Récemment élu joueur du mois de septembre sur notre site, Christopher Jullien réussit un début de saison en fanfare. Après deux années difficile en Allemagne, le joueur formé à l’AJA et prêté par Fribourg au DFCO prend du plaisir sur le terrain.
MaLigue2 : Est-ce que vous vous attendiez à vivre un tel début de saison avec sept victoires en dix matches ?
Christopher Jullien : Oui et non. Au moment de la préparation dès que je suis arrivé, j’ai senti une bonne ambiance dans le groupe. C’est vrai que tout le monde se posait des questions avec ce nouveau challenge et des nouveaux joueurs qui sont arrivés. Aujourd’hui on voit que ça a très bien marché. Le staff avait tout mis en place, dès la préparation, pour qu’on soit tout de suite dans le bain et qu’on s’entende très bien. En plus des entraînements, on a fait beaucoup de choses extra-sportives qui ont resserré les liens.
Pourtant après le match face à Bourg-en-Bresse, il y avait de l’inquiétude mais on dirait plutôt qu’il y a eu un déclic et qu’il s’est passé quelque chose après ce match, notamment dans le jeu…
Ce déclic est venu du challenge qu’on s’est mis entre nous. Le lendemain du match contre Bourg-en-Bresse, on s’est retrouvé pour mettre les choses au clair et comprendre ce qui n’a pas été sur ce match. Et ce qui est ressorti le plus, c’est qu’on était trop observateur. Dès l’entraînement suivant on s’est parlé et on s’est dit qu’on devait aller chercher les victoires en jouant haut et en mettant de l’agressivité. On sait qu’en Ligue 2, l’agressivité peut faire la différence. Techniquement on a les joueurs, mais pour moi c’est cette agressivité qui fait qu’une équipe peut être performante sur la durée.
Contre Tours, tu étais suspendu, l’équipe est-elle retombée dans les mêmes travers que contre Bourg-en-Bresse ?
Il y a eu la défaite donc ça veut dire qu’on n’a pas mis tout ce qu’il fallait. Mais il y a eu de bonnes choses même si on n’a pas eu beaucoup d’occasions. Le staff l’a dit à la fin du match, on n’a pas été à la hauteur surtout physiquement. Tours nous est un peu plus rentré dedans et c’est ce qui a fait la différence. Il y a également le carton rouge qui nous coupe un peu dans le match. Si on était revenu avec le point du match nul, on aurait été très content je pense. Quand tu ne joues pas bien, il faut savoir ne pas perdre. C’est important.
En plus, il y avait une belle opération comptable à faire.
Effectivement, c’est vrai que comptablement ça aurait pu être super. Maintenant, il ne faut pas s’enflammer, le championnat est très long. A un moment donné il y aura des hauts et des bas, et c’est la qu’il faut savoir rebondir. Cette semaine, on se reconcentrer pour faire un bon match contre Evian samedi. Ce ne sera pas un match facile car c’est une équipe qui vient de Ligue 1 et qui a de la qualité. Mais on va bien se préparer et tout faire pour prendre les trois points à domicile.
En plus du jeu, on sent également que la cohésion de l’équipe représente une force, est-ce que toi aussi tu le ressens comme ça ?
Oui complètement ! C’est ce que j’ai ressenti lors de ma première et deuxième semaine ici. Il y a vraiment une très bonne ambiance. J’ai joué à Auxerre, en Allemagne, mais dès que je suis arrivé à Dijon je me suis senti de suite dans le moule. Dès le début, j’ai pu parlé à tout le monde et dire ce que je pensais. Chacun connaît sa place, Fred (Sammartino), Ced (Varrault) apportent leur expérience, des plus jeunes apportent une touche technique et le tout constitue l’osmose de cette équipe. Franchement, très agréablement surpris par cette ambiance, on sort ensemble et ces choses là aident beaucoup.
Tu as été formé à Auxerre, qui est le rival du DFCO. Comment s’est passée l’acclimatation avec l’extérieur et les supporters ?
Il n’y a pas eu de problème. Mon passage de deux ans en Allemagne a un peu fait oublier que j’ai été formé à Auxerre. Mais si j’étais comme Fred, passer de Auxerre à Dijon directement, je pense que ça aurait été un peu plus dur. Les supporters auxerrois ont été un peu dur avec lui mais bon c’est le foot. Certains supporters étaient surpris et contents de mon retour en France.
Tu l’as dit tu as joué deux ans en Allemagne, comment se sont passées ces deux années à Fribourg ?
Si je pouvais décrire ces deux années en un seul mot, je pense que je dirais : mental. Parce que ça a été dur, surtout au début. Je revenais de la coupe du monde u20 et j’étais sur une pente ascendante, du coup j’étais attendu au tournant. L’acclimatation au championnat, au club et au pays n’a pas été simple. Je suis aussi passé de la Ligue 2 à la Bundesliga, qui est un championnat incroyable. Au début, j’ai été un peu en retard après j’ai réussi à recoller. Je n’ai pas fait le nombre de matches que j’aurais souhaité mais j’ai quand même beaucoup appris et à aucun moment je vais renier ces deux saisons. Je viens de passer deux années sans jouer donc la je me devais de repartir plus bas pour remonter la pente. J’en ai parlé à tout le monde et c’est la bonne chose de retrouver du temps pour montrer au monde du football que je peux évoluer au plus haut niveau.
Si je te dis que dans ta façon de jouer, calme, serein dans la relance, bien placé et propre dans l’intervention, tu ressembles à Raphaël Varane, est-ce que tu es d’accord ?
Je fais du Christopher Jullien. On m’en avait souvent parlé quand j’étais jeune et on m’en un peu reparlé quand j’étais à Auxerre (rires). Il y a une marge entre nous deux, il est à un autre niveau. Cette sérénité je l’ai eu grâce à mon passage en Allemagne. J’ai vraiment réussi à progresser mentalement. Quand j’ai débuté à Auxerre, j’avais les pieds qui tremblaient quand je recevais le ballon. Et la quand j’ai le ballon, j’ai l’impression de voir plus de choses et de mieux sentir les coups. J’ai surtout, ce truc intérieurement qui me permet d’être relâcher.
On sent qu’avec Varrault il y a une vraie complémentarité. Vous dégagez le même calme et vous avez le même jeu, est-ce que c’est avec lui que tu te sens le mieux ?
Oui parce que c’est avec lui que j’ai fait le plus de matches même si j’ai fait aussi des bons matches avec Steven. Il dégage de l’expérience et beaucoup de sérénité. Il est plus serein que moi et il peut tenter des choses que moi je ne ferais pas. Si on peut aider l’équipe en restant comme ça, ça peut être top. En début de match, on se dit qu’il faut être solide et d’être le plus propre possible pour soutenir les attaquants. Le mot premier c’est être solide.
Tu es à cinq buts en dix matches, es-tu surpris par cette efficacité notamment sur coups de pied arrêtés ?
Oui un peu surpris car je ne l’étais pas avant. Je marquais pas mal dans les catégories jeunes mais le monde pro c’est différent. Avoir cette efficacité cette année ça me rend pas fier mais plutôt content du travail que je fais au quotidien devant le but. Depuis que je suis jeune, je me suis toujours dis que j’aurais une ou deux occasions par match et je me dis qu’il faut que je sois le plus efficace possible. Je ne compte pas m’arrêter, je vais continuer même si je pense que le plus dur sera à venir parce que maintenant ça ne va pas être la même chose sur les coups de pied arrêtés. Je vais devoir varier mon jeu, mes courses et multiplier les déplacements.
Est-ce que tu as un joueur modèle au poste de défenseur central ?
Thiago Silva. C’est la sérénité et il défend toujours debout. Il fait la différence derrière. Un défenseur qui serait toujours au sol je n’arriverais pas à aimer. Il y a aussi Sergio Ramos qui est vraiment pas mal et plus dur sur l’homme.