Alors que le stage de préparation des troyens bat son plein à Morzine, l’entraîneur et manager général de l’ESTAC, Jean-Marc Furlan, revient sur sa philosophie de jeu et les ambitions du club pour la saison à venir. Le technicien annonce la couleur : finir dans le trio de tête et retrouver l’élite.
MaLigue2 : Finir à la dixième place l’an dernier en étant relégué de Ligue 1, c’est une déception?
Jean Marc Furlan : Oui et non. C’est une déception parce qu’on était pas loin de pouvoir accrocher la montée jusqu’à la fin. Mais nous avons concédé trop de défaites pour y croire jusqu’au bout. D’un autre côté, je suis quand même satisfait parce que nous avons atteint les demi-finale de la Coupe de la Ligue. Dans cette compétition, on gagne pas mal de matchs à l’extérieur et on perd 2-1 à Lyon en livrant un gros match. Ça prouve que l’on avait le potentiel pour monter. D’ailleurs, pas mal de collègues me disaient qu’on finirait en haut du tableau vu notre jeu. Mais cette dixième place, je m’y attendais aussi grâce à mon expérience. Nous avions perdus sept titulaires après la descente. Le groupe manquait de vécu, n’avait pas ses habitudes, notamment en défense. C’est ce qui fait la différence pour faire un beau parcours. Finir dixième, c’était à la fois décevant et satisfaisant.
Et cette année, le podium est-il l’objectif annoncé?
Comme beaucoup de clubs, nous avons l’ambition d’être dans les trois premiers de Ligue 2. Ce sera évidemment compliqué. Quand on regarde la composition de la L2 cette année, on voit que 19 équipes ont déjà connu la Ligue 1. Tout le monde aspire à y retourner. L’an dernier, mes gars m’ont reproché de leur dire de prendre les points du maintien. Ils voulaient être les meilleurs, viser le trio de tête. Si on ne perd pas de joueurs majeurs cet été, il faudra saisir notre chance pour retrouver l’étage du dessus.
On associe souvent Troyes au beau jeu. Mais les résultats n’ont pas forcément été au rendez-vous l’année dernière. Aimeriez-vous avoir une équipe moins belle mais plus efficace?
Je ne changerai jamais de philosophie. Dans mes précédents clubs, Strasbourg, Libourne, on disait aussi que ça jouait bien. J’ai 57 ans, 20 ans de métier, ce n’est pas aujourd’hui que ça va bouger (rires) ! Dans l’absolu, j’aimerais avoir la meilleure défense et la meilleure attaque du championnat. Les chiffres le prouvent, nous avons toujours la possession du ballon. Nous sommes montés il y a deux ans avec cette façon de faire, donc on peut le reproduire. L’an dernier, notre système défensif n’était pas assez bon. Il faudra réussir cette saison à contourner des équipes qui verrouillent pour nous contrer. En même temps, on se prépare au jeu de la Ligue 1. Car dans cette division, on ne peut pas se contenter de rester derrière, sinon c’est la descente assurée.
Six éléments en fin de contrat ont déjà quitté le club. Il y a aussi eu des rumeurs quant à un éventuel intérêt du RC Lens pour un jeune prometteur : Corentin Jean. L’ESTAC peut-il se permettre de se séparer d’autant de joueurs?
Nous sommes passés de 26 à 22 joueurs de champ. On a resserré l’effectif dans un but économique, mais je n’oublies pas tout ce qu’ont apporté des joueurs comme Marcos, Sébastien Grax ou Benjamin Psaume. Les départs, ça fait partie de la vie d’un groupe. Pour le moment, le marché des transferts est très fermé. Pour reprendre l’exemple de Corentin Jean, c’est un joueur qui est « né » à Troyes, qui n’a pas de velléités de départ. Il ne partira qu’en cas d’offre intéressante pour les finances du club. Pour l’instant, nous n’avons rien reçu de concret. Notre volonté est évidemment de conserver tout le monde si possible.
Que vont apporter les deux recrues Thomas Ayasse et Jessy Pi, deux joueurs qui évoluent au même poste de milieu de terrain défensif?
Nous avons d’un côté l’expérience avec Thomas, et la jeunesse avec Jessy. On les suivait depuis un moment, notamment pour Pi du côté de Monaco. Notre ancien joueur Mounir Obbadi nous en a parlé en bien. Nous avons mis l’accent sur le poste de milieu de terrain défensif car on s’est retrouvés dépourvus dans ce secteur après la grave blessure de Thiago contre Lens en fin de saison dernière (rupture des ligaments croisés). Le prêt de Jessy Pi n’est pas non plus anodin. On se dit que si l’ASM n’en a pas besoin avec un effectif pléthorique dans le futur et qu’il réalise une grosse saison chez nous avec la Ligue 1 à la clé… il pourrait pourquoi pas demander à rester ici par la suite.
L’effectif va-t-il connaître d’autres ajustements d’ici la reprise?
S’il y a une belle opportunité avec un jeune joueur quel que soit son poste, on l’étudiera avec intérêt. Sinon, nous n’achèterons des joueurs qu’en cas de départs.
Petite particularité, Troyes a été la seule équipe à ne pas récolter de carton rouge en 2013/2014 en dominant le classement du fair-play. La patte Furlan ou un manque d’agressivité?
C’est une statistique intéressante mais qui ne veut pas dire grand-chose car l’année de la dernière accession en Ligue 1, on avait fini derniers du classement fair-play (rires). C’est vrai que je demande au maximum à mes joueurs d’éviter les cartons rouges, car cela pénalise le groupe sur la durée. Après, un sportif de haut niveau se doit de savoir garder son sang-froid. Notre jeu basé sur la possession et le profil de nos joueurs plutôt techniques font qu’on évite aussi de prendre beaucoup de cartons au cours de la saison. Mais ce n’est pas une consigne particulière de ma part d’éviter les duels engagés.
Vous êtes actuellement en stage à Morzine. Pourquoi cette destination et quel est le programme avant la reprise?
Nous sommes partenaires avec la ville de Morzine-Avoriaz. C’est déjà la quatrième fois que nous partons là-bas l’été. On travaille beaucoup sur l’aérobie. L’accent est mis sur le physique. Le dépaysement est important pour casser la routine. D’autre part, vivre en groupe pendant 10 ou 12 jours permet d’intégrer les nouveaux. Bon cette année, ils ne sont que deux (rires). Mais cela fait encore plus ressortir le côté familial du club.
Crédit photos : estac.fr