La LFP souhaite faire disparaître le troisième ticket d’accession en Ligue 1. L’un des arguments donnés lors de cette réforme votée le 21 mai dernier ? Le niveau et la compétitivité de ce troisième promu. MaLigue2 s’est donc penchée sur les dix dernières années, et le destin de ces troisièmes de Ligue 2. Même si l’on prône évidemment le maintien du « 3/3 » cette année, force est de constater que les « Troisièmes » ont bien du mal à se pérenniser à l’étage supérieur. Mais cela n’enlève en rien le mérite acquis après un marathon de 38 journées !
Ils ont fini 3e de Ligue 2 lors de la saison…
*2004-2005 – ES Troyes AC, 68 points – Durée de vie en L1 : 2 ans
Plutôt habituée à faire l’ascenseur, l’ESTAC reste deux saisons à l’étage supérieur avant de redescendre en 2007. Une spirale douloureuse s’en suivra, avec une chute en National en 2009-2010. Depuis, ça va beaucoup mieux et les hommes de Jean-Marc Furlan évolueront de nouveau en Ligue 1 la saison prochaine, après un titre de champion largement mérité. Du jeu toujours, et désormais plus de solidité en défense. Troyes doit désormais appliquer ces préceptes en L1 et ne pas reproduire les erreurs du passé. Passage à l’orange pour l’abnégation.
*2005-2006 – FC Lorient, 66 points – Durée de vie en L1 : 10 ans (en cours)
L’exemple à suivre ! Depuis sa troisième place en L2 en 2006, les Merlus se sont installés dans l’élite et entameront leur dixième saison consécutive en Ligue 1 à la reprise. Pourtant, Loïc Féry, le président lorientais, défend Frédéric Thiriez dans les médias et pousse à supprimer ce troisième ticket si précieux. Cela ne l’empêche pas en tout cas de faire son marché chaque été en Ligue 2 depuis deux saisons (Jeannot, Mesloub, Philippoteaux, Paye…), et pas seulement chez les deux premiers.
*2006-2007 – RC Strasbourg, 70 points – Durée de vie en L1 : 1 an
Les Alsaciens démarrent bien mais coincent, et ne restent qu’un an en Ligue 1. Le début d’une descente aux enfers, avec une liquidation judiciaire en 2011 et un retour à la case CFA 2. Le RCSA présidé désormais par Marc Keller a loupé de très peu la remontée en Ligue 2 l’an dernier. Et les Strasbourgeois bâtissent un solide effectif pour viser le podium cette saison et nous rejoindre pour de bon cette fois.
*2007-2008 – Grenoble Foot 38, 63 points – Durée de vie en L1 : 2 ans
Un parcours à peu près similaire aux déboires strasbourgeois… Sauf que Grenoble se maintient une première fois avant de connaître un deuxième exercice cauchemardesque dans l’élite, ponctué par 12 défaites d’affilée en début de saison 2009-2010. Après un championnat galère sportivement et en coulisses en Ligue 2 l’année d’après, le club dépose lui aussi le bilan en 2011 et repart en CFA 2, d’où le passage au rouge. Bloqué aujourd’hui en CFA, le GF38 vise la remontée en National.
*2008-2009 – US Boulogne, 66 points – Durée de vie en L1 : 1 an
Pas vraiment préparé à la Ligue 1 lors de son accession, le club du Pas-de-Calais descend immédiatement et termine à la 19e place pour sa première expérience à ce niveau. Les Boulonnais ont eu du mal à digérer l’après L1 et sont aujourd’hui en National.
*2009-2010 – AC Arles-Avignon, 60 points – Durée de vie en L1 : 1 an
Un profil semblable à l’USBCO. Une seule saison historique en Ligue 1. Mais une triste dernière place avec seulement 20 points au compteur. L’ACAA fait de la figuration en Ligue 1 et réalise un retour express à l’échelon inférieur. La chute continue et Arles-Avignon vient d’être relégué en National, alors que la DNCG lui refuse cette division et qu’un appel est en cours.
*2010-2011 – Dijon FCO, 62 points – Durée de vie en L1 : 1 an
La mauvaise série des « Troisièmes » se poursuit en Côte-d’Or. Le DFCO largué termine 19e en Ligue 1. Mais il a appris et construit depuis petit à petit des infrastructures (centre de formation par exemple) et un effectif pour retourner au-dessus, même si l’entraîneur Olivier Dall’Oglio ne veut pas forcer les choses. Les Dijonnais viennent de terminer au pied du podium, à trois points de la montée en 2014/2015 et seraient bien mieux préparés en cas d’accession à venir.
*2011-2012 – Troyes, 64 points – Durée de vie en L1 : 1 an
Voir ci-dessus.
*2012-2013 – FC Nantes, 69 points – Durée de vie en L1 : 3 ans (en cours)
Certainement l’un des podiums de L2 les plus relevés de ces dernières années. Le FCNA accompagne Monaco et Guingamp en Ligue 1 après une saison aboutie. Les Canaris se maintiennent depuis assez tranquillement, même privés pendant plusieurs mercatos de renforts dans l’affaire Bangoura. Costauds.
*2013-2014 – SM Caen, 64 points – Durée de vie en L1 : 2 ans (en cours)
Derniers à la trêve la saison dernière, les Normands réalisent une deuxième partie de saison énorme et finissent 13e. Pendant ce temps-là, Metz et Lens, le champion et son dauphin 2013-2014 en Ligue 2, retournent illico d’où ils venaient… Comme quoi. On attend maintenant la confirmation pour les Caennais, et une troisième saison d’affilée dans l’élite pour passer au vert et valider les effets d’une attaque en feu (54 buts en L1, 4e meilleure attaque).
*2014-2015 – SCO Angers, 64 points – Durée de vie en L1 : ???
Il est vrai que finir troisième lors de ces dix dernières années a souvent signifié « montée à l’arrachée ou non prévue » et dégringolade par la suite. Mais si Lorient fait figure d’exception à la règle, Nantes et Caen sont en passe d’infirmer cette tendance. Pour le SCO, qui a craqué de nombreuses fois dans le sprint final à la montée ces dernières années, la Ligue 1 a été préparée et anticipée, d’où un mercato précoce et ciblé. A eux de poursuivre la belle série.
Certes, l’écart entre L1 et L2 est parfois difficile à combler pour l’ultime promu. Mais il est dommage, en fait, d’avoir la mémoire un peu courte chers présidents*, et de penser à soi afin de soutenir une réforme qui vous aurait vous-même privés de Ligue 1. Car ce sont bien 4 formations (20% de la L1) ayant finis troisièmes lors des 10 dernières années qui composeront cette élite du football français. Et l’on peut aussi ajouter Troyes, qui sera de nouveau présent dans la plus haute division…
*Seul le président de Guingamp, Bertrand Desplat, n’a pas soutenu cette réforme.
Dorian Waymel