de manière logique. Mais tout a été fait lors des deux années suivantes pour avoir une ambition avec des moyens certes limités et des infrastructures quasi inexistantes au départ… C’était une expérience riche et extraordinaire à la fois parce que l’on n’avait pas des gens qui nous mettaient de la pression sur les épaules. Quand je parle de pression, je parle de pression négative. Et je suis obligé de garder en tête quand on est monté de National en Ligue 2, c’était déjà très bien car le Gaz n’avait plus connu ce niveau depuis longtemps. Mais la Ligue 1… Il y avait des gens qui pleuraient, une émotion extraordinaire. Sans oublier les derbies qui étaient mémorables pour les gens d’Ajaccio. On est dans le foot pour vivre des émotions pareilles. Je n’oublierais jamais mon passage en Corse car c’était quelque chose de sain, de naturel… Pour être honnête, j’avais presque l’impression d’être en vacances mais on a aussi fait le travail. La preuve : on est montés deux années de suite. L’an dernier, on est certes descendus mais on n’a pas été loin de la timbale, ça s’est joué à pas grand-chose. On n’a pas forcément besoin de beaucoup de moyens pour réussir. Si les joueurs sont sérieux et ont du talent aussi, on peut faire des choses intéressantes.

Un dernier mot sur le public strasbourgeois, vous et les joueurs avez hâte de le découvrir ?

Si je suis venu à Strasbourg, c’est aussi parce qu’il y a une ferveur populaire. C’est un grand club avec une grande histoire. On a toujours la faiblesse de croire que ça va marcher et on se dit que si ça marche, ça va être un truc inoubliable. Si je suis venu ici, c’est pour que ça marche. Il y a certains joueurs qui ont connu ça en fin de saison l’an passé, donc ils ne seront pas surpris. On a l’impatience des écoliers à la rentrée des classes qui veulent découvrir la nouvelle maîtresse ou le nouveau prof. On est un peu dans cet état d’esprit-là. Pour certains, ça va être quelque chose de nouveau et je pense qu’il y en a aussi qui sont venus pour ça. Certains ont eu l’opportunité d’aller ailleurs, mais ils sont venus ici en Ligue 2, car ici on peut vivre quelque chose de passionnant. Pour ma part, en toute honnêteté, Strasbourg est un club que je rêvais d’entraîner depuis un moment. Même quand j’étais au chômage et que le club était en CFA/CFA2, je me suis dit que c’était intéressant de reprendre un club comme ça. Quand j’ai rencontré les dirigeants, je me suis dit que c’était une belle chance. Et j’espère être à la hauteur et que l’amalgame prendra. J’espère aussi qu’on sera capable de faire de belles choses et d’enflammer le public.

Propos recueillis par Julien Meyer, à Strasbourg

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Crédit photo de Une : Getty Image

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