Championnat

Arnaud Tulipier « On s’est régalé en Ligue 2 ! »

Fin de saison oblige, MaLigue2 a interrogé l’un des suiveurs les plus actifs du championnat de France de Ligue 2, Arnaud Tulipier. Le journaliste de France Football parcourt les terrains depuis une quinzaine d’années et nous livre son analyse sur la saison écoulée, la progression du jeu, ses coups de coeur… Première partie :

MaLigue2 : Même si la logique a été plus ou moins respectée, cela ne nous a pas empêché de vivre une saison passionnante…

Arnaud Tulipier : Disons que les meilleurs sont montés. Même si Metz était un promu, ils faisaient à la rigueur partie des outsiders mais peu de monde avait annoncé qu’ils allaient monter. Pour Lens, ça a été beaucoup plus compliqué que prévu. Caen se ramassait le nez depuis pas mal de temps ; il n’y avait pas vraiment de favoris cette année.

Le public angevin aura la chance de vivre une demie finale de Coupe de France !
« La Coupe de France plante la montée d’Angers »

Peut-on dire que ce championnat de Ligue 2 est en progression ?

Si l’on parle de progression sportive, il faut bien voir que depuis quelques saisons les résultats des clubs de Ligue 2 en Coupe de France sont assez exécrables. Ca sous-entendrait qu’il n’y a pas de progression sportive en Ligue 2, qu’ils se prennent les pieds dans le tapis dès que ça devient sérieux. Il y en a un qui pousse un peu plus loin depuis 4-5 saisons, comme Angers, mais quand on regarde la proportion du nombre d’équipes qualifiées en 32ème, en 16ème ou 8ème, c’est moins bien. Je l’explique à mon avis comme avec cette histoire d’Europa League pour les clubs de Ligue 1, les clubs de Ligue 2 ont suffisamment à penser sur le championnat pour se dire que la priorité est là. Quand on regarde bien le parcours d’Angers, je reste persuadé que c’est la Coupe de France qui plante leur montée, pour la simple et bonne raison qu’ils ont été très justes en fin de championnat, ils ont eu plusieurs blessés notamment en demi-finale. Le niveau de la Ligue 2 est donc assez délicat à comparer, il prend en compte plein de choses…

Le Clermont Foot s'est refroidi cet hiver. Régis Brouard s'était pourtant bien couvert...
« Un vrai souci de beau jeu depuis quelques années » Régis Brouard n’y est pas étranger… Crédit : ClermontFoot

Au niveau du jeu, il y a une vraie évolution : des équipes comme Troyes, Clermont, Nancy, Dijon à domicile cherchent à construire, à poser le ballon au sol. C’est une nouveauté depuis 2-3 ans ?

Oui, et je remonterai un petit peu plus loin, à 4-5 ans. Il y a un vrai souci du beau jeu, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de techniciens qui a décidé de se dire que pour être prêt pour la Ligue 1, il faut essayer de tendre vers ce même jeu en Ligue 2. Les observateurs ont beau dire que ça ne joue pas très bien en Ligue 1, du moins pas comme en Allemagne ou en Espagne, mais ce n’est pas un championnat où on casse. Les nouveaux techniciens de Ligue 2 se sont dit que pour s’en sortir en Ligue 1, ils ne pourraient pas y arriver en mettant des coups ou en montant juste avec l’impact physique. Cet impact physique existe encore en Ligue 2, tous ceux qui connaissent ces deux championnats vous disent qu’en Ligue 2 il y a plus de pressing plus haut, qu’on agresse un peu plus le porteur du ballon. Mais, il y a un vrai souci de construire, il y a dix ans c’était de détruire. C’est en ça où c’est intéressant : des gens comme Furlan, Hantz, Gourcuff il y a plus longtemps, étaient isolés. Plus maintenant : Clermont, Niort, Troyes et d’autres essayent, avec leurs moyens certes.

Sur la qualité du jeu et surtout sur la volonté de faire de la qualité, je vous rejoins. Je pense même que les gens qui ont suivi la Ligue 2 sur Eurosport se sont plus régalés que bien des fois en Ligue 1. Hormis le dernier match Auxerre-Nancy, depuis 2 ans on s’est vraiment régalé, on a vu beaucoup de buts, on a découvert des joueurs. Depuis 15 ans à FranceFoot on essaye de montrer et promouvoir la Ligue 2, on découvre toujours des joueurs qui ont énormément de qualité. C’est en ça que le foot en Ligue 2 continue de s’ouvrir.

A la mi-temps de Lens-Le Havre, nouvelle démonstration visuelle de la Tribune Marek
« Bollaert, coup de coeur éternel ! » Crédit : Laurent Mazure

Parmi tous ces points positifs, un coup de cœur cette année ?

Un coup de coeur éternel c’est le public de Lens, même si je mets un petit bémol avec les quelques crétins qui ont réussi à souiller la pelouse de Bollaert lors du dernier match. J’y étais, ce qui est assez incroyable c’est que dans le kop, personne n’a bougé, ils ont chanté « Restez chez vous » pour leur dire qu’ils n’avaient rien à faire-là. C’est en ça que Bollaert est un grand public.

cartier
« J’ai redécouvert Albert Cartier, il a fait beaucoup de bien à la Ligue 2 » Crédit : FCMetz

Et au niveau des acteurs de terrain du championnat ?

Le premier, ce n’est pas quelqu’un que j’ai découvert mais plutôt redécouvert : Albert Cartier. Quand il a commencé sa carrière d’entraîneur au même endroit, il y a dix ans, je peux vous assurer que ce n’était pas du tout le même homme. La vie en Belgique, en Grèce, dans les autres clubs, l’a vraiment ouvert, il est revenu transformé. Je ne dis pas que c’était quelqu’un de pas fréquentable avant, mais vraiment là c’est quelqu’un de charmant, ouvert, très intéressant, très drôle et tout ça a rejailli sur cette équipe de Metz qui, évidemment, est un coup de coeur aussi !

J’étais à Metz le jour où ils sont descendus en National, un vrai monument du foot français qui tombait en charpie. Reprendre Metz en National, les faire monter consécutivement et surtout, pas n’importe comment, avec des jeunes, en jouant un vrai football attrayant et intéressant, ça c’est remarquable ! Bravo au Président Serin, à Albert Cartier qui a eu l’intelligence de se remettre en question après Gueugnon, est revenu transformé et a fait beaucoup de bien à la Ligue 2.

Des joueurs ?

Evidemment Alphonse Areola. Ce n’était pas facile pour lui, il n’avait jamais joué au haut niveau. On l’avait découvert champion du Monde des U20 mais on ne savait pas ce que ça pourrait donner sur une saison. A part quelques sorties aériennes un peu délicates, il a été formidable. Il a maintenu à bout de bras Lens les deux derniers mois. A travers lui, bravo à cette équipe de Lens qui n’a pas craqué : c’était plus facile de ne pas monter et surtout les 2-3 derniers mois où c’est devenu chaud ! Bravo à Gervais Martel qui ne s’est pas énervé, qui a gardé sa lucidité même s’il bouillait intérieurement. Il est parvenu à ne pas retransmettre son stress à son équipe, tout comme Antoine Kombouaré qui sait exactement où il va depuis Strasbourg. Il reste extrêmement méthodique et froid, au risque même parfois de paraître l’être dans la vie de tous les jours.

La suite des coups de coeur d’Arnaud Tulipier et l’évocation de la saison à venir à lire demain sur MaLigue2.

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