Choc psychologique, mauvaise gestion ou nouvelle philosophie de jeu, les arguments sont nombreux pour invoquer un changement d’entraîneur. Il suffit de quelques mois, lorsque les performances ne sont pas au rendez-vous pour que leur sort soit scellé. Une décision parfois difficile à encaisser pour des techniciens ayant fourni un travail considérable lors des précédentes saisons. Pourtant, cette solution est-elle toujours efficace ?
Nous nous sommes concentrés sur la saison écoulée en étudiant la moyenne de points pris par les coachs qui ont été remplacés puis ceux glanés par leurs successeurs. Un certain recul devra être pris avec ces chiffres, puisque de nombreux facteurs entrent en compte. Précisons également, que nous n’avons pas comptabilisé les périodes de transitions entre l’ancien et le nouvel entraîneur. Ils sont 7 à avoir été démis de leurs fonctions ou transmis leur lettre de démission. Un chiffre considérable quand on sait que chez les voisins de la Ligue 1, ils ne sont que 3 pour la saison 2014/2015.
Ajaccio : Christian Bracconi démis à la 11ème journée (12 pts, 1,09 point/match) puis Olivier Pantaloni intronisé à la 14ème journée (26 pts 1,04 point/match).
Fraîchement relégué de Ligue 1, Ajaccio souhaite reprendre l’ascenseur. Pourtant les Ours sont à une étonnante 14ème place lorsque Christian Bracconi est démis de son poste. Olivier Pantaloni insuffle un nouvel air aux corses, il s’en suit une victoire contre Troyes et Nancy ainsi que deux nuls contre Angers et Orléans. La suite se compliquera sérieusement et l’ACA luttera jusqu’à l’ultime journée pour assurer son maintien.
Arles-Avignon : Duo Stéphane Crucet / Bruno Irles (sous couvert de Franck Dumas) démis à la 18ème journée (10 pts, 0,55 point/match) puis Victor Zvunka intronisé à la 19ème journée (20 points, 1,05 point/match).
Après trois années dans le ventre mou de la Ligue 2, le club provençal voulait viser un peu plus haut, surtout avec son recrutement : Mamadou Niang, Jonathan Zebina ou Pascal Chimbomda. Seulement l’osmose ne prend pas, le duo Crucet/Irles alterne les rôles d’adjoint et d’entraîneur principal. Lanterne rouge à la mi-saison, Victor Zvunka débarque mais, malgré une progression sportive, ne parviendra pas à redresser une situation qui semblait déjà scellée à sa prise de fonction.
Châteauroux : Pascal Gastien démis à la 23ème journée (18 points, 0,78 point/match) puis Cédric Daury intronisé à la 25ème journée 13 points (0,92 point/match).
Sauvée grâce à l’affaire Luzenac, la Berrichonne entreprend de se mettre à l’abri au plus vite pour ne pas revivre un repêchage miraculeux. La saison suit pourtant le même chemin, l’équipe stagne dans la deuxième partie de tableau et se rapproche dangereusement de la zone de relégation. 19ème depuis plusieurs journées, Pascal Gastien est remplacé par Cédric Daury. Ce dernier améliore les statistiques mais ce n’est pas assez, Châteauroux descend une deuxième fois de suite en National.
Créteil : Philippe Hinschberger démis à la 14ème journée 13 points (0,92 point/match) puis Thierry Froger intronisé à la 19ème journée 25 points (1,32 point/match)
La formation francilienne souhaite consolider sa présence dans l’antichambre et compte sur des joueurs d’expériences comme Frédéric Piquionne et Jean-Michel Lesage. Problème, sous les ordres de Philippe Hinschberger, Créteil peine à gagner. Premier relégable au soir de la 14ème journée, l’ancien technicien de Laval s’en va et laisse place à Thierry Froger. Un choix judicieux puisque l’USCL ne retournera pas dans les trois dernières marches de la Ligue 2 et réussira même quelques bonnes performances pour assurer son maintien sans frayeurs.
Le Havre : Erick Mombaerts démissionne à la 17ème journée 23 points (1,36 point/match) puis Thierry Goudet intronisé à la 19ème journée 32 points (1,60 point par match)
Avec un stade flambant neuf, le HAC se doit de retrouver les sommets. Erick Mombaerts démarre timidement avant de débuter une belle ascension pour se placer dans le top 8. Puis, l’ancien sélectionneur des espoirs démissionne pour se tourner vers l’étranger (il rebondira au Yokohama F•Marinos au Japon dans le cadre d’un projet mené par le City Group). Un temps déstabilisé par les histoires d’un éventuel rachat par le sulfureux Christophe Maillol, la troupe havraise et son nouveau coach Thierry Goudet prennent leurs marques et concluent l’exercice à une belle 7ème position.
Tours : Olivier Pantaloni démis à la 11ème journée 9 points (0,81 point/match) puis Alex Dujeux intronisé (sous couvert de Gilbert Zoonekynd) à la 12ème journée 35 points (1,30 point/match)
Elle commence à s’habituer à la deuxième division mais, cette saison, la « Tours » est loin d’être imprenable. Le TFC est à une délicate 19ème position quand Olivier Pantaloni adresse sa démission au président Jean-Marc Ettori. Ce dernier privilégie la piste interne en laissant le sort de l’équipe fanion à son adjoint Alex Dujeux. Un choix payant puisque les tourangeaux ne feront que gravir des places pour terminer finalement 15ème de Ligue 2.
Valenciennes : Bernard Casoni démis à la 25ème journée 25 points (1 point/match) puis David Le Frapper intronisé à la 26ème journée 17 points (1,31 point/match)
Après huit saisons dans l’élite, Valenciennes fait son retour en Ligue 2 mais ne compte pas s’y éterniser. Bernard Casoni tout juste nommé à la volonté de se placer dans le haut du tableau. Cependant, les résultats ne sont pas ceux escomptés et, malgré un léger mieux en fin d’année, l’ancien international français est limogé. David Le Frapper, entraîneur des U19 au club est désigné pour lui succéder. Surfant sur une nouvelle dynamique, les nordistes ne perdent plus mais luttent jusqu’à la fin. Ils arrivent tout de même à se sauver lors de la 38ème journée grâce à une victoire au Hainaut.
Dans tous les changements observés (hormis l’AC Ajaccio), la moyenne de points a progressée. Notons que dans la plupart des cas, le successeur a eu plus de rencontres pour s’exprimer et obtenir des points. Des coachs qui ont aussi pu compter sur la prise de conscience du groupe de joueurs, qui savent qu’une fois l’entraîneur évincé il ne reste plus d’autre fusible. Au final, le changement aura été payant pour cinq des sept écuries, qui continueront à fouler les pelouses de la Ligue 2 la saison prochaine. Pensez-vous que changer un entraîneur en cours de saison est une bonne solution ?
Crédits photos : HAC, TFC, VAFC et Image Sport 53