Devenir Socio de son club de football en France, tel est le projet monté par des supporters du FC Metz, les « Socios Grenats ». Au delà du jeu de mots (que l’on doit au très bon Moustache Football Club), leur travail est présenté dans le détail ici. MaLigue2 a souhaité en savoir plus en posant quelques questions à l’un des 6 membres du bureau et co-fondateurs du projet, Mounir Mougin, président de l’association.
Bonjour Mounir, peux-tu te présenter brièvement ?
J’ai 40 ans, après 10 ans dans l’armée de l’air je suis parti dans le civil pour créer mon entreprise. Mon histoire avec le FC Metz commence en 1981, lors de mon arrivée en Moselle, mes copains d’école ne parlaient que du FC Metz. J’ai commencé à suivre les résultats du club. J’ai du attendre l’âge de 11 ans pour assister à mon premier match à Saint Symphorien : Fc Metz-PSG, à l’époque le stade était gratuit pour les moins de 13 ans. Notre instituteur en CM2 était fan du FC Metz et nous a amené les voir un jour à l’entraînement, un moment inoubliable. Michel Ettore, Philippe Hinschberger et les joueurs nous avaient fait passer un super moment. Suite à cette visite puis la victoire en Coupe de France face à l’AS Monaco et l’exploit de Barcelone la même année, mon cœur était définitivement grenat.
Quand est né le projet de socios à Metz ?
Le projet Socios est né en avril 2010 suite à une concertation entre supporters, afin d’aider le FC Metz financièrement et de créer un nouveau lien avec les amoureux du clubs. Nous avions distribué nos premiers tracts à Saint Symphorien pour présenter celui-ci, lors du match face à Arles le 23 avril. Ensuite, la presse luxembourgeoise avait relayé l’information. En juin, nous avons créé le site d’information Socios FC Metz et le site du projet Socios Grenats. Nous avons attendu l’issue de la première visite avec les instances du FC Metz pour créer l’association « Socios Grenats » qui a vu le jour officiellement en décembre 2011.
Justement, quel est l’accueil réservé par le club ?
Nous avons eu le privilège d’être reçu 2 fois par le président du FC Metz, Mr Bernard Serin, et par Mr Denis Schaffer, directeur du centre de formation. Le président du FC Metz apprécie l’aspect social du projet, étant conscient comme nous que la manne financière apportée par les Socios ne permettra pas dans un avenir proche de rivaliser avec la puissance financière de Paris, Monaco ou Lens. De toute façon, ça n’a jamais était notre but. Le club nous a écouté et nous a demandé d’attendre, car la situation financière au sein de l’entité messine n’était pas stabilisée, et que cela n’était pas correct de faire entrer un groupe de petits actionnaires pour les voir dilués 3 mois ou 1 an plus tard avec une augmentation de capital. La priorité du président Serin est de stabiliser les finances du groupe FC Metz. Seulement après cette étape, il pourrait éventuellement envisager la mise en place du projet Socios.
En quoi consiste le projet et à quel stade en êtes-vous actuellement ?
Notre projet consisterai à entrer dans le capital du club (actionnariat maximum 10%) afin d’apporter par notre structure une possibilité d’entrées économiques supplémentaires au club. Cela permettrait par exemple à des petits artisans ou des petites entreprises, qui n’ont pas forcement les moyens de débourser des dizaines de miliers d’euros dans l’achat d’un panneau publicitaire ou d’emplacement maillot, de pouvoir aider le FC Metz en devenant en quelque sorte partenaire à leur niveau et avec leurs moyens. Cela permet au FC Metz d’augmenter son capital partenaire, de réanimer le sentiment d’adhésion au club, d’incarner une vision sociale et d’amener le FC Metz à sortir de son cadre habituel en rayonnant sur son environnement avec ses partenaires internes et externes, à travers une nouvelle communication qui met en avant nos valeurs régionales, de partage, de solidarité, de fierté, de générosité et de vie (plus d’informations sur le site internet sociosgrenats.fr)
Nous travaillons depuis 4 ans maintenant, il y a 3 000 fans sur la page Facebook. L’argent récolté est à ce jour virtuel car nous n’avons pas déposé les chèques, hormis ceux des cotisations. Nous avons rendez-vous le 15 mars en mairie de Metz, ensuite au Sénat le 17 avril avec l’ensemble des autres associations porteuses de projet Socios.
Vous avez donc des contacts avec « A la Nantaise » ou d’autres supporters Socios ?
Nous avons échangé la semaine dernière avec Florent le président de « À La Nantaise », nous échangeons aussi avec la Belgique et Mr Jacques Seron qui est à la tête du projet Socios du Standard de Liège ; nous avons ensemble une réunion de travail le 7 avril à Metz. Des clubs comme Créteil Lusitanos nous ont aussi sollicité. Nous sommes entrés récemment en rapport avec Mr Ben Shave de « Supporter Direct ». C’est une structure qui travaille avec les instances européennes du football pour favoriser la mise en place des actionnariats populaires dans le football.
Et qu’en est-il du suivi par les instances publiques françaises ?
« À la Nantaise » et « Supporter Direct » ont bien fait évolué les choses auprès de l’Etat avec le soutien de Mr Glavany, ancien ministre. Un rapport a été remis en décembre à Mme Fourneyron la ministre des Sports. Suite à ces échanges une réunion est prévue le 17 avril au Sénat.
Vous êtes vous fixés une deadline pour l’intégration dans le capital du club ?
Non. Nous sommes âges entre 25 et 40 ans, un tel projet qui est nouveau dans le foot français ne se fait pas du jour au lendemain. Nous sommes patients. Si l’État accepte que les clubs sportifs professionnels aient recours à l’actionnariat populaire, la situation pourrait évoluer très rapidement.
La montée en Ligue 1 ne changera rien vous concernant ?
Bien au contraire, cela fédérera encore plus de monde autour du club. Le projet bénéficiera donc également des retombées positives d’une montée en Ligue 1.
Enfin, que répondez-vous aux gens qui pensent que votre action est avant tout symbolique car vous ne serez jamais assez « puissants financièrement » pour réellement peser ?
Ils n’ont pas étudié le dossier en profondeur, ils s’arrêtent seulement à l’aspect financier sans considèrer l’aspect humain. Surprenant de la part de Pierre Ménès par exemple, qui soutenait le projet Socios du club d’Alfortville en région parisienne. Le but n’est pas de peser financièrement ou de présider le club ; si ça avait été le cas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de Socios au Barca ou ailleurs ! En revanche, je ne connais aucune équipe qui refuserait une subvention annuelle, si faible soit elle. L’objectif est de créer une synergie garante des valeurs de la Région, du club, en offrant la possibilité aux amoureux de ce club de foot d’être plus qu’un simple supporter. Faire partie des Socios au Barca représente quelque chose, il y a une solidarité à toute épreuve, ça s’est vu pendant la crise en Espagne. Ils s’entraident et veillent à ce que socios et joueurs respectent les valeurs du club et de la Catalogne. Nous souhaitons la même chose.
Crédit photos : Socios Grenats